La vérité est ailleurs...

par Brady
lundi 21 août 2006

Retour sur l’un des plus gros canular de l’avant-Internet... et sur des nouveaux de l’ère Internet.

11 septembre, attentats de Londres, polémiques en tout genre... "On nous cache tout, on nous dit rien" revient un slogan à la mode. Sauf que... chat échaudé craint un peu l’eau froide et par moment, il est bon d’avoir un peu de recul et de voir les couleuvres que ce slogan a pu parfois faire avaler... Il ne s’agit pas de dire qu’il est interdit d’être critique contre les médias officiels, mais souvent un mystère, un mensonge, une enquête bâclée, peut cacher plus simple que ce que l’on croit...

La plus célèbre affaire d’intox sur le "On nous cache tout, on nous dit rien" et l’affaire du crash de Roswell, qui a donné du grain à moudre aux ufologues amateurs, Jean-Claude Bourret et Jacques Pradel inclus. Mine de rien, ce canular a duré près de 50 ans... Pourquoi ? Simplement parce que la version officielle était horriblement confuse accréditant un ballon-sonde avec quelques témoignages contradictoires... mais les versions alternatives ont eu le tort de sortir trop tard, de reposer sur des témoignages vieux de trente ans, et de s’appuyer sur un film qui apparut être un faux grossier, même auprès des plus fervents ufologues. On peut penser, pour paraphraser une série ufologue, que "la vérité est ailleurs" et que si quelque chose s’est crashé à Roswell, il semble plus probable qu’il s’agisse d’un prototype militaire venant de la base voisine, ce qui pourrait expliquer le secret défense des autorités et l’envie de parler de "ballon-sonde" pour un appareil qui n’en était pas, que d’un OVNI. Après tout, mieux vaut faire croire que la base 51 dans le Nevada est une base de recherche sur les extraterrestres plutôt que de dire ce qu’il se passe réellement dans ce lieu classé secret défense... Carl Jung, dans son livre "Un mythe moderne" dénonçait à juste titre les rumeurs qui masqueraient des préoccupations plus graves. Il n’avait pas complètement tort, les ufologues ayant surtout été à la mode pendant la Guerre Froide (de 1945 au milieu des années 90). Depuis 1995, plus rien (ce qui n’empêche pas des films comme ’La guerre des mondes’ ou ’Men in Black’ de cartonner au cinéma).

Le développement de l’Internet pousse parfois à des situations paradoxales. Alors qu’en théorie tout est accessible par le net, on peut tomber parfois sur des infos contradictoires et des canulars grossiers qui marchent. Quelques exemples :

"Le Pen cite Hitler"

Le soir du 21 avril 2002, Le Pen dit : "Je suis socialement de gauche, économiquement de droite, et par-dessus tout français". Le lendemain, à la vitesse de l’éclair, un e-mail circule : "Cette phrase aurait été repompé sur un discours d’Adolf Hitler prononcé à un congrès du parti nazi le 29 novembre 1932". ’L’Humanité’, entre autre, colporte la rumeur. Et pourtant...

... une rapide recherche internet aurait permis de montrer qu’il ne s’est déroulé aucun congrès nazi marquant le 29 novembre 1932, et qu’on ne peut pas savoir ce qu’Hitler a dit ce jour-là. Le seul événement marquant ce jour-là c’est la naissance... de Jacques Chirac. Et pourtant, le canular a eu son petit effet. Un effet négatif au final, car il a profité à Le Pen et à ses discours de la persécution. Lequel pourtant en déclarant le même soir "Entrez dans l’espérance !" avait plagié... Jean-Paul II, suscitant la colère de l’Eglise catholique. Sur son tract de campagne, Le Pen avait même osé démarrer par un "J’ai fait un rêve...", sa compagne le qualifiant de "Force tranquille". Le Pen plagie, mais il fait quand même attention à l’origine de ses slogans...

La vie de Brian

J’ai reçu la première fois ce message en 1995 et la dernière fois en... 2005 sur le petit (ahem...) Brian. Ce petit Brian serait un garçon argentin souffrant de malformation cardiaque. Ses parents n’auraient pas les moyens de lui payer une greffe par contre, ils auraient eu les moyens de s’offrir un sponsoring versant 0,01$ pour chaque message envoyé avec le sujet original. Et bien mine de rien, la chaîne a marché pendant donc plus de 10 ans... Allez, ne faites pas les innocents, qui n’a jamais reçu cet email ? Et, plus gênant, qui a eu l’idée géniale de le faire suivre dans son entreprise ?

Les malheurs de Sophie

L’histoire d’une étudiante qui dénonce les agressions dont elle aurait été victime et le silence des médias sur les débordements des manifs anti-CPE. C’est surtout la seconde partie qui paraît peu crédible tant les médias n’ont pas franchement occulté les débordements anti-CPE, dénonçant les accrochages violents à Rennes, Grenoble, et donc Nanterre... Sophie étant un prénom courant, le campus de Nanterre étant immense, on peut s’étonner que plusieurs personnalités politiques UMP (Patrick Balkany, Roxane Descortes...) aient repris une telle information aussi difficilement vérifiable sur leur blog. D’ailleurs, Roxane Descortes l’a rapidement enlevé de son blog par précaution.

Conclusion :

Contrairement à ce que l’on peut penser, Internet n’a pas tué les canulars, ni empêché la désinformation d’exister. Bien sûr, il faut être très prudent dans la critique et le scepticisme, toujours appliqué le principe de précaution, et le site hoaxbuster (dont viennent les trois extraits ci-dessus) a le mérite de laisser son public juge (les cas Le Pen et Brian sont effectivement jugés comme faux, le mail de Sophie pose plus débat). Si certaines versions officielles sont peu crédibles (et l’affaire Roswell est partie d’une version officielle bâclée), il faut toujours, toujours appliquer le principe de précaution vis à vis des médias quelqu’ils soient, les officiels, comme les réseaux internets. J’avoue que la critique permanente finit par semer la confusion... mais entre version officielle, témoignage contradictoire, intérêts d’Etat ou intérêts personnels, la vérité est toujours ailleurs...


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