Catastrophe sanitaire de Minamata : 50 ans déjà

par Henry Moreigne
jeudi 11 mai 2006

Minamata. Un nom à connotation exotique qui n’aurait jamais dû désigner autre chose qu’une localité et sa baie au sud du Japon. Malheureusement pour ses habitants, Minamata est aujourd’hui associée, sur le plan environnemental, à une pollution majeure aux métaux lourds et à ses conséquences sanitaires que le milieu médical désigne désormais par les termes : la maladie de Minamata.

Officiellement tout a débuté le 1er mai 1956, date à laquelle était enregistrée la première victime de cette pollution qui se traduit pour les humains par des troubles neurologiques graves ainsi que par des malformations chez les nouveau-nés.

L’alerte avait être donnée par... des chats, et plus précisément ceux du port, qui devenaient fous et préféraient parfois se noyer plutôt que de continuer à souffrir.

A l’issue de diverses expériences, le Dr Hosokata, employé de la firme pétrochimique locale Chisso, acquit la conviction que les origines du problème étaient liées à une pollution par le mercure. Dans la population, les pêcheurs, comme les chats, grands consommateurs de poisson, étaient les plus touchés par cette étrange maladie.

Installée à Minamata depuis 1907, l’usine de la compagnie Chisso rejette dans la mer, dès 1932, des métaux lourds, et notamment du mercure. Ces déversements continueront jusqu’en 1968, date à laquelle un nouveau procédé industriel plus économique, accessoirement moins polluant, est mis en place. Sous le poids du groupe Chisso, le silence et l’inaction auront prévalu de trop nombreuses années. Dans l’intervalle, au-delà des chiffres officiels (900 décès, 2200 malades) on estime que près de 2 millions de personnes ont été touchées. La culpabilité de la compagnie Chisso est définitivement confirmée par la Cour suprême en 1988. Il faudra cependant attendre 1996 pour que des victimes soient indemnisées.

Afin de diminuer les concentrations de mercure dans la baie, de titanesques opérations de dragage ont dû être réalisées pour retirer et traiter 1,5 million de m3 de sédiments. La pêche, elle, demeura interdite pendant plus de quarante ans. Soixante-dix ans après le début de la pollution, les conséquences sont toujours présentes.


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