Subir la décroissance

par olivier cabanel
lundi 13 mai 2024

La question du choix « croissance ou décroissance » ne se pose plus, car cette décroissance, elle est déjà en route, il va falloir s’y habituer, et surtout, se poser la question : comment la gérer…

Il s’appelle Aurélien Barrau, et cet astrophysicien philosophe mérite d’être entendu, car son analyse de notre situation est d’une rare pertinence…

Lors d’une conférence il s’est largement exprimé sur la décroissance, qui, pour lui, n’est plus du domaine du choix, elle est là, et il faudrait plutôt s’intéresser à sa gestion.

Il a commencé son intervention sur le changement de l’axe de rotation de la terre, et il précise que tout ce qui se passe à la surface de la terre a légèrement infléchi l’axe de rotation de la terre, sauf que, jusqu’à présent, ce n’était pas mesurable… : « quand un éléphant se déplace, il participe à ce changement, sauf qu’on ne pouvait pas le mesurer, mais ce qui est remarquable c’est qu’aujourd’hui, c’est mesurable ».

Le changement est infime, mais il est là, inéluctable, et pour Barrau, nous en sommes en grande partie responsables, et toute la vie sur terre dépend de cette inclinaison...les saisons entre autres.

Il n’est pas le seul à s’inquiéter de cette situation : le Professeur Ki-Weon Seo de l’université nationale de Séoul est arrivé à la même conclusion : «  sur des temps géologiques, environ tous les 41 000 ans, l’inclinaison de l’axe de la Terre peut varier entre 22° et 25°. or les variations d’origine humaine sont observables sur 2 décennies seulement, d’autant plus que la principale problématique concerne un changement anormal de la direction de l’axe de rotation de la Terre  ». lien

Un rapport scientifique daté de 2016 le confirme : « les données géodésiques spatiales et gravimétriques pour la période 2003-2015 montrent que toutes les principales caractéristiques du mouvement polaire s’expliquent par le transport de masse continent-océan à l’échelle mondiale. Les changements dans le stockage terrestre de l’eau (TWS) (…) expliquent ensemble la quasi-totalité de l’amplitude et du changement de direction moyen du changement observé  ». lien

Les nappes phréatiques sont des réserves d’eau douce, enfouies sous la surface de la terre. Ces poches parviennent à retenir l’eau parce qu’elles sont posées sur des plateaux rocheux relativement imperméables. Selon un rapport de l’Unesco, daté de 2022, sur la nécessité de valoriser les ressources en eau, notamment souterraines, elles représentent 99 % de la totalité de l’eau douce sur Terre. lien

Le professeur de Séoul précise : « on estime entre 11,1 millions et 15,9 millions le nombre de mètres cube d’eau qui s’y trouvent, mais ces volumes ne se renouvellent pratiquement pas ».

Des chercheurs de l’Académie des sciences chinoises sont arrivés à la même conclusion, affirmant que la fonte des glaciers, due au changement climatique a suffisamment redistribué les eaux, accélérant le déplacement du pôle nord, mettant aussi en cause les pompages des eaux souterraines. lien

Mais revenons à la conférence de Barrau...

S’il est vrai que tous nos déplacements, comme ceux des animaux, y participent, il y a d’autres raisons à ce changement, dus en grande partie à notre activité prédatrice.

Vider la terre de ses ressources, en sortant du sol les minerais dont notre industrie est gourmande modifie donc en profondeur le fonctionnement de notre planète.

Pour ne rien arranger, notre activité a enclenché le changement climatique, et finalement, les banquises ayant en partie fondu, la répartition des masses colossales d’eau changeant, l’axe de la planète est modifié…

il insiste sur une réalité incontournable, en pompant, tels des Shadoks en folie, l’eau, et les minerais, nous nous mettons dans une situation délicate, pour laquelle il n’est plus possible de revenir en arrière aujourd’hui, même si ce déplacement de l’axe de la terre reste encore marginal voire symbolique.

En pompant de plus en plus dans les nappes les eaux profondes, on oublie que nous nous mettons dans une situation « non renouvelable »...d’autant qu’au niveau des minerais énergétique, on a déjà extrait quasi la moitié de ce qui est disponible, et les extractions vont fatalement diminuer...du coup la question de la décroissance ne se pose plus, car elle est déjà une réalité.

Ce qui est plus grave, c’est que « la planète commence à être façonnée par les humains ».

En haut lieu, ça ne semble pas avoir ému grand monde, puisqu’on sait que, depuis 2016, les banques ont financé à hauteur de 1000 milliards les activités fossiles des grandes entreprises. lien

Barrau se pose aussi la question qui tue : « est-ce qu’on pourra savoir dans 100 millions d’années si l’être humain a existé ?...ça ne sera pas facile (…) on ne pourra pas le voir en étudiant les carottages, parce que la glace aura disparu...mais en revanche on constatera une chute draconienne de la vie sur terre, en étudiant les fossiles, sans que soit évoqué une raison géologique ou climatique  ».

Aurélien en conclut que la question du choix de la décroissance ne se pose plus aujourd’hui, car elle est en route d’ores et déjà, vu que les stocks de ces richesses terrestres n’est pas illimité, il n’est pas renouvelable.

Pour le philosophe, nous devrions plutôt mettre en place des stratégies pour gérer ce qui est déjà en train d’arriver.

À ce moment de la conférence, Barrau évoque l’activité artistique, car comme il le dit, « l’artiste ne peut créer que sous la contrainte (…) et la contrainte est donc un moteur de la création, de l’invention »... » et cette opportunité de contrainte qui nous est offerte devrait finalement nous réjouir, affirme le conférencier.

Or si nous continuons comme si de rien n’était, nous allons vers des situations compliquées, avec des génocides, des dictatures, des guerres et il remarque qu’actuellement, ce ne sont pas de grands démocrates qui gagnent aujourd’hui toutes les élections ... lien

Nous voilà prévenus...la contrainte évoquée par l’astrophysicien va-t-elle générer des solutions pour échapper au pire ?…

Comme dit mon vieil ami africain : « la Terre est ronde afin que l’on ne puisse pas voir trop loin notre route ». 

l’image illustrant l’article vient de RTBF

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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