Electricité verte et subventions

par ÇaDérange
mercredi 6 septembre 2006

Je vous avais signalé dans un message du 10 août l’avis négatif donné par la Commission de régulation de l’énergie(CRE) sur le projet de décret fixant le nouveau prix de reprise par EDF de l’électricité éolienne, au motif que ce prix était jugé excessif, en ce sens qu’il assurait à l’investisseur potentiel un retour sur investissement garanti de 20 à 40 % après impôts et que le surcoût pour la communauté représentait la somme considérable de 800 millions d’euros par an à l’horizon 2015.

Vous ne serez pas surpris de savoir que la gouvernement a décidé discrètement de passer outre cet avis négatif, et que donc il a fixé un tarif extrêmement attractif pour accélérer la mise en place de parcs éoliens en grand nombre dans notre paysage. Il est vrai que nous avions pris un certain retard par rapport à d’autres pays européens dans ce domaine (Danemark, Espagne, Allemagne) et surtout par rapport aux engagements que nous avions pris vis-à-vis de l’Europe.

Depuis, des annonces de projets de ce type ont eu lieu chez les trois grands intervenants sur le marché français, EDF, directement ou par sa filiale spécialisée, l’espagnol Iberdrola, et l’italien Enel. A noter que l’espagnol et l’italien ne se contentent pas d’investir dans les parcs éoliens mais également dans la production des éoliennes elles-mêmes, avec la reprise de Perfect Wind par Iberdrola et celle de l’autre français Erélis par Enel.

Au total, ce sont pas moins de 202 permis de construire nouveaux qui ont été déposés entre février 2005 et 2006, et 661 permis sont en cours d’instruction à l’heure actuelle pour un montant total de puissance annoncée de 4650 megawatts. A ceci près, comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, qu’il s’agit d’une puissance maximale, et non pas d’une puissance  effective, qui, elle, tient compte du taux d’utilisation des éoliennes qui dépasse rarement les 25% sur l’année. Cette puissance correspond donc à trois centrales nucléaires, si on juge par la puissance maximale installée, mais seulement à une en puissance effective. Avec la même surface au sol occupée, on pourrait donc se demander s’il ne serait pas plus judicieux d’y produire des biocarburants.

Cet engouement, non seulement en France mais dans le monde, pour les éoliennes commence à créer un goulot d’étranglement chez les fabricants d’éoliennes. C’est ainsi que le premier fabricant mondial, le danois Vestas, vient de tirer la sonnette d’alarme sur le fait qu’il faudrait prévoir des retards de livraison et un envol des coûts en raison de la vigueur de la demande et aussi de la hausse mondiale du coût des matières premières.

Un autre problème dont on ne vous parle pas est la nécessité de disposer, à proximité immédiate des parcs éoliens, de capacités de production d’électricité alternative. Car, l’électricité ne se stockant pas, il faut pourvoir continuer à alimenter le réseau les 60 à 75 % du temps pendant lesquels les parcs d’éoliennes ne peuvent fonctionner faute de vent suffisant ou en raison de la maintenance normale. Est-ce EDF qui est prévue garantir à ses concurrents la fourniture de cette électricité de secours, au titre de ses obligations de service public, et a-t-elle les capacités de production disponibles dans tous les endroits où il est prévu d’installer ces fermes d’éoliennes nouvelles ? Je ne sais. J’espère en tout cas que dans les calculs économiques effectués, on a bien pris en compte cette charge supplémentaire.

En tout cas, nous devrions rapidement rattraper le niveau des autres pays européens et satisfaire à nos obligations européennes.

Bienvenue à toutes ces fermes d’éoliennes dans le paysage campagnard français !


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