Alerte sur la pollinisation

par Henry Moreigne
mardi 25 juillet 2006

On savait notre planète malade. Confirmant l’ampleur de la dégradation de notre environnement, un nouveau clignotant vient de s’allumer. Une étude publiée le 21 juillet dans la prestigieuse revue Science confirme une importante diminution des populations d’insectes pollinisateurs sur une grande partie du globe. Rien d’anecdotique, on estime à 80% les plantes terrestres fécondées par ces insectes, le reste l’étant par le vent.

Cette situation nous rappelle que la vie sur terre est particulièrement fragile et que par un jeu de domino, certains faits peuvent avoir des incidences complexes et majeures.

Les affaires du "Gaucho" et du "Régent" avaient révélé au grand public les effets désastreux que peuvent avoir certains insecticides sur les populations d’abeilles.

L’étude des universitaires britanniques J. Biesmijer et W. Kunin atteste, qu’au-delà des abeilles sauvages, d’autres populations d’insectes pollinisateurs connaissent une diminution importante. Les scientifiques suspectent un lien de cause à effet entre cette diminution des populations et le déclin des plantes pollinisées, et ne cachent pas leurs inquiétudes sur un phénomène qui pourrait déclencher une cascade d’extinctions locales de plantes.

Deux grandes causes peuvent être avancées pour expliquer cette situation. La diminution de la biodiversité végétale d’une part, essentiellement liée à l’agriculture intensive qui tend à priver de nourriture les insectes (diminution des talus, arbustes et "mauvaises herbes").

L’utilisation à grande échelle des insecticides d’autre part. Avec le recul, on s’aperçoit que nombre de doses ou de molécules autorisées présentent des effets pervers importants. Insuffisantes pour tuer les insectes (les abeilles en particulier), elles perturbent suffisamment leur comportement pour empêcher leur reproduction.

Tout l’enjeu, à court terme, consistera, outre la création de jachères fleuries, véritables oasis pour les insectes, à adopter des critères d’homologation des molécules beaucoup plus protecteurs pour l’environnement. La balle est donc dans le camp de l’Union Européenne, seule institution capable d’imposer de nouvelles normes aux grandes multinationales de l’agrochimie.


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