#LoiTravail : Manifestation du 14 juin j’y étais j’ai vu #violencespolicières #manif14juin

par PRCF
jeudi 16 juin 2016

14 juin 2016, manifestation nationale pour le retrait total de la l’euro- loi travail (Euro, le préfixe est important car la loi El-Khomri est une directive européenne (GOPE) qui sévit actuellement aussi en Italie et en Belgique et visant –via l’inversion de la hiérarchie des normes, à casser les conventions collectives, à fragiliser les cadres horaires légaux, et à diminuer le tarif des heures supplémentaires, en clair faire baisser les salaires.)

Témoignage d’un militant du PRCF, venu de province pour la manifestation du 14 juin à Paris

14 juin 2016, manifestation nationale pour le retrait total de la l’euro- loi travail (Euro, le préfixe est important car la loi El-Khomri est une directive européenne (GOPE) qui sévit actuellement aussi en Italie et en Belgique et visant –via l’inversion de la hiérarchie des normes, à casser les conventions collectives, à fragiliser les cadres horaires légaux, et à diminuer le tarif des heures supplémentaires, en clair faire baisser les salaires.) Témoignage d'un militant du PRCF, venu de province pour la manifestation du 14 juin à Paris

J’y étais et j’ai vu : une foule immense, 1 million de personnes

A l’arrivée nord de Paris des dizaines et des dizaines de bus s’entassent porte d’Italie Valencienne , Bruay , Lens, Saint-Omer, Dunkerque, Beauvais, Arras, Douai, Amiens, Friville, Rouen…tout le nord de la France débarque sur le périphérique et rejoint en manifestation bruyante et colorée une place d’Italie déjà noire de monde et peinant à l’accueillir, la foule remonte dans les différents boulevards partout autour de la place. Attendu au point fixe du PRCF situé sur le boulevard Montparnasse pour une distribution de tracts , je dois ruser pour éviter les multiples barrages de police lourdement défendus (camions anti-émeutes grilles et gendarmes mobiles armés et caparaçonnés)  qui empêchent l’accès à ce boulevard depuis les rues perpendiculaires. [gallery columns="2" ids="28521,28522"] A 14h30 des dizaines, voire des centaines de véhicules de police qui occupent le boulevard Montparnasse encore vide, à l’exception de policiers en civil circulant à moto sans aucun signe distinctif alors que le port du matricule est pourtant obligatoire.

Une camionnette de RTL passe, c’est le seul média que je verrai sur le parcours… (Avec les photographes casqués qui accompagnent les casseurs).

J’y étais et j’ai vu : quelques dizaines de casseurs laissés libres d'agir par des milliers de policiers

A 14h40 cet immense colonne policière se met en mouvement, précédant l’arrivée d’un triple cordon de gendarmes mobiles qui prend position sur toute la largeur du boulevard juste au niveau de notre point fixe (situé sous un abri-bus), bloquant l’avancée du cortège. Ce cortège n’est pas un cortège syndical, il comprend quelques milliers d’autonomes majoritairement jeunes, équipés de foulards, de lunettes de plongée et de casques de vtt. A peine le cortège s’est-il arrêté que les lacrymogènes, vraisemblablement tirées depuis le côté droit de la manifestation fusent. Les manifestants bloqués et gazés restent en majorité calmes et scandent : « Paris, debout, soulève-toi ». Puis, une groupe de quelques dizaines d’individus cagoulés et armés de marteaux se mettent à briser les vitrines de l’agence bancaire située sur la gauche de la tête de cortège, le cordon policier reste impassible pendant plusieurs minutes, laissant les casseurs à l’œuvre, puis les grenades lacrymogènes se mettent à pleuvoir, le cordon policier recule tandis qu’aidés par leurs collègues positionnés sur le côté, les gendarmes mobiles chassent le petit groupe de casseurs en procédant à une charge. Aucune interpellation n’a lieu, le petit groupe de casseurs se repositionne quelques dizaines de mètres plus loin à l’intersection suivante où le même manège se reproduit. Selon plusieurs témoins situés sur d’autres points fixes, la scène se reproduira ad-nauseam jusqu’aux Invalides permettant d’obtenir ainsi au niveau de l’Hopital Necker des images spectaculaires visant à jeter le discrédit sur l’ensemble des manifestants.

