L’année des méduses !

par Gilbert Spagnolo dit P@py
mercredi 30 août 2006

L’ensemble de la Méditerranée est envahi par les méduses. Pour l’expliquer, joindre des conseils, des photos, ainsi que de nombreux liens, j’ai pensé qu’un article « classique » d’une ou deux pages serait trop court pour traiter à fond ce phénomène.

Alors, sur ces méduses, j’ai réalisé pour vous cette rubrique, ce « dossier » de plusieurs pages (merci à AgoraVox de l’avoir publié)... J’espère qu’il vous permettra de faire plus ample connaissance avec cette piquante et inconnue bébête ! G.S.

Au cours de cette saison estivale, l’ensemble des côtes méditerranéennes, qu’elles soient européennes ou africaines, ont été marquées par de fortes invasions de méduses : Pélagia noctiluca, qui, comme son nom scientifique l’indique, est un des animaux pélagiques, c’est-à-dire qui vivent ordinairement en pleine eau ; nous examinerons plus loin leurs dérives en mer, leur prolifération, et les raisons avancées pour leur échouage sur les côtes !

Cette méduse de la famille des cnidaires a, comme tous les êtres de cette espèce, des filaments urticants ou nématocystes ; je vous présente quelques photos (perso) de méduses (*) Pélagia noctiluca , une vue de dessus. ces filaments urticants, sur cette photo, prise à mon domicile, plus de deux heures après sa capture, fait que cette dernière, enfermée dans ce bocal qui a été remué moult fois, présente des filaments qui ont perdu de leur longueur. En réalité, une méduse en liberté en pleine mer a des filaments bien plus longs.

(*) J’ai récupéré ces deux méduses, qui ont été « péchées » dans la matinée du 22/08/06 sur une plage du Var par le papa de Guillaume (cinq ans), et c’est ce petit Guillaume (alors que je lui expliquais ce qu’est une méduse), qui lui a réalisé ce beau dessin sur le sable de la plage).

Dans cet article, plusieurs liens sont en espagnol ou en italien ; si, tout comme votre serviteur, vous ne lisez aucune de ces deux langues, pas de panique, .. utilisez le traducteur Free.( Il est gratuit, cliquez ici.)

Selon la spécialiste Jacqueline GOY, professeur à l’Institut océanographique de Paris, 2003 sera l’année des méduses, et à cette époque, elle déclarait : « Le cauchemar des baigneurs l’été prolifère tous les douze ans au large des côtes méditerranéennes pendant quatre à six ans. Le cycle infernal a déjà démarré et les premières concentrations ont été observées notamment à Marseille. »... Donc pas très très réjouissant, tout ça !

Comme cette saison, toutes les côtes méditerranéennes (italiennes, espagnoles, et bien sûr françaises) sont envahies par ces méduses, cet article a tout simplement le but suivant : permettre de faire plus largement connaissance avec ces vilaines « bestioles », ces dernières étant selon certains responsables de baignades douloureuses... ou bien compromises !

Les méduses sur Wikipedia... et cet article intéressant sur leurs énigmes et leur abondance.

Une autre petite info : chaque année, sur nos côtes varoises, viennent également s’échouer une variété de méduses bien moins urticantes, ce sont des petites méduses voilettes (velella velella), ce sont aussi des méduses pélagiques et qui, comme leur nom l’indique, sont de couleur violette. Elles viennent chaque printemps par bancs entiers se déposer sur les rives de nos plages ; si elles sont très peu urticantes, leur seul inconvénient, (et il est de taille), c’est qu’en se décomposant au soleil, elles dégagent une odeur pestilentielle !

Depuis 1963, j’ai toujours passé mes vacances en Méditerranée, et depuis1982, je demeure dans le Var, à proximité de la mer, ce qui m’amène à dire que concernant les plages de la Grande Bleue, l’expérience du temps me fait tenir l’observation suivante : maintenant, ben, à mon avis, ...les invasions de méduse sont bien plus nombreuses qu’avant !

Au sujet de cette prolifération, les scientifiques avancent plusieurs causes : pollution, réchauffement des eaux, et surtout disparition de leurs prédateurs naturels que sont les tortues, elles-mêmes victimes des sacs en plastique ou sacs de caisse qui dérivent en mer ! (D’autres prédateurs naturels existent, certains poissons et quelques oiseaux marins.)

Bien, ceci étant dit, venons-en à ce qui vous intéresse en premier :
Les brûlures que provoquent les méduses.

