Libé : un paradoxe très cavalier

par Bernard Lallement
vendredi 7 juillet 2006

Mépris, aigreur, insulte ! Que d’excès, sous la plume de M. Edouard de Rothschild, pour qualifier ma Complainte pour Libé (Le Monde du 4 juillet) dont l’objet était de rappeler l’histoire d’une extraordinaire aventure de presse, à laquelle il n’a pas participé, et de s’interroger sur l’avenir d’un titre dont il doit, aujourd’hui, assumer la responsabilité.

M. de Rothschild se veut le héraut de Libération, il convient de lui en donner acte. Toutefois, comment nommer cette exigence qui conditionne la recapitalisation d’un journal à l’impérieuse nécessité du départ de celui qui a contribué à sa création, et à son développement durant trente-trois ans, et pour lequel on clame par la suite, haut et fort, peut-être un peu trop fort d’ailleurs, son admiration ?

Une formule vient tout naturellement à l’esprit : logique financière.

Personne ne peut souhaiter la disparition de Libération, mais on ne voit pas en quoi l’éviction de Serge July permettrait « d’en assurer le devenir. »

C’est d’un projet et d’une politique d’investissements à long terme que Libé a besoin pour se développer. Et il n’est pas établi que, sur ce dernier point, les salariés et l’actionnaire de référence soient sur un plan d’égalité, comme le prétend le président de France Galop.

Je remercie M. Edouard de Rothschild de son aimable proposition de méditation, à laquelle je ne permets de lui répondre par un autre sujet de réflexion, emprunté à Sartre dans Situations X : « Ca n’a pas de sens de faire des critiques qui ne soient pas très sévères quand on a la chance d’aimer celui ou celle que l’on critique. »

Photo : AFP


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