Le cortège autonome passe ensuite, pacifiquement, les yeux rougis par les lacrymogènes scandant « Paris, debout, soulève-toi » et « Tout le monde déteste la police », pendant que nous tentons de remettre de l’ordre dans notre point fixe : les affiches ont été déchirées par les tirs de grenades et la charge ; le petit groupe de casseurs a fait un sort à l’abribus au passage.

 

J’y étais et j’ai vu : un cortège immense et pacifique

Après quelques minutes le service d’ordre syndical arrivent sur plusieurs rangs serrés, encadrant la tète de cortège à l’aide d’une corde sur plusieurs dizaines de mètres. La suite, ce sera une marée humaine interrompus de manifestants pacifiques défilant en rang serrés : aucun incident ne sera à déplorer, ni aucun slogan anti-policier jusqu’à mon départ à 17h30.Le dispositif policier des rues latérales ne tarde d’ailleurs pas à disparaître preuve s’il en est de l’absence totale de dégradation due au cortège syndical.

pic.twitter.com/pOwrh1INHh

— PRCF (@PRCF_) 14 juin 2016

Déjà 1h30 de manif et la marée rouge continue.#14juin pic.twitter.com/bQmDUJEdR4 — PRCF (@PRCF_) 14 juin 2016

Gloire aux dockers. #Manif14Juinpic.twitter.com/dVdoKNZyqy

— Anthony Leroi (@anthonyleroi) 14 juin 2016

[gallery columns="7" ids="28524,28515,28520,28523,28517,28513,28493"]

J’ai vu ensuite en remontant vers les Invalides des tags anarchistes sur les murs ainsi que des vitrines de banques et d’assurances brisées (spécialement avant les intersections, stigmates de la stratégie de la tension mise en place par les milices du (dés)ordre en tête de manifestation).

J’y étais et j’ai vu : des violences policières contre les syndicalistes et le cortège pacifique, un répression tout azimut totalement censurée par les médias aux ordres

Vers 18h, aux Invalides point de dispersion de la manifestation, un nombre impressionnant de bus attend les manifestants afin de leur permettre de regagner leurs régions d’origine… Dans une ambiance bonne enfant, et conscient du succès de la manifestation, les manifestants attendent que leurs bus soient au complet pour partir. Il y a là notamment un gros bataillon de dockers qui attendent calmement et pacifiquement de monter dans leurs cars, c’est alors qu’à la surprise générale les lacrymogènes se mettent à tomber, gazant les manifestants encore en train d’arriver, tandis que des unités de CRS et de gendarmes mobiles empêchent la sortie de l’esplanade aux bus ainsi qu’aux manifestants, une manifestante âgée (80 ans) de mon propre bus sera ainsi gazée à quelques mètres de l’autocar. Le scandale de l’esplanade des Invalides ne fait que commencer, les milices gouvernementales se mettent alors en mouvement et arrosent la place de grenades lacrymogènes. Des grenades sont tirées sur le toit des bus ou dans leurs fenêtres, (plusieurs seront brisées) alors que ceux-ci rangés en files serrées ne peuvent pas faire mouvement. Dans le même temps, les dockers sont encerclés gazés et chargés sans raison aucune… sinon l’espoir que quelques cannettes ou pavés volent en direction des assaillants ? Nous verrons depuis les fenêtres de notre bus plusieurs blessés parmi les dockers et plusieurs ambulances passer. Pendant de longs instants la pagaille s’installe. Dans un brouillard de lacrymogène, les policiers pris au piège entre les bus qu’ils viennent d’attaquer essaient de faire circuler ces lourds véhicules qui les empêchent de matraquer à loisir les dockers. Notre bus mettra plus d’une heure à quitter l’esplanade des Invalides. J’apprends sur twitter que plusieurs manifestants ont été blessés dont au moins un très grièvement par une grenade lacrymogène qui a pénétré dans sa colonne vertébrale ! Sur les ondes de Radio-France, pendant que les lacrymogènes pleuvent nous apprenons que la préfecture de Police annonce (sans aucune peur du ridicule) 80 000 manifestants, le "journaliste" ne parle au sujet de la manifestation que des dégâts à l’hôpital Necker (quelques éclats sur des vitres se trouvant derrière un car de police anti-émeute). Le lendemain Valls et Hollande parlerons d’interdire les manifestations (mais pas l’euro, ni les fan-zones !), tandis que SGP-FO police contestera les ordres données par la haute hiérarchie, et la stratégie policière . Nous venons d’assister à une manifestation réussie, à une démonstration de force populaire, et à une honteuse manipulation médiatique, doublée d’une répression policière scandaleuse.

