Décembre 1991, le point final : la démission de Gorbatchev et la dissolution de l’URSS
par Giuseppe di Bella di Santa Sofia
jeudi 26 décembre 2024
Le 25 décembre 1991, avec la démission de Mikhaïl Gorbatchev, l'un des chapitres les plus longs et les plus tumultueux de l'histoire moderne tirait sa révérence. L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, cette superpuissance qui avait dominé une grande partie du XXe siècle, s'effondrait sous le poids de ses contradictions internes et de l'incapacité de ses dirigeants à réformer un système devenu obsolète.
La fin d'une illusion : le rêve soviétique s'effondre
À la fin des années 1980, l'Union soviétique était en proie à des crises politiques et économiques majeures sans précédent. Les réformes de Mikhaïl Gorbatchev, qui avait accédé au pouvoir en 1985, avaient pour but de revitaliser le pays par le biais de la perestroïka (restructuration) et de la glasnost (ouverture). Cependant, ces initiatives, bien qu'innovantes, avaient engendré des tensions internes. Les républiques soviétiques, qui avaient longtemps été soumises à un contrôle centralisé strict, commençaient à revendiquer leur autonomie. Les mouvements nationalistes prenaient de l'ampleur, et les difficultés économiques, exacerbées par la chute des prix du pétrole et la guerre en Afghanistan, affaiblissaient le pouvoir central.
En 1991, la situation s'était détériorée. Les réformes de Mikhaïl Gorbatchev n'avaient pas produit les résultats escomptés, et la population soviétique était de plus en plus frustrée par la pénurie de biens de consommation et l'inflation galopante. Le coup d'État manqué d'août 1991, orchestré par des membres conservateurs du Parti communiste soviétique, avait également fragilisé la position du président de l'URSS. Bien que ce coup d'État ait échoué, il avait révélé les divisions au sein du gouvernement et la perte de confiance du peuple envers le leadership soviétique. Boris Eltsine, président de la République socialiste fédérative soviétique de Russie et apparatchik du Parti communiste soviétique, avait émergé comme un leader charismatique, s'opposant ouvertement à Gorbatchev et appelant à des réformes beaucoup plus radicales.
Dans ce contexte, la pression sur Gorbatchev pour qu'il démissionne s'intensifiait. Les républiques baltes, suivies par d'autres républiques soviétiques, avaient déclaré leur indépendance, et le climat politique devenait de plus en plus instable. Le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev, conscient de l'impossibilité de maintenir l'unité de l'URSS, annonça sa démission lors d'une allocution télévisée. Il déclara que l'URSS n'existait plus et que son mandat en tant que président de l'Union soviétique était désormais caduc.
La fin d'une époque : le discours de démission de Gorbatchev
La démission de Gorbatchev marqua un tournant historique. Dans son discours, il exprima sa tristesse face à la dissolution de l'Union, soulignant que son rêve d'une URSS réformée et démocratique était désormais irréalisable : "Chers compatriotes, concitoyens. En raison de la situation qui s’est créée avec la formation de la Communauté des États indépendants, je mets fin à mes fonctions de président de l’URSS. Je défendais la préservation de l’intégrité du pays. Les événements ont pris une tournure différente. La ligne du démembrement du pays et de la dislocation de l’État a gagné, ce que je ne peux pas accepter ". Il évoqua les défis auxquels il avait été confronté et les sacrifices qu'il avait consentis pour tenter de moderniser le pays. Il fit également référence à la nécessité de préserver la paix et la stabilité dans la région, tout en appelant à un avenir basé sur la coopération entre les États indépendants qui avaient émergé de l'Union soviétique.
La réaction à sa démission fut mitigée. Tandis que certains saluaient son courage et son engagement en faveur de la démocratie, d'autres le blâmaient pour l'effondrement de l'Union et les difficultés économiques qui en résultaient. Les médias internationaux couvrirent largement cet événement, le présentant comme la fin d'une époque marquée par la guerre froide et le communisme. La démission de Mikhaïl Gorbatchev fut perçue comme un symbole de l'échec du système soviétique et de la montée des aspirations nationalistes au sein des républiques.
Le dernier acte : le Soviet suprême scelle le destin de l'URSS
Le lendemain, le 26 décembre 1991, le Soviet suprême, le parlement de l'URSS, se réunit pour officialiser la dissolution de l'Union soviétique. Cette décision fut le résultat d'un processus complexe, marqué par des tensions entre les différentes républiques et la volonté de certaines d'entre elles de se séparer du joug soviétique. Le Soviet suprême adopta une résolution déclarant que l'URSS n'existait plus, mettant ainsi un terme à près de 70 ans d'histoire soviétique tumultueuse et dévastatrice.
La dissolution de l'Union soviétique fut un événement marquant qui entraîna des changements géopolitiques majeurs. Le Soviet suprême vota pour reconnaître l'indépendance des républiques qui avaient déjà déclaré leur souveraineté, comme la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie. Cette décision fut accueillie avec enthousiasme dans de nombreuses républiques, où les populations célébraient leur nouvelle liberté. Cependant, elle suscita également des inquiétudes quant à la stabilité régionale et à l'avenir des relations entre les anciennes républiques soviétiques.
Le processus de dissolution ne se limita pas à une simple déclaration. Il impliquait des négociations complexes sur la gestion des ressources, des armées et des infrastructures héritées de l'Union soviétique. Les républiques de l'ex-URSS devaient faire face à des défis économiques et politiques considérables, alors qu'elles cherchaient à établir leurs propres gouvernements et à intégrer leurs économies dans le système mondial. La Russie, sous la direction de Boris Eltsine, devint le principal acteur dans ce nouvel ordre mondial, cherchant à redéfinir son rôle sur la scène internationale.