Confessions d’un hétérosexuel de 57 ans

par rpplbis
mercredi 24 mai 2023

Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé De Frédéric Beigbeder ; Albin Michel.

Le livre débute sur les explications que F. Beigbeder doit donner à sa fille de 3 ans : La maison a été taguée dans la nuit. Une femme se souvient qu’il a ri quand elle lui a parlé d’une agression sexuelle en 2003, dont il ne se souvient pas. Les féministes suprémacistes lui reprochent d’autres choses. Elles ont tenté de l’empêcher de s’exprimer à la librairie Mollat à Bordeaux. Faire taire les autres, c’est tellement bien ! On peut imaginer qu’un jour ceux qu’on a voulu faire taire voudront vous faire taire. On peut l’imaginer, mais on peut aussi ne pas y penser ! Ne pas y penser, ne pas en parler, c’est comme si cela n’existait pas. 

Chapitre 1/ Moi aussi, je suis une victime. Il est des groupes qui se sont fait reconnaître comme victimes, de base, par principe. Frédéric Beigbeder raconte plusieurs histoires, des situations difficiles, dangereuses, dans lesquelles il lui est impossible d’exercer une quelconque volonté pour éloigner le danger, c’est-à-dire une situation de victime. Les hommes sont statués comme bourreaux. Point barre. « …j’étais rejeté, condamné, interdit pour mon existence propre. (…) j’étais victime d’un apartheid anti-mâles hétéros. » 2/ Adieu la coke ; comme son nom l’indique. 3/ le refuge. Beigbeder fait une retraite dans un monastère, il trouve « la liberté entre quatre murs épais. » Il est un caméléon, s’émeut des chants et des prières, mais fait le mur pour voir un match de foot au café du village…. 4/ Un chaos structuré. Il fait un court séjour dans le 21e RIMA (Régiment d'Infanterie de Marine). C’est plus étonnant que la retraite monacale mais cela y ressemble : Des hommes dans un même bain contraignant et très réglé, avec un idéal pour moyen et pour but. Frédéric Beigbeder fait des exploits à l’entrainement, dont il ne revient pas lui-même. 5/ Un désir effrayant. Ces aventures en isolement relatif ne l’ont pas « guéri de sa pire addiction : le sexe. » Il rejoint les féministes les plus radicales » Le désir sexuel, la libido, est une souffrance : pas moyen d’y échapper. « nous (les hommes) sommes des bêtes, c’est vrai, mais nous en souffrons autant que les femmes. Nous souffrons d’être programmés pour vous vouloir. Et maintenant, nous souffrons d’être déprogrammés ». Beigbeder défend la « légèreté ». Il ne théorise pas, alors qu’il touche là le fond de l’affaire. Dans ses termes porno-imagés : « Le premier australopithèque qui a dit à une femme : « Je vais te protéger des ours mais en échange tu vas me sucer le membre » était-il un prédateur toxique ou juste l’inventeur du business win-win ? ». Cette idée de déconstruction est une atteinte morale difficile à supporter. « Nous ne sommes pas des monstres. L’immense majorité des hommes se contiennent tout le temps. Voilà pourquoi nous soupirons. Pfff. » 

Je suis une victime de cette condamnation identitaire. Je ne parle pas beaucoup de ce fait : après m’avoir diffamé cent fois dans trente pages immondes, les juges se sont amnistiés eux-mêmes de m’avoir jugé par essence, par identité. Ils ont écrit que je ne pouvais prendre leur décision comme une condamnation de mon attitude, de mes faits, de mes gestes. Ils me démolissent (me déconstruisent ?) et disent ensuite qu’ils ne m’ont pas fait de mal. Ce passage de mon divorce est tout-à-fait remarquable et signifie bien le caractère identitaire de leur condamnation : tu es un mâle, tu ne peux qu’être coupable, on invente ce qu’il faut pour que tu sois déclaré tel. 

Merci Frédéric Beigbeder, qui est bien plus léger que moi sur ces questions, merci de ce livre.

 

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