Cachemire : danger !

par Bernard Lallement
vendredi 21 octobre 2005

Le séisme qui a ravagé le Cachemire, le 8 octobre, aurait fait, à ce jour, plus de 47 000 morts, et trois millions de personnes sont toujours sans abri. 120 000 enfants restent inaccessibles à tout secours, dont 10 000 d’entre eux susceptibles de mourir de faim et de maladies.
L’aide humanitaire peine à s’organiser et à être acheminée. Seul un tiers des demandes de l’Unicef a été pourvu. Rien à voir avec le Tsunami du 26 décembre 04, qui avait suscité un élan exceptionnel de solidarité, au point de voir des ONG refuser des dons. Il est vrai que, parmi les 150 000 victimes, figuraient nombre d’habitants de pays riches venus passer, dans le Pacifique, les fêtes de Noël.


Le ravage de la Louisiane par Katrina a bien plus mobilisé les médias, et les commentateurs de la blogsphère, que la catastrophe touchant cette zone du Pakistan, à la frontière de l’Inde, où tout n’est que ruine et désastre. Il s’agit d’une des parties les plus démunies et les plus peuplées du monde.
Notre compassion devient sélective, en fonction de l’intérêt que nous y prenons. L’Indonésie, la Thaïlande voyaient venir les occidentaux en vacances. Sans cela, on peut imaginer, avec effroi, que la solidarité internationale aurait pu être moindre. La Louisiane, c’est l’Amérique, le pays phare du monde libre, même si la tragédie qui a frappé les États du sud en a révélé la face cachée. Mais le Cachemire, personne ne s’y rend en tourisme, et des fondamentalistes islamistes vont même s’y entraîner, en vue du grand Djihad !
Encore une fois, il faut relever combien les pauvres sont toujours les plus durement touchés. Faut-il, encore et toujours, rappeler que 40 % de la population mondiale vit en dessous du seuil de pauvreté... Dans un demi-siècle, si rien n’est entrepris, ce sera la moitié de l’humanité qui sera réduite à survivre dans la plus grande précarité. Et les tragédies qu’elle sera amenée à subir n’auront, comme seule réponse, que la parcimonieuse charité octroyée par les plus puissants. Les pays riches ne leur concèdent guère plus de 0,25 % de leur PIB comme aide.
Peut-on sérieusement envisager comme