D’abord, comme beaucoup de baigneurs qui fréquentent assidûment la Grande Bleue, j’ai hélas déjà fait la connaissance avec leurs désagréments, alors j’en profite pour vous donner ces quelques conseils que je tiens des MNS, qu’ils soient de la Police nationale ou des Sapeurs pompiers, ainsi que de mon expérience perso.

Dans un premier temps, il faut éliminer les filaments urticants qui se sont collés à la peau, pour cela je vous recommande de vous servir d’une lame de couteau aiguisée ou d’une carte en plastique du type carte de crédit.

Ensuite, impératif, rincer la zone « brûlée », avec de l’eau de mer (ne jamais laver à l’eau douce, car cette dernière accentuerait l’effet de brûlure).

Pour faire ce rinçage, prendre un linge, une serviette, etc., et l’utiliser comme gant de toilette, (cela vous évitera d’éventuelles brûlures sur vos mains), vous pouvez appliquer également du sable sur la « plaie » et le laisser sécher plusieurs minutes au soleil (voir plus loin le terme thermolabile. Eliminez ensuite doucement ce sable (rinçage à l’eau de mer) pour débarrasser la peau des cellules urticantes encore présentes... Vous pouvez aussi (si possible) après le rinçage à l’eau de mer, étendre du vinaigre, ce dernier inactive le venin. (Mon épouse a toujours dans son sac une petite fiole de vinaigre en plastique, car ce vinaigre peut également servir pour les piqûres des guêpes, moustiques, frelons, taons.)

Le venin des méduses (ainsi que celui des insectes que je viens de citer, est thermolabile, c’est-à-dire qu’il est détruit par la chaleur. Pour cela, vous pouvez utiliser une source de chaleur, par exemple, l’extrémité d’une cigarette incandescente, la flamme d’un briquet ou la chaleur d’un allume-cigare... Mais pour éviter une deuxième brûlure, je conseille que ce soit la « victime » elle-même qui manipule ces « accessoires » ; ensuite, désinfectez la « plaie » avec un antiseptique local, avant d’appliquer une pommade anti-inflammatoire du type « biafine  », ou frotter légèrement avec une rondelle de tomate (efficace également contre les coups de soleil).

Nous avons vu que les méduses possèdent des tentacules mobiles recouverts de cellules urticantes. Le contact avec la peau provoque immédiatement une sensation de brûlure intense, puis des lésions d’urticaire dans la demi-heure qui suit. Des traces rouges peuvent persister pendant plusieurs semaines, enfin ne soyez pas étonné si vous conservez plusieurs semaines, voire plusieurs mois, des traces de brûlure de méduses.(J’ai personnellement connu des cas.)

Si la douleur persiste, consultez un médecin. Il pourra vous prescrire un traitement à base d’antalgique, d’antihistaminique ou encore de corticoïde pour limiter la réaction et la douleur.

Concernant une piqûre de méduse sur un membre, si ce dernier est très enflé, consultez immédiatement un service d’urgence, également en cas de gêne respiratoire, de modification de la voix, ou de malaise survenant après un contact cutané avec une méduse.

Attention : certaines personnes très allergiques peuvent avec une simple brûlure de méduse, comme avec une piqûre de guêpe, unhe morsure de serpent ou l’ingestion d’un aliment allergène, faire un choc anaphylactique.

Voir également sur les piqûres de méduses, les conseils d’un toubib., voir aussi la rubrique du journal Le Monde : Les mauvaises rencontres de l’été, et celle de Santé Magazine.

Un vieux remède très très efficace :

Il va peut être vous surprendre, je le tiens d’un vieux paysan de la montagne bourbonnaise, je l’ai expérimenté moult fois gamin et adulte, c’est-à-dire toutes ces nombreuses fois où je me suis fait piquer par une ou plusieurs guêpes, (efficace également contre toutes les autres piqûres d’insectes mentionnées plus haut)... Je veux parler de notre propre urine, (voir ce site) en effet cette dernière contient de l’ammoniaque qui, comme le vinaigre, neutralise les venins ! (D’ailleurs, il y a une vingtaine d’années, ce « remède » a été confirmé à la télévision par un professeur de médecine contre les piqûres de guêpe.

Si vous vous trouvez isolé sur la plage, que faire en cas de piqûre ?

Contre les brûlures des méduses, outre ce « remède » évoqué plus haut... ? Que faire en cas de piqûre ? (avec votre ordi, descendez légèrement votre page et vous constatez que cette « cette méthode » est bien préconisée, et que vous pouvez l’utiliser et ceci après avoir fait les gestes cités plus haut, (grattage, rinçage, etc.) et qu’il faut appliquer sur l’endroit qui vous intéresse, une serviette imbibée de votre propre urine pendant un long moment.)

Sachez également qu’une méduse échouée est encore urticante, car ce sont ses filaments et ses tentacules, et non son corps qui contiennent le venin, c’est pour cette raison que les spécialistes peuvent très bien les manipuler ; la preuve : la Coboméduse, australienne et la méduse de Méditerranée la Pélagia noctiluca (ici, un sauveteur de la Croix-Rouge espagnole), et les Japonais les mangent en salade ! (voir à la fin)

Enfin, si l’on a repéré un banc de méduses, même loin de la plage, il est préférable de ne pas laisser barboter les enfants, les toxines pouvant être apportées au bord de l’eau par la simple action mécanique des vagues.

Les variétés de méduses :

Mortelles : la méduse Coboméduse ou Chironex fleckeri , qui est pourvue d’une soixantaine de tentacules de quatre mètres de long, aussi appelée « tigre des mers, piqueur marin, ou guêpe de mer », vit sur le littoral australien et du Sud-Est asiatique ; elle est la méduse la plus venimeuse connue à ce jour.

La méduse Physalie ou « galère portugaise »

Méduse et autres « bébêtes marines  » » mortelles pour l’homme !

Nous avons vu plus haut que leurs prédateurs naturels sont les tortues, et comme ces dernières ont tendance à disparaître, alors... que faire pour limiter leur multiplication ? En voilà une bonne question !

Eh bien justement, pour pallier les prélèvements que malheureusement ne font plus les tortues, ne pourrait-on pas également (à l’instar des Espagnols, voir plus loin) chez nous imaginer et mettre en place, avec l’aide de bateaux et de filets appropriés, un plan et une méthode de « ratissage » de la mer !

Sans doute une idée à creuser (même dans la mer).

La situation chez nos voisins espagnols et italiens !

Espagne : sur les plages d’Alicante, devant l’invasion des méduses, un drapeau spécifique a été installé : « le drapeau méduse ».

Chez nos deux voisins, (l’Espagne et l’Italie), la situation est identique, voire pire, car depuis le début de la saison estivale, leurs côtes sont, elles aussi, régulièrement envahies par les méduses, et ces dernières viennent par centaines s’échouer sur les plages. S’échouer. Sur cette invasion, si vous désirez faire des recherches sur le Web, dans Google, tapez : pour l’Espagne : la invasión de las medusas, et pour l’Italie : l’invasione delle meduse.

(Pour ceux et celles qui comme moi ne lisent pas l’espagnol, ni l’italien, le site du traducteur Free.)

On apprend notamment que la prolifération serait due à plusieurs causes :

1 ) le réchauffement climatique qui réchauffe les eaux de surface.

2 ) les rejets en mer de matières organiques, et d’engrais qui enrichissent le zooplancton dont se nourrissent les méduses, ce zooplancton se trouve près de la surface de l’eau, le fait que les méduses pour se nourrir remontent des profondeurs, et lorsque les méduses arrivent en surface, les vents marins qui soufflent en direction des plages, les rabattent sur nos côtes !

3 ) la sécheresse qui provoque un déficit d’apport d’eau douce dans la mer, cette réduction des eaux de pluie en mer, ne provoque plus la barrière d’eau douce.

Le réduit en apport d’eau douce qui se mélange avec eau salée fait que la masse résultante dans les surfaces côtières a une température et une concentration saline semblables à celle des eaux des profondeurs marines, les méduses donc se « croient » toujours en pleine mer, et c’est de cette manière que ces dernières atteignent les côtes, puisque, comme l’a indiqué un chercheur, ces animaux ne trouvent pas l’"obstacle" qu’ils identifiaient clairement dans le passé, quand les épisodes de la sécheresse étaient moins graves.

Cet été, en Espagne, les pêcheurs, les services publics, et les vacanciers du bord de mer, avaient un nouveau passe-temps... la pêche aux méduses (!), l’objectif étant de pêcher littéralement les méduses quand elles sont jeunes, c’est-à-dire avant qu’elles n’atteignent leur capacité reproductrice, pour ainsi éviter qu’elles se multiplient.

Plusieurs articles intéressants dans ce journal espagnol, sur les méduses, un site intéressant, avec deux vidéos, Vidéo anémone de mer contre méduse et Vidéo méduse en pleine chasse (étonnant, on voit qu’une méduse pour se nourrir est capable « de harponner » un poisson !)

Les titres de la presse espagnole

La invasión de las medusas Unas 30 000 personas han sido víctimas de la plaga. L’invasion des méduses : quelque 30 000 personnes en ont été victimes. (avec le traducteur cité plus haut, la traduction est aisée)

En Espagne, la prolifération de méduses ces derniers jours a mené à la création d’un nouveau drapeau, avec méduses bleues sérigraphiées sur fond blanc, pour avertir de la présence de ces animaux à proximité des plages.

L’information sur les méduses en France :

Chez nous, depuis plus d’une dizaine d’années, j’avais bien remarqué qu’en Méditerranée les méduses revenaient en force, et déjà à l’époque auprès des différents secouristes MNS , j’avais évoqué la création d’un pavillon spécifique afin d’avertir les baigneurs de la présence de ces « bestioles » ! La plupart d’entre eux étaient d’accord sur le principe, certains même avaient déclaré en parler à leur hiérarchie, et que constatons-nous actuellement ? Que pour informer sérieusement les baigneurs, à l’inverse de l’Espagne, eh bien chez nous, rien n’a été fait , qu’il y a une très grosse lacune d’information, et que sur nos plages surveillées, c’est souvent l’amateurisme !

Par exemple pour avertir les baigneurs de la présence des méduses, en plus du classique drapeau orange, qui signifie un danger, mais lequel ? (vent, vagues, température froide !), mais comme il est généralement placé à côté de celui qui indique la qualité des eaux de baignades, cela prête souvent à confusion !

La seule inscription est habituellement placée juste à l’entrée des plages surveillées, près du poste de secours, juste une inscription à la craie faite sur un vieux panneau en bois, les personnels (comme d’hab) se débrouillant avec les moyens du bord ; ailleurs parfois les enfants ont apporté une touche artistique  ! Cela fait un seul petit panneau à proximité du poste de secours, et quand on sait que pour arriver sur une plage, en général les accès sont multiples, résultat, eh bien, très peu de baigneurs peuvent prendre connaissance de l’information ; alors pourquoi pas un drapeau CEE,dans ce style imaginé et créé par P@py ?

A titre indicatif, sur certaines de nos plages, par forte invasion de méduses, c’est au moins cent, et parfois plus, soins par jour qui sont prodigués uniquement pour soigner leurs brûlures, et souvent ce sont de très jeunes enfants, ces derniers aimant jouer dans la mer, et passant plus de temps dans l’eau ou en bordure de mer, là justement où les méduses portées par les vents marins viennent s’échouer !

Devant la prolifération (avérée) des méduses, (vous avez le choix, dans Google tapez : prolifération des méduses) je pense qu’il serait peut-être temps que les zotorités compétentes se penchent sérieusement sur cette question, alors comme on dit, affaire à suivre !

La protection contre les méduses !

Il existe bien une pommade antiméduse ! (site espagnol), un site en français, les filets antiméduses en Australie.

En savoir plus sur les méduses :

La biologie des méduses, l’IFREMER

Glossaire - environnement littoral - Ifremer L’IFREMER : définition et classification des méduses, d’autres photos de méduses

Et pour terminer : les méduses, ça se mange !

Faire tremper trois heures la méduse séchée (koulagué en japonais), couper en lamelles d’un centimètre et déguster froid en salade avec du blanc de poulet, du concombre et une sauce vinaigrette sucrée.

Le Japon a importé pour la consommation douze tonnes de méduses séchées l’an dernier (d’après l’ouvrage de Jacqueline Goy et Anne Toulemont, dans la collection Abysses, édité par le Musée océanographique de Monaco).

Dans mon article du 18/08, intitulé : Les océans aux secours de l’humanité !

Je concluais par cette phrase : La mer, c’est bien l’avenir de l’homme, pour cette raison soyons attentifs, alors protégeons-la !

Alors, lisons cette page Web rubrique « le venin » , surtout sa dernière phrase : Les méduses seront-elles à l’origine de nouvelles chimiothérapies anticancéreuses ? Plus que jamais soyons attentifs pour respecter ce milieu fragile !

D’autres infos, dans Google (j’suis pas actionnaire) : le venin des méduses, la recherche médicale et la médecine.

Gilbert spagnolo dit P@py


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