Riz, tofu et chocolats

par Clark Kent
lundi 14 janvier 2019

Le 19 novembre, l'homme le plus puissant de l'industrie automobile mondiale, était arrêté à la descente de son jet privé à l'aéroport de Haneda. C'est la dernière fois qu'il a été vu en public.

Carlos Ghosn est maintenant en prison depuis plus d’un mois.

Certains journaux ont suggéré qu'en minimisant sa rémunération, M. Ghosn faisait simplement ce que font beaucoup d'autres dirigeants, y compris au Japon et considèrent qu'il s'agit d'un cas de justice sélective. 

D'autres ont affirmé que Ghosn était victime d’un harcèlement judiciaire parce qu'il est étranger.

En réalité, sa chute personnelle ne peut être dissociée d’une rivalité entre deux états pour la position de leader dans le domaine de l’industrie automobile, la France et le Japon, et l’enjeu est l'avenir de l'alliance Renault-Nissan.

Au-delà des faits de corruption mis en avant par les procureurs japonais, la dureté du traitement fait apparaitre deux éléments :

Un ancien responsable du Ministère japonais du Commerce International et de l’Industrie, M. Kazuo Yawata, considère que le traitement très médiatisé de l’affaire en cours pourrait bien constituer le « suicide du système judiciaire japonais », une sorte de Hara-Kiri administratif. 

Quoi qu’il en soit, les enjeux échappent au commun des mortels et l’accusé, victime et/ou coupable, apparait de plus en plus amaigri lors de ses rares apparitions.

Alors, compatissants, les salariés de GM&S, équipementier automobile de La Souterrine, dans la Creuse, menacé de fermeture par le dumping social en vogue, ont voulu montrer qu’il étaient capables d’autre chose que de mettre le "bordel", comme l’avait dit Emmanuel Macron lors d'un déplacement à leur usine en octobre 2017.

A l’occasion de la nouvelle année et pour améliorer l’ordinaire des menus carcéraux nippons, ils ont envoyé à cet homme en difficulté qu'ils connaissent bien des chocolats , en les accompagnats de ces mots :

Cher Carlos Ghosn,

Vous étiez plus habitué aux atmosphères feutrées des salons huppés, au confort de votre jet privé, aux lumières de la jet set, il vous faut maintenant vous contenter de ce qui fait l’ordinaire d’un justiciable au Japon.

Nous compatissons !

Nous savons ce que c’est que de devoir se serrer la ceinture, depuis que vous et votre compère Carlos Tavares avez fait licencier 157 salariés de GM&S.

Nous savons ce que c’est que l’incertitude du lendemain depuis que vous avez rendu l’avenir de LSI ex GM&S encore plus précaire.

Comme c’est dommage de ne pas pouvoir profiter de vos 15 millions d’euros de revenus dans votre cellule ! Pour vous en consoler, ce petit cadeau, qui saura, nous l’espérons, vous faire retrouver le sourire.

Nous vous attendons en forme pour le procès intenté par les salariés et ex salariés de GM&S, car nous, nous croyons en la justice. À très vite !

La Souterraine, jeudi 10 janvier 2019

Les membres de l'Association de Soutien et de Défense GM&S

 

Au fait, bonne année à tous !


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