Le débat interne du PS sur Public Sénat
par Thierry Rochas
mercredi 18 octobre 2006
Le premier débat socialiste est en route, et c’est surprenant...
Je me retrouve au coeur d’un souk, où l’ensemble des participants se propulse à qui mieux mieux pour séduire le chaland. Beaucoup de généralités, du style : "La délocalisation ce n’est pas bien", "Je suis contre les déficits". Tous le monde, excepté Fabius, a fui le sujet des 35 heures. Consternant... Ségolène qui apprend qu’il lui reste trente secondes pour parler du sujet embraye délibérément sur l’efficacité syndicale durant plus d’une minute. Il aura fallu une heure et demie pour qu’elle s’exprime sur un sujet qui semble lui faire peur...
Certaines positions font frémir ! Fabius refuse les règles de base du capitalisme en proposant des interventions d’Etat systématiques. Il a le culot de valoriser la place de l’Europe politique pour lutter contre le capital ! Royal préconise de nationaliser EDF (15 milliards d’euros) "pour lutter contre l’effet de serre"... Fabius propose de nationaliser EDF en proposant qu’EDF se rachète toute seule...
Strauss-Kahn tient un discours plus construit et plus réaliste. Je sens que son tapis peut être de bonne qualité. Il se refuse à dire n’importe quoi.
Si le programme socialiste propose une augmentation du SMIC de 100 euros dès le lendemain (vote pour moi, et je te file cent balles !), les trois candidats y reviennent et s’accordent sur plutôt moins, aux alentours de 50 euros. Soit, s’ils parviennent, une fois au pouvoir, à proposer une augmentation du SMIC de... 3 %... Allez, j’accorde une prime de zèle à Fabius, quand même !
Néanmoins, le résultat de cette première émission est remarquable.
Il l’est, parce qu’installer en France des primaires à l’américaine, cela va incontestablement donner des points à n’importe quel investi PS. La droite loupe le train, encore une fois... Mais la grande surprise de cette soirée reste que le PS n’a pas réellement fait sa révolution interne, puisque les idées originales ne le sont pas en profondeur. Tout le monde table sur la manne de la croissance (au minimum 2,5 % !). On fait du neuf avec du vieux et c’est dommage pour la France.
Pour info, notre niveau d’endettement est équivalent aujourd’hui à celui de 1983. L’année où les socialistes cessèrent les promesses et changèrent de politique.