L’Immortelle de Rubinstein : un chef-d’œuvre d’échecs

par Franck ABED
jeudi 5 juin 2025

Dans l’histoire du jeu d’échecs, certaines parties atteignent un tel niveau de beauté stratégique et de précision tactique qu’elles deviennent immortelles. C’est précisément le cas de la rencontre disputée le 26 décembre 1907 à Łódź, lors du cinquième championnat de Russie, entre Akiba Rubinstein et Gersz Rotlewi. 

Cette partie, souvent surnommée «  l’Immortelle de Rubinstein  », est un véritable chef-d’œuvre.

Dès les premiers coups, Rotlewi, avec les pièces blanches, opte pour une structure proche du système Colle. Rubinstein répond avec son style caractéristique : développement harmonieux, contrôle du centre, patience stratégique. Mais rapidement, une erreur de Rotlewi – le coup 10. Dd2 – va ouvrir la voie à une offensive d’une rare précision.

À partir de ce moment, Rubinstein orchestre une montée en puissance méthodique. Il échange les bons pions, libère ses pièces et prend l’initiative. Puis vient le coup d’éclat : 20... Cg4 !! Un cavalier noir s’infiltre dans le camp adverse, menaçant le roi blanc de toutes parts. 

Rubinstein sacrifie ensuite ses tours avec une audace stupéfiante : 22... Txc3 !! suivi de 24... Td2 !! et 25... Th3 !! Chaque pièce s’offre pour mieux resserrer l’étau. Les coups sont d’une logique implacable et d’une beauté redoutable.

Face à une telle pression, Rotlewi abandonne. Le mat est inévitable, la partie parfaite.

Cette partie est bien plus qu’un exploit tactique : elle est l’expression du génie de Rubinstein, joueur méthodique, créatif et visionnaire. Plus d’un siècle plus tard, elle reste étudiée, admirée, enseignée. Elle témoigne de cette vérité profonde : aux échecs comme dans l’art, la perfection est parfois atteinte...


Lire l'article complet, et les commentaires