Le 14 juin j’y étais avec un million d’autres, nous étions la force, nous étions le nombre et nous avons vu la violence d’un gouvernement aux abois et les mensonges d’une presse aux ordres.

source : www.initiative-communiste.fr

Notre camarade Annie Lacroix-Riz, historienne, a accepté de commenter ces violences d'état contre le mouvement social qui se situent désormais à un niveau inusité depuis des décennies.

Contre le mouvement social et face à la crise du Capitalisme, comme dans les années 30, la classe capitaliste choisit la fascisation

Ce blocage des rues est systématique depuis les manifestations contre la loi El Khomri, et on ne peut avoir de doutes sur les provocations destinées à fabriquer un « juin 1968 » pour tenter d’esquiver le mai, qui a, on nous l’a fait oublier depuis des décennies, été le plus grand mouvement social français depuis 1936. C’est à ce niveau-là qu’il faut porter la réaction contre cette politique « européenne » de casse systématique de près d’un siècle d’acquis sociaux ; Autrement, le camp patronal ira plus loin car, comme disait en 2008 Christian Streiff, lieutenant des Peugeot, il n’y a pas de limite à la baisse des prix de revient. L’article de Martine Orange dans Mediapart vient de rappeler ce qui ne bénéficiait guère, jusqu’ici, de notoriété (ndlr mais que dénonce depuis des années www.initiative-communiste.fr ) : tous les peuples d’« Europe » promis au pain sec en même temps. Ah, quel utile « paravent » que les « consignes européennes » pour une « stratégie du choc », violente au surplus, elle l’est toujours. La « gauche gouvernementale » prétend désormais circonscrire la droite et l’extrême droite (si proches l’une de l’autre) en pratiquant ouvertement leur ligne, non seulement sociale mais répressive, comme Daladier en 38-40, et avec des intentions formellement démontrées, pour l’ère pré-Pétain, par les sources historiques. Il serait temps de regarder en face son histoire, notamment celle des grandes crises du capitalisme… Je manifeste depuis la deuxième moitié des années 1960, et je n’ai vu un tel comportement policier que dans lesdites sources, par exemple contre les travailleurs de Renault en novembre 1938.

Quelques chiffres à titre de comparaison.

Les syndicats de policiers dénoncent les ordres du ministère

Pour Alliance, la stratégie de laissez-faire du gouvernement n'a qu'un objectif, jeter le discrédit sur l'ensemble de la mobilisation contre la Loi Travail., JeanClaude delage : "Je pense que ça vise aussi à discréditer le mouvement social et syndical parce qu’évidemment, lorsque des syndicalistes manifestent contre un texte et qu’il y a des casseurs qui cassent tout dans le quartier, que les riverains sont exaspérés et que la police ne peut pas rapidement intervenir, et bien ça discrédite aussi quelque part le mouvement social"

d'autres témoignages publiés sur le net :

La violence gratuite n'est pas le monopole d'une partie des manifestants. #manif14juinpic.twitter.com/sDU9K2cHme — OneRadex (@OneRadex) 14 juin 2016

Signez la pétition contre les violences policières : #Justicepourlapolice : reconnaissez et condamnez les violences policières


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