Une directrice d’école maternelle se suicide : Pas un mot sur la chaîne libérale LCI

par Coeur de la Beauce
samedi 28 septembre 2019

C'est peut-être ce qu'on appelle des choix d'information dans le microcosme médiatique. Une directrice d'école maternelle a été retrouvée morte dans l'enceinte de son établissement, situé à Pantin (93), lundi 23 septembre 2019. Il s'agit d'un suicide suite à un burn-out. Un de plus dans le corps enseignant. L'enseignante, Christine Renon, a laissé une lettre d'adieux pour expliquer les raisons de son geste : surcharge de travail, harcèlement larvé de la hiérarchie, enfants et familles de plus en plus difficiles à gérer...

On remarquera qu'à la date du 25/09/2019, seuls quelques sites d'infos ont relaté ce drame. Il n'y a pas eu une enquête, un dossier, proposé par une chaîne TV grand public pour aborder le mal-être des enseignants, un milieu où dépressions, maladies mentales liées au stress et tentatives de suicides se sont banalisées. Un milieu où il n'existe pas de médecine du travail, un milieu où les arrêts-maladies sont de plus en plus contrôlés et mis en cause. 

La palme du silence revient à la chaîne LCI, bien connue pour son amour des hussards de la république, que ses journalistes ne manquent jamais de mettre en valeur, au point de leur accorder des salaires astronomiques - les fameux 3800 euros par mois (voir un de mes précédents articles) - afin de vanter leur soi-disant confortable niveau de vie, à l'aube de la réforme des retraites en préparation au gouvernement. Aucune trace de ce fait divers sur le site web de la chaîne... 

Cette retenue devant le malaise enseignant a deux explications. Ne pas affoler les parents d'élèves et tenter d'accompagner cette fameuse réforme des retraites qui va paupériser davantage les vieux profs, ceux qui tiendront encore la corde au-delà de soixante ans.

Concernant LCI, un article publié par la chaîne libéralo-conservatrice il y a trois ans ne manque pas d'ironie et de provocation. Seuls les faits indiquant le manque de professionalisme de ces affreux fonctionnaires que la chaîne méprise par idéologie sont relatés :

https://www.lci.fr/faits-divers/violences-dans-une-ecole-maternelle-de-pantin-dix-mois-de-prison-avec-sursis-requis-contre-l-instituteur-2011842.html

Il s'agit du cas d'un professeur des écoles violent condamné pour avoir brutalisé ses élèves. Ici encore, cela devient d'une banalité écologique. Sauf qu'un détail ajoute du piment à l'article : l'âge de l'enseignant, soixante-et-un ans (!).

Curieusement, personne n'a fait remarquer que ce monsieur aurait été mis à la retraite d'office en d'autres temps, une retraite qu'il pouvait prendre à partir de cinquante-cinq ans il y a encore vingt ans. L'usure et le manque de patience liés à l'âge avancé de ce fonctionnaire expliquent ce qui s'est passé, et les dix mois de prison récoltés sont du coup la récompense accordée par la société pour ses décennies de service aux élèves, finalisés par ce dérapage. Ajoutons que dans ce cas de figure, l'hypothèse psychiatrique n'a pas été retenue, contrairement à d'autres cas de délinquance. Qui confierait vingt-cinq gamins, en partie désocialisés, à un(e) enseignant(e) de plus de soixante ans, cas qui ne se présentait pas en France il y a encore peu ?

Entre la chaîne info de Bouygues immobilier et le monde de l'éducation, il y a un gouffre de valeurs, de principes. La loi du fric et des voyous d'un côté, l'idéal républicain et humaniste de l'autre. Il y a en plus la propagande abjecte, consistant à faire passer pour des privilégiés des enseignants sous-payés. Christine Renon était très loin de gagner les fameux 3800 euros énoncés dans un reportage de la chaine consacré au salaire des profs. Publier des chiffres bidonnés, idéaliser au lieu d'apporter une juste critique, masquer les véritables problèmes : si LCI n'est pas une officine de propagande, qu'est-ce que la propagande ?

Notons le comble du morbide : les enfants seraient revenus à l'école dès le mardi, avec une "cellule psychologique" en accompagnement... Sans qu'une commission, pourtant prévue dans la loi, ne soit intervenue pour déterminer si les conditions étaient réunies pour le retour à la normale dans cette école. La décence et le respect ne sont pas les valeurs de la haute hiérarchie de l'éducation nationale, davantage affolée par les plaintes de parents paniqués à l'idée de devoir garder leurs gosses chez eux. Après tout, c'est dans la logique des choses. Pour LCI-Bouygues et leurs amis des pouvoirs publics, le décès de la directrice, c'est un salaire de "nantis" et une retraite de moins à verser... Comme quoi libéralisme économique et civilisation humaine sont difficilement compatibles !

Ci-joint un lien vers la lettre d'adieu de Christine Renon (issu du site du snudi-fo 93) :

https://docs.google.com/file/d/1jFuhXXPLU5eNET6WdEt1xOqhUPiorPv2/view


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