Soutenir Sarkozy, une honte ?

par Lahax
mardi 24 octobre 2006

Les élections approchent et chacun s’accorde à dénoncer l’abstention et l’éparpillement des voix comme les ennemis à abattre. Pour avoir la conscience tranquille, il faut donc voter, mais aussi voter pour un grand parti. Parmi ces grands partis et leurs candidats potentiels, il y en a deux qui se détachent déjà du lot, Ségolène et Sarko. Si là est le choix, je ne pense pas me tromper en disant qu’il est difficile à assumer. Soutenir la people Ségolène, « la reine du papier glacé », c’est forcément être un peu superficiel, soutenir Sarko, c’est être méchant comme lui. Des contradictions un peu paralysantes.

Ayant entendu que, d’après un sondage, le deuxième tour risquait d’opposer Ségolène et Sarko, je me suis posé la question : dans ce cas, que ferai-je ?

Tout bien pesé, mon choix irait à Sarkozy. Après tout, il est relativement jeune, dynamique, a une expérience du pouvoir, un bilan honorable, un certain courage politique, un sens de la réalité du terrain et un minimum de pragmatisme.

Bien sûr, ces critères d’appréciation sont personnels, on peut facilement dresser des listes similaires pour de nombreux candidats, et je ne cherche en aucun cas ici à imposer mes vues.

Cette petite séance d’introversion m’a été bien utile. Jusque-là, je n’avais jamais osé penser à l’éventualité de voter un jour pour Sarkozy. Cela m’a longtemps semblé intolérable, honteux. Pourtant, même si je dois reconnaître que Sarkozy est quelqu’un de parfaitement critiquable (comme d’ailleurs tous ceux qui acceptent de jouer le jeu de la politique), j’adhère largement à ses idées. Bref, il s’agit d’une simple opinion politique et après réflexion, je me suis rendu compte que mon vague sentiment de honte n’avait aucun fondement.

J’ai donc parlé. J’ai dit aux personnes de mon entourage qu’à choisir entre Ségolène et Sarkozy, je voterais Sarkozy (j’aime bien parler politique avec mon entourage). Et là, j’ai bien vu que je dérangeais. Pour me prouver que j’avais tort de penser ainsi (ce qui est une aberration, car chacun a le droit de penser ce qu’il veut), chacun y a mis un peu de sa mauvaise foi. Un exemple ?

"A cause de la politique répressive de Sarkozy, il y a une recrudescence des agressions sur les forces de l’ordre."

C’est assez factuel, certainement vrai, mais peut-on reprocher quoi que ce soit à Sarkozy là-dedans ? Est-ce qu’une politique répressive rend plus légitimes les agressions sur les forces de l’ordre, à tel point qu’on puisse rendre un tant soit peu responsables de ces agressions les organisateurs de cette politique ?

Je m’interroge, et je m’attriste du rejet dont est l’objet Sarkozy. Est-ce le sort voué aux politiques français qui agissent ? Quand je vois les tollés soulevés par la constitution européenne et le CPE, je me dis que malheureusement, oui, certainement. Mais comme je suis d’un naturel optimiste, je pense que ça peut changer. Qu’à force de voir la situation économique et sociale se dégrader, les citoyens et électeurs vont enfin juger les mesures et les membres du gouvernement d’une façon binaire, étudier aussi bien les aspects positifs que les aspects négatifs, plutôt que de s’arrêter à la moindre faille et refuser toute contrainte, ce qui finalement revient à valoriser l’inaction.


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