Comment S. Royal rend les artistes complètement chèvres !

par Le Hérisson
mercredi 15 novembre 2006

Avoir de l’autorité, ce n’est pas de l’autoritarisme... C’est même souvent l’inverse. F. Mitterrand avait une autorité naturelle, tandis que Ségolène Royal n’a que de l’autoritarisme. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre un exemple, l’affaire du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) de Poitou-Charentes.

Premier acte, époque Raffarin. Le Conseil régional de Poitou-Charentes décide d’installer un « musée de la chèvre ». L’idée peut faire rire. Il est vrai que depuis l’arrivée du Futuroscope, les parcs à thèmes se développent, surtout dans la Vienne : vallée des singes, serpents, faucons et autre cité de l’écrit. Cela dit, la chèvre est effectivement un animal assez caractéristique (plutôt était) de Poitou-Charentes. Ségolène Royal, députée des Deux-Sèvres, se met alors sur les rangs pour tenter d’attirer ce fameux musée dans sa circonscription. La majorité n’étant alors pas de son bord, le Conseil régional décide que le musée qui s’appellera « Cabrilia », s’installera à Linazay, dans la Vienne. Fureur de la députée. Dans le même temps, le Fonds régional d’art contemporain (FRAC) se trouve à Angoulême, dans des locaux trop exigus. Il est prévu qu’il soit déménagé, toujours à Angoulême, dans des locaux plus vastes. Depuis dix ans, le FRAC travaillait à son déménagement dans ces futurs locaux. Chèvres et art contemporain : aucun rapport, penseront les lecteurs... Erreur ! Car avec ce genre de démagogues politiques, il faut s’attendre à tout.

La majorité change de sens

Deuxième acte : aux dernières élections régionales, la majorité revient à la gauche, et Ségolène Royal est élue présidente. Ajoutons que rapidement, la plupart de ses colistiers ont commencé à la critiquer dans les couloirs, le 1er vice-président en tête, M. Fountaine, ou encore Jacques Santrot, maire de Poitiers. Le premier soutient aujourd’hui DSK et le maire de Poitiers roule pour Fabius. Puis, les sondages étant devenus ce qu’ils sont, les socialistes de la région ont commencé à regarder la baronne de Poitou-Charentes d’un œil de moins en moins critique, et de moins en moins objectif... En attendant, SR s’emploie à démolir ou à remettre en cause méthodiquement une bonne partie des projets de Raffarin. Les gens gênants sont virés, et pas seulement les postes « exposés » comme la communication, des associations voient leurs subventions supprimées... Dans le collimateur : Cabrilia. Ce que certains ont appelé le « Chévroscope » est fermé, le personnel, licencié.

L’art sentirait-il le bouc ?

Mais voilà, que faire des locaux tout neufs de Cabrilia, qui se trouvent en rase campagne ? C’est alors que S. Royal à l’idée lumineuse d’installer le FRAC dans l’ancien Cabrilia ! Oh, il suffira juste de mettre un coup de peinture, pense t-elle... et sans doute de brûler un peu d’encens pour que les tableaux ne sentent pas la chèvre... Depuis au moins l’époque d’André Malraux, tous les travailleurs culturels savent qu’il faut rapprocher au maximum la culture des populations et installer, si possible, l’art au cœur des villes. Qu’à cela ne tienne ! Pour Ségolène Royal, Cabrilia est l’endroit rêvé pour le FRAC, et tant pis si Linazay ne fait que quelques centaines d’habitants. Au passage, les FRAC sont gérés par un conseil d’administration où l’Etat est représenté et censé participer aux décisions à parité. Mais SR ne semble pas avoir grand-chose à faire de ces subtilités. Autant dire que parmi les artistes de la région, à la direction des affaires culturelles ou dans les allées du ministère, on n’en revient pas d’une telle décision. Puisqu’il faut bien trouver des responsables, SR s’attaque au directeur du FRAC qui « n’est pas l’homme de la situation... » Selon l’avocat d’Olivier Chupin, le directeur, "Ségolène Royal a commis des actes répétés visant à dégrader les conditions de travail d’Olivier Chupin en dissolvant son pouvoir directorial au FRAC, et elle l’a exposé publiquement au mépris". Toujours est-il qu’il est en congé maladie pour dépression nerveuse.

Voilà comment la candidate socialiste s’y prend dans la région Poitou-Charentes. Tout ce qui vient de la droite est forcément mauvais. On prend des décisions absurdes par simple calcul politique, sans consulter les premiers concernés, les artistes notamment. Les socialistes veulent-ils mettre cette façon de faire de la politique, à la fois partisane et gribouille, au sommet de l’Etat ? Réponse jeudi prochain.


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