Le mythe de David contre Goliath

par Mikaël Cabon
mardi 6 juin 2006

Le mythe perdure de la victoire du faible face au puissant, de la justice contre l’infâmie. La réalité semble différente.

La télévision recèle parfois de moments étonnants.
La chaîne Planète diffusait dimanche un documentaire sur David et Goliath. Relatée par la Bible, le livre le plus lu de tous les temps (40 millions d’exemplaires achetés ou distribués chaque année) qui a fait de Jésus... un dieu du marketing, l’histoire est entrée dans notre imaginaire collectif comme la victoire du petit face au géant, du faible face au puissant. Et pourtant, les nouvelles techniques scientifiques et les multiples enquêtes des historiens montrent qu’il n’en fut pas comme nous le croyions. Déjà, dépassant les doutes des sceptiques, les deux personnages ont existé. Goliath mesurait six coudées, c’est dire s’il savait les lever quand il payait sa tournée au bar. Autant dire, un géant de plus de 2,5 mètres.

Ce gigantisme qui fait de lui le favori de la lutte qui va opposer ce Philistin à l’Israélite est en fait sa plus grande faiblesse. Car ce gigantisme, possible à l’époque, occasionne chez lui une acuité visuelle réduite : il voit mal sur les côtés. La cause ? Son nerf optique est touché par une tumeur. De plus, son armure rend ses mouvements lents, complexes et difficiles. En face, David joue sur du velours.

Présenté comme un enfant inexpérimenté, le futur roi cache de beaux atours : une profonde connaissance de l’art de la guerre apprise au contact des plus grands stratèges du royaume gouverné par Saül et une habilité au maniement de la fronde. Cette arme est considérée comme l’une des plus efficaces de son époque. Son impact vaut celui d’une balle de faible calibre d’un pistolet d’aujourd’hui. Bref, la cause est entendue. Quand le géant défie le camp des Israélites : « Moi, aujourd’hui, je lance le défi aux lignes d’Israël : donnez-moi un homme, pour que nous combattions ensemble »*, il court à sa perte.

David saisit dans sa poche (rien à voir avec Beckham) une fronde et ramasse un galet de la vallée du Jourdain. Ni une ni deux, celui-ci va ricocher sur le front du géant, qui s’écroule, mortellement blessé, d’autant que le petit David lui coupe doucement la tête et saisit ses armes pour montrer sa toute-puissance à ses ennemis. Le mythe s’écroule. Si le plus faible triomphe du plus puissant, ne devient-il pas lui-même l’incarnation de la force, et par là n’abandonne-t-il pas son chétif statut ?

Une fois monté sur le trône, David, prophète des religions monothéistes dont on sous-estime souvent les points communs, fera de Jérusalem la capitale de son royaume. Une décision lourde de conséquences pour la suite, comme nous le constatons encore aujourd’hui.

Reste une belle histoire contée à tous les enfants et qui préserve la morale et la peinture de l’Allemand Pierre-Paul Rubens.

En savoir plus sur le Net :

Outre Rubens, Caravage ,http://www.lexpress.fr/mag/arts/dossier/peinture/dossier.asp?ida=432322, David, Manfredi, http://www.insecula.com/oeuvre/O0017024.html, Guido Reni.

* Tiré de la Bible, voir le site : http://www.bible-service.net/site/218.html


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