Appel ŕ tous les responsables de l’administration et aux agents de l’État

par Alain Lambert
mercredi 21 décembre 2005

Nous sommes à dix jours de la bascule de notre constitution budgétaire en mode LOLF. Je sais que tous les services de l’État sont à l’épreuve, en ces derniers jours, car il s’agit, pour eux, d’une profonde transformation du cadre de la gestion publique. Pas seulement de nouveaux budgets ministériels fondés sur la logique de performance, mais d’une nouvelle comptabilité d’exercice, de nouveaux modes de gestion et de nouveaux systèmes d’information, dont je sais parfaitement qu’ils ne sont pas au niveau attendu.

Cependant, dans peu de jours, tous les Français doivent savoir que les agents de l’État auront à réussir le redoutable passage de la théorie à la pratique, sans se contenter de changer dans la forme, il faudra changer vraiment dans les faits. Il ne s’agit pas seulement d’une nouvelle nomenclature comptable ou de nouvelles règles d’exécution budgétaires, mais d’une mobilisation générale de TOUS les responsables de l’administration, à commencer par les ministres, pour mettre en place des outils modernes de management et veiller à leur appropriation par TOUS les agents. Le pilotage par la performance, la détermination d’objectifs précis et mesurables, la mesure des résultats atteints deviennent l’affaire de TOUS. C’est de cette capacité à l’engagement de chacun des agents de l’État que résultera le succès ou l’échec de la LOLF. Comme il nous est interdit d’imaginer que cela puisse être un échec, nous n’avons d’autre choix que le succès !

Je vous renouvelle donc la totale et entière disponibilité de mon site pour faire part de votre expérience, de vos souhaits, de vos préoccupations. Il vous sera répondu précisément, en puisant à la meilleure source, selon la matière. Pardon de cette immodestie, mais je la partage avec tous ceux qui veulent bien s’exprimer sur mon blog sur ce sujet de haute actualité. D’autres blogs se sont autoproclamés blogs de la LOLF ! Toutefois il ne se passe rien chez eux. Venez donc chez nous, exprimez-vous ! Si vous êtes agents de l’État, parlez-nous de votre expérience, de vos questions, et des réponses que vous avez aussi trouvées. Bref, ouvrons tous ensemble un vaste forum à moins de 15 jours de la mise en oeuvre de la réforme la plus audacieuse que l’État ait décidé depuis 45 ans.

Comme il nous faut absolument nous rassembler tous pour utiliser les quelques jours qui nous restent à débattre de la LOLF pour son succès, je suggère que nous essayions de faire bondir au premier rang cet espace commun de dialogue des résultats Google. Habituellement, cette technique est utilisée avec des intentions malignes. Montrons notre volonté d’inverser la logique pour faire monter nos échanges dans le référencement de la thématique de la LOLF. Pour ce faire, il suffit d’appliquer la technique du "bombing" que vous connaissez mieux que moi. Postez donc sur votre propre blog (peu importe le contexte) la phrase suivante : Le vrai blog de la LOLF, c’est le nôtre, en hyperliant ce membre de phrase par l’utilisation du lien précis suivant : http://www.alain-lambert-blog.org/index.php?La-lolf

Si vous êtes assez nombreux à le faire, cet espace deviendra rapidement le blog de la LOLF de référence. Je vous le demande comme un service, et aussi vous le propose comme une aventure à partager ensemble. C’est une belle réforme, il serait intéressant que les blogueurs participent au premier rang à la modernisation de l’action publique, à ce succès ! À sa réconcilation avec les Français, au-delà des querelles partisanes.

Quand le vin est tiré, il faut le boire. Ce proverbe bien connu nous enseigne que lorsqu’une affaire est engagée, il faut en accepter les suites, toutes les suites, même les plus délicates. C’est à cette situation qu’est désormais confronté le gouvernement, à la suite de la publication du rapport Pébereau sur la dette, après qu’il en a passé commande lui-même. Un constat alarmant et des préconisations très précises lui sont faites, à l’unanimité, par une commission supra partisane. Ne pas en tenir compte, ou surseoir, serait s’affaiblir ; le mettre en oeuvre immédiatement, intégralement et irrévocablement relève de la haute voltige politique, à 15 mois de la présidentielle.

La presse m’a attribué le souhait d’une loi de programmation du retour à l’équilibre de nos comptes publics. J’indique tout de suite que cette loi n’aurait de sens que si elle était adoptée non seulement par la majorité, mais aussi par l’opposition. Chacun sait qu’une telle démarche législative peut n’être jamais suivie d’effet. Ce ne serait pas la première fois, puisque la dernière loi de ce type, en 1993, n’a pas été respectée.

Je lis que le gouvernement réfléchit à une loi « organique » pour donner plus de solennité, de force, et de pérennité à cet engagement. C’est vite dit. Encore faudrait-il qu’on sache si, par le caractère organique de la loi, il souhaite se prémunir d’un risque ultérieur d’abrogation, en cas d’alternance… Dans cette hypothèse, il faudrait que ladite loi organique soit « relative au Sénat », ce qui oblige, en effet, pour la modifier, à ce que le texte soit adopté dans les mêmes termes par les deux assemblées. Mais rien n’est moins sûr, constitutionnellement, qu’une telle voie. Puis ne serait-ce pas vouloir faire jouer au Sénat un rôle de « blocage » ? Lequel rôle ne pourrait que l’affaiblir ultérieurement dans sa mission si utile d’un bon usage des pouvoirs.

Ceci me conduit à réaffirmer à nouveau, et avec force et conviction, combien je crois que l’unanimité supra partisane d’adoption du rapport Pébereau appelle le gouvernement à rechercher, d’abord et en premier lieu, un consensus pour sa mise en oeuvre. Si l’opposition s’y refuse, il sera toujours temps d’aviser. Elle aurait d’ailleurs tort de refuser, par principe, un engagement national de redressement des finances du pays, car ce redressement est la seule chance de trouver les marges de manoeuvre nécessaires pour mener une nouvelle politique.

Oui, quand le vin est tiré, il faut le boire. Et le temps est aussi venu pour chacun de prendre ses responsabilités. C’était le message que nous avions réussi à faire entendre, en 2001, avec Didier Migaud, pour l’adoption de la LOLF. Gageons que la sagesse qui a prévalu à cette époque s’exprimera à nouveau aujourd’hui. Nous étions alors encore plus près d’une présidentielle. Comme quoi rien n’est jamais impossible dans la politique, pour peu que l’intérêt général domine l’esprit partisan.


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