Les USA cherchent à tirer profit du conflit en Ukraine
par Patrice Bravo
mardi 10 septembre 2024
En attendant les élections de novembre, les démocrates et les républicains cherchent à tirer profit du conflit en Ukraine. Ils prétendent être ouverts aux négociations, mais ils exhortent Kiev à attaquer en profondeur la Russie. Les États-Unis utilisent l'OTAN et l'Union européenne pour faire pression sur Moscou.
Kamala Harris et Donald Trump vont débattre le 10 septembre. La dernière étape à l’élection présidentielle US prend forme. Les démocrates ont utilisé la politique étrangère comme un outil pour soutenir les États-Unis et garder le pouvoir.
En acceptant l'investiture démocrate, la candidate Kamala Harris a promis de se tenir auprès de l’Ukraine : « En tant que présidente, je resterai fermement aux côtés de l’Ukraine et de nos alliés de l'OTAN ». « J'ai contribué à mobiliser une réponse mondiale de plus de 50 pays pour se défendre contre l'agression de Poutine », a-t-elle précisé.
Cependant, elle a déçu de nombreux de ses partisans, en particulier les membres de la communauté ukrainienne aux États-Unis qui s'attendaient à des annonces percutantes pour soutenir le combat de Kiev. Elle a bien évoqué le conflit en marge de son discours, mais sans donner des précisions sur ses plans pour Kiev. Euronews stipule qu’« elle a fustigé les commentaires passés du candidat républicain Donald Trump sur le conflit [ukrainien] » et a déclaré que « cinq jours avant l'invasion russe en février 2022, elle avait averti le président Zelensky ».
Le candidat républicain Donald Trump annonce avoir un « plan précis » pour mettre fin au conflit en Ukraineais, mais il refuse de dire comment.
Les démocrates et les républicains ne visent qu’un objectif. Kamala Harris a encore sorti de belles paroles pour l’Ukraine en Suisse lors de la conférence de la paix où la Russie n’était pas conviée. Elle s'en est prise à Vladimir Poutine, accusé de « ne proposer qu’une reddition plutôt qu’une négociation » et elle a annoncé une aide de plus de 1,5 milliard de dollars, principalement pour le secteur énergétique et pour l'aide humanitaire. Il n'y a, donc, pas de changement de cap par rapport à la voie empruntée par Biden, c'est-à-dire celle qui conduit progressivement à l'affrontement direct avec Moscou où les pays européens se trouvent, maintenant, dans l’épicentre du conflit.
Escalades vers la guerre contre Moscou. Les démocrates avec Biden et Harris, comme vice-présidente, ont dépassé plusieurs lignes rouges énoncées par Moscou. Les armes, qui avaient été proscrites par le pouvoir démocrate US, sont dorénavant en Ukraine ou seront sur place bientôt. L'intention est d'accroître la pression sur le Kremlin et de montrer la détermination US. L’accord US donné à l’Ukraine pour recevoir des F-16 est, selon Global Times, jugé par la Chine comme une aggravation de la crise ukrainiennne et comme un affaiblissement des espoirs de paix.
Pour les observateurs chinois, « les décideurs américains placent une fois de plus leurs propres intérêts politiques avant une solution pacifique à la crise ukrainienne » et il est, selon Global Times, clair pour la Chine que « le gouvernement ukrainien n’a pas compris ce que l’Occident veut. Ce n’est pas la victoire de l’Ukraine, mais la prolongation de son conflit avec la Russie ».
Après la livraison des F-16 à quoi s’attendre ? Pour Reuters, les États-Unis sont « sur le point d'accorder des missiles à longue portée à l'Ukraine », précisant : « L'inclusion de missiles air-sol interarmées à distance (JASSM) dans [une livraison] d'armes devrait être annoncée cet automne ». Joe Biden continue de livrer des armes jusqu’au dernier moment de son mandat. Les JASSM pourraient avoir un impact stratégique car ils seront lancés depuis des points proches de la frontière nord de l'Ukraine avec la Russie. L’agence de presse US avertit qu’« ils pourraient permettre de frapper des installations militaires aussi éloignées que les villes russes de Voronej et de Briansk se trouvant à 349 km de Moscou. Au sud, les larguer près des lignes de front pourrait permettre de frapper des aérodromes ou des bases navales en Crimée ».
Les USA soutiennent les attaques en profondeur sur le territoire russe au tempo d'un métronome. La déclinaison de l’escalade dans la guerre contre la Russie, tout en restant loin et en employant les proxis européens de l’OTAN, est montrée par les déclarations US.
Selon Le Monde, en mai dernier « Joe Biden a autorisé l’Ukraine à frapper des cibles en Russie pour défendre Kharkiv » et « Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a, lui, réclamé que les pays alliés de l’Ukraine la laissent frapper la Russie avec les armes qu’ils lui fournissent ». En outre, d’après le quotidien français, la France soutient cette position.
Avec une information du 5 août dernier, Ouest-France fait savoir que « les États-Unis ont autorisé l’Ukraine à frapper la Russie jusqu’à Belgorod ». Le 6 août les troupes ukrainiennes sont entrées dans la région russe de Koursk.
La voie de l’escalade suivie par Washington devient de plus en plus provocatrice et calculée. D’ailleurs, le New York Times révèle que « dans les jours qui ont suivi l'offensive [de Koursk], les États-Unis et le Royaume-Uni ont fourni à l'Ukraine des images satellite et d'autres informations sur la région de Koursk.
L’escalade, qui continue vers la guerre avec les États-Unis, place les Européens en première ligne.
Pendant que les États-Unis restent à distance en utilisant des soldats européens de l’OTAN, Observateur Continental faisait savoir que « la défense orientale de l'OTAN va de la Finlande à la Roumanie via l’Ukraine ». Les États-Unis entrainent les armées européennes dans une guerre contre la Russie en poussant les armées européennes à affronter les soldats russes sur le front européen.
Ce vendredi, Volodymyr Zelensky s’est rendu en Allemagne à la méga base US de Ramstein à une réunion. « Zelensky fait pression sur les hauts responsables militaires américains pour qu'ils autorisent l'Ukraine à frapper plus profondément en Russie », titre Time. « L'Allemagne donne plus d'armes à l'Ukraine », rapporte la Deutsche Welle le même jour, soulignant que le conflit est devenu mondial : « Des hommes politiques et des soldats de 50 pays se sont à nouveau réunis en Allemagne » et que le président ukrainien « veut, par exemple, bombarder des aéroports militaires en Russie » et « des lieux » dans le territoire russe.
Pour préparer l’escalade et préparer les Européens à mourir pour les intérêts américains, Volodymyr Zelensky a rendu après Ramstein visite à Olaf Scholz à Berlin et s’est rendu en Italie pour - avant de voir la Première ministre italienne, Giorgia Meloni et réclamer des armes et des munitions - rencontrer la délégation du Congrès américain dirigée par le sénateur Lindsey Graham, membre du Parti républicain.
Ce dernier affirme que les États-Unis ne vont pas mourir pour l’Ukraine : « L’Ukraine tente d’arrêter Poutine pour que les États-Unis n’aient pas à le faire. L’Ukraine ne veut pas et n’a pas besoin de troupes américaines sur le terrain, elle a juste besoin d’armes et de la permission de combattre la Russie et de mettre fin à l’invasion non provoquée ».
Le sénateur républicain veut lever les restrictions pour bombarder dans la profondeur la Russie, montrant que les républicains et les démocrates jouent dans la même équipe pour faire la guerre à la Russie en employant les Européens, les reléguant au statut de chair à canon des Ukrainiens : « J’ai beaucoup apprécié la rencontre de notre délégation du Congrès avec le président Zelensky. Il est grand temps que nous autorisions l’Ukraine à utiliser les armes américaines à longue portée pour frapper les bases aériennes russes qui ciblent les civils ukrainiens et il est grand temps que nous autorisions les pilotes de F-16 de l’OTAN à la retraite à se joindre au combat. Je reviendrai à Washington plus déterminé que jamais à faire pression sur l’administration Biden pour qu’elle lève les restrictions sur les armes imposées à l’Ukraine et qu’elle fasse entrer dans le cockpit en Ukraine des pilotes de F-16 de l’OTAN à la retraite et expérimentés au combat. Après les élections, nous aurons besoin d’une aide supplémentaire pour les secours en cas de catastrophe dans notre propre pays, ainsi que d’une aide supplémentaire à Israël et à l’Ukraine. Poutine a besoin de voir davantage de soutien pour l’Ukraine alors que nous essayons de trouver une fin honorable à cette guerre. Victoire pour l’Ukraine ».
Les élections US n’apporteront pas la paix pour les Européens, au contraire - surtout que l’Europe accuse une forte désindustrialisation et une crise sociale et écomique qui sont les conséquences du soutien financier au conflit en Ukraine et des politiques promues par le diktat US.
Philippe Rosenthal
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Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6272