DSK se positionne en candidat du mouvement
par Henry Moreigne
mercredi 25 octobre 2006
La deuxième confrontation télévisuelle entre les candidats à l’investiture PS s’est déroulée mardi 24 octobre. Beaucoup se demandaient ce qu’une deuxième édition était susceptible d’apporter. A mesure que l’on entre dans le concret, dans le fond des dossiers, DSK apparaît comme l’homme le plus en phase avec la société vraie. Sans populisme, ni archaïsme.
Au fil des débats, le vernis s’écaille, les propos deviennent moins policés et ce n’est pas pour déplaire. Les candidats n’hésitent plus désormais à faire part de leurs sentiments sur les propositions des autres. En réponse au populisme, qui ne dit pas son nom, de la proposition de Ségolène sur les jurys populaires, DSK répond par la nuance. « Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’on peut construire une société sur la suspicion généralisée. » A la société de l’ordre mise en avant par la présidente de la région Poitou, DSK répond mouvement, société de confiance et refondation de la République.
Mais DSK ne veut pas se limiter à la seule phase du diagnostic, même partagé, selon lequel la France est tirée vers le bas par une spirale répressive : « Il ne suffit pas de dénoncer mais il faut être aussi capable de résoudre. » C’est ça aussi, DSK, se présenter comme celui qui préfére aux mots et aux effets d’annonce une méthode pour avancer.
Tout naturellement, les jeunes se retrouvent au centre de son projet tourné vers la modernité. Les jeunes, et la justice. Sans que les premiers ne soient condamnés à alimenter la deuxième. Justice sociale en se donnant les moyens de créer une égalité réelle dès la petite enfance. Justice tout court en distinguant dans l’immigration les victimes de ceux qui profitent du système (passeurs, logeurs, employeurs...) Justice toujours en rappelant que l’intransigeance sur les comportements déviants ne peut constituer une fin en soi et qu’elle doit s’accompagner d’un traitement des causes de la délinquance.
Le discours est rôdé, maîtrisé, parfaitement adapté aux initiés que sont les "vieux" militants du PS qui disposent d’une certaine culture politique. Comment sera-t-il ressenti par les nouveaux, drainés par les paillettes de Ségolène ? Moderne sur le fond, et la méthode DSK a un lourd handicap. Celui du poids du passé des années Jospin. Cela, éléphants et éléphanteaux du PS l’ont instinctivement appréhendé en se rangeant en masse derrière Ségolène. Histoire de se refaire une virginité. Histoire d’être dans le sillon de la candidate favorite des sondages, si jamais elle réussissait, et ainsi être bien placé pour obtenir fauteuil ou strapontin.
Mais attention, l’histoire aime les clins d’œil. Ségolène joue avec le feu. C’est joli, c’est troublant. Et assurément dangereux.