Urgence, au secours des blaireaux !

par Pascal Blain
vendredi 12 mai 2006

Du 25 au 28 mai 2006, l’Association des amis du rallye Les Mailleries a décidé d’organiser, avec le soutien de l’Association des déterreurs (ADD) et l’Association française des équipages de vénerie sous terre (AFEVST), un championnat international de déterrage à Saint Bonnet Tronçais, dans l’Allier. Il s’agit d’un concours de chiens de chasse, dont les terrains de jeu seront les milieux naturels, et les cibles des animaux sauvages, en particulier des renards et des blaireaux.

Le déterrage a pour principe d’acculer un animal au fond de son terrier à l’aide de chiens. Ensuite un équipage creuse avec pelles et pioches la galerie concernée afin de pouvoir attraper l’animal au bout de pinces puis de le mettre à mort ou, plus rarement, le relâche à distance de son lieu de capture. Cela en pleine période de reproduction ! C’est la technique de chasse la plus cruelle pratiquée aujourd’hui en France. Elle est pourtant autorisée par un arrêté ministériel, y compris au mois de mai, lorsque les petits sont à peine sortis des terriers et encore dépendants des adultes.

Pour justifier le déterrage, les chasseurs invoquent généralement la régulation de certaines espèces, en réponse aux dégâts qu’elles occasionneraient aux activités agricoles. Cet argument n’est pas valable pour le blaireau, qui ne cause que des dégâts minimes aux cultures. Le blaireau se nourrit essentiellement de vers de terre, insectes, mollusques, micro-mammifères, fruits et tubercules. Cependant, les terriers creusés dans des parcelles agricoles peuvent ponctuellement causer de réels problèmes d’éboulement. C’est dans ce cas par exemple que la délocalisation ou, éventuellement, la destruction des individus concernés paraît légitime.

Dès lors que le déterrage est pratiqué dans le seul but de faire concourir les chiens et de s’amuser, cette activité ne présente aucune utilité, mais elle demeure particulièrement perturbante pour la faune sauvage.

Signalons enfin que le blaireau, particulièrement visé dans ce loisir macabre, n’est pas dans un état de conservation favorable. Dans l’Allier, les effectifs de blaireaux ne sont pas connus avec précision et le doute, au nom du principe de précaution inscrit dans la Charte de l’environnement, devrait jouer en sa faveur. Rappelons que l’espèce est protégée en Grande-Bretagne, Italie, Irlande, Espagne, Grèce, Belgique, Pays-Bas et au Luxembourg ...

Les associations de protection de la nature et de l’environnement condamnent la tenue d’un tel évènement et demandent au préfet de l’Allier de ne pas l’autoriser, considérant qu’il va nuire à la faune sauvage en détruisant et en perturbant un nombre important d’animaux.

L’observation des animaux sauvages dans la nature, effectuée avec discrétion et sans les gêner, est accessible à tous et fait le plaisir des observateurs : c’est une manière bien plus durable de valoriser la nature, et en particulier la forêt de Tronçais, bientôt patrimoine de l’humanité.

Pour agir concrètement et exprimer son sentiment, chacun peut par exemple participer à la cyber@ction en signant en ligne : http://www.cyberacteurs.org


Lire l'article complet, et les commentaires