L’homme est un loup pour l’ours

par Julo
lundi 15 mai 2006

Eh non, il ne fallait pas vendre la peau de l’ours slovène avant de l’avoir tué à coup de verre pilé dans du miel. Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative, vient de statuer, au grand dam des éleveurs de moutons et autres ongulés (je parle des chèvres et des moutons, pas des éleveurs), pour qui la réintroduction prévue de cinq plantigrades ne passe décidément pas.

Les anti-ours sont donc sans doute les plus mal léchés. Ils stigmatisent la quasi-condamnation à mort de leurs bestiaux, alors qu’un fonds d’indemnisation existe depuis des lustres. En outre, on ne peut apparemment pas dire que ce soient les méfaits d’une paire d’ours qui vont décimer la population pastorale française, puisqu’à la différence du loup, dont la réintroduction a toujours fait également bêler dans les gîtes de bergers, l’ours tue relativement peu, et ne tue que ce qu’il mange.

Certes, on peut comprendre qu’il ne soit pas très agréable pour un berger de retrouver quelques moutons les tripes à l’air au petit matin. Que les tracasseries administratives pour se faire indemniser sont, sans doute, sans fin... Mais dans les faits, les chiens errants, de l’aveu même des éleveurs, font mille fois pire que les quelques dizaines de brebis tuées chaque année par cinq ours. En outre, le plan de réintroduction d’ours s’accompagne d’une enveloppe budgétaire non négligeable de 532 000 euros comprenant l’embauche de bergers salariés, avec un regroupement nocturne des troupeaux, la rétribution de l’éleveur pour les jours de repos, l’achat de clôtures intégralement remboursées, l’achat de chiens de type Patou, seule véritable dissuasion face à l’ours, la descente des fromages assurée par hélicoptère durant la saison estivale, le financement des radiotéléphones avec un forfait gratuit de cinq mois, et l’indemnisation des dégâts d’ours avec la prise en charge de l’intervention de vétérinaires.

Donc, si je résume : un tour en hélico, un nouveau chien de race, un portable gratuit, des clôtures, et un remboursement total des dégâts... Voilà qui devrait normalement, on l’espère, rendre les éleveurs tout miel...


Lire l'article complet, et les commentaires