La loi sur l’eau

par Stephane Klein
vendredi 12 mai 2006

La loi sur l’eau s’apprête à rendre encore plus draconiennes les conditions d’utilisation de la force de l’eau.

Or il faut encore une fois rappeler que l’hydro-électricité est une source d’énergie renouvelable et réversible, au coût faible et indépendant du prix du pétrole, respectueuse de l’environnement, surtout depuis que des règles draconiennes en encadrent l’utilisation, et enfin facteur de développement rural et décentralisé.


Or cette loi va instaurer un débit réservé qui sera autant de kilowatts/heure qu’il faudra retirer à la filière hydroélectrique pour aller les chercher auprès des centrales thermiques à gaz ou à charbon, ou encore nucléaires, avec les conséquences écologiques qu’on connaît.


Il est indispensable de préserver le biotope de la rivière afin d’y limiter les effets de l’activité humaine, il est aussi primordial de ne pas préférer un mal pour un bien. Il convient donc de décider en toute pondération quelle part de ce débit doit rester dans la rivière et quelle part peut être turbinée. Une part de 1/20e à 1/10e du débit normal observé restant dans le lit naturel me paraît juste. Par ailleurs, il serait bon d’encourager le turbinage du débit réservé lorsque ce turbinage ne donne pas lieu à une dérivation.


Dans le même registre, le classement de rivières en première catégorie est une catastrophe, car elle empêche toute valorisation du potentiel hydroélectrique de nos cours d’eau, qui recèlent encore de forts potentiels.


Or les microcentrales hydroélectriques doivent aujourd’hui respecter des règles d’utilisation bien plus draconiennes qu’il y a cent ans, lorsque celles-ci furent installées initialement pour subvenir aux besoins d’industriels, à un moment où bien souvent on n’avait cure - ou conscience - de leur impact sur l’environnement  : écluses, déversement de détritus et déchets dans la rivière, prélèvement de tout le débit, etc. Aujourd’hui, les usiniers se doivent de respecter le débit réservé cité plus haut, d’installer des passes à poissons, à kayaks le cas échéant, de limiter les écluses - voire de les annuler par des bassins de compensation, d’utiliser des huiles biodégradables et tendant vers la certification ISO 140001.

L’interdiction de toute nouvelle installation sur les cours d’eau de première catégorie ne se justifie donc pas, surtout lorsque ceux-ci comportent des chutes d’eau de plusieurs mètres, infranchissables aux poissons migrateurs.

Une autre source d’énergie qui ne donnera lieu à aucune polémique est le turbinage d’eau potable et d’eaux usées. La loi sur l’eau donnera un plus grand pouvoir aux élus locaux, ils ont donc entre leurs mains le pouvoir d’explorer, en amont de toute décision concernant leurs réseaux d’eaux usées et potables, l’intérêt d’allier adduction d’eau et valorisation électrique de leurs réseaux. Comme indiqué plus haut, les huiles biodégradables sont aujourd’hui répandues et certaines turbines sont même lubrifiées à l’eau, il n’y a donc pas de dangers de pollution ou de contamination. De nombreuses communes suisses romandes se sont équipées, et la ville de Megève l’a mis en place, développons en France cette idée à large échelle.

Je rappelle que nous sommes tous à présent, que nous l’acceptions ou non, que nous en ayons conscience ou non, engagés dans une transition civilisationnelle qui nous fera passer d’une société non viable et fossile (nucléaire compris) à une société à croissance renouvelable ; nous n’avons d’ailleurs pas le choix.

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