Biodiversité : quelles perspectives ?

par isabelle delannoy
mercredi 24 mai 2006

Peu de médias en ont parlé, mais le 22 mai, c’était la Journée internationale de la biodiversité.

Nous vivons actuellement la 6e extinction massive des espèces qu’ait jamais connue la Terre : elles disparaissent à un rythme 1000 à 10 000 fois supérieur au taux normal d’extinction. D’un côté, les espèces qui nous sont le plus proches disparaissent : ce sont les mammifères (1 sur 4 est menacé), les poisssons et les batraciens (1 sur 3), les oiseaux (1 sur 8)... De l’autre, certaines prolifèrent : ce sont les virus, les germes infectieux et les insectes résistants aux insecticides.

La dernière extinction fit disparaître les dinosaures. C’est grâce à cela que d’autres animaux -restés petits durant des millions d’années- ont pu se développer : les mammifères. Que préparons-nous aujourd’hui ? Une nature hostile, où virus et pathogènes prolifèreront ?

En mars 2005, un rapport international de scientifiques de toutes nationalités a rendu un constat formel : en 50 ans, nous avons modifié nos écosystèmes à un rythme jamais connu depuis toute l’histoire de l’humanité. 60 % des services rendus -assainissement de l’eau, de l’air, fourniture de ressources, de nourriture...- sont dégradés ou très dégradés.



On ne fera pas sans la biodiversité.
En France, la situation est particulièrement mauvaise. 12 % des oiseaux sont menacés dans le monde ? Sur notre territoire, c’est 40 %. Les papillons ? 50 %. Les batraciens ? Plus de 40 % encore. Le territoire français est devenu hostile à la diversité du vivant. Les pesticides polluent au moins les 3/4 de nos rivières et des nappes souterraines. Certaines études avancent le chiffre incroyable de 90 %. Car la France est le 3e consommateur mondial de pesticides.
Il est temps de réagir. Impossible, la réduction des pesticides ? Faux. En 10 ans, le Danemark, un des pays les plus productifs au monde, a réduit sa consommation de pesticide de 40 % !

Valons-nous mieux pour la protection des espaces naturels ?
La France est une très mauvais élève, régulièrement épinglée par la communauté européenne.
Les coraux ? Grâce ses DOM-TOM, la France est le 3e pays au monde le plus riche en écosystèmes coralliens. Ces écosystèmes sont les pouponnières des océans, et on estime que 90 % des espèces en dépendent directement ou indirectement. Nous sommes la 4e puissance économique mondiale. Et pourtant, nous les protégeons moins que ne le font les Philippines...

Marais, lacs, tourbières, forêts humides ?
Ils ont régressé de moitié en 30 ans (100 ans pour la moyenne mondiale). Pourtant les Etats-Unis les restaurent à grands frais, en Floride comme à New York. Car les zones humides sont la clé de l’approvisionnement en eau. Et les restaurer coûte beaucoup moins cher, et est plus sûr, qu’épurer les eaux et fournir l’eau potable par du tout-technologique.


Alors... Il est temps que l’on cesse de regarder les protecteurs de la biodiversité comme de doux rêveurs. Et temps de passer à l’action.

C’est ce que pense Hubert Reeves, avec sa fondation ROC. Ils viennent d’ouvrir un site, Biodiversité 2007.
Dans l’intention ferme de peser dans la campagne présidentielle. Car la biodiversité est une affaire de citoyens, le politique doit donc s’en saisir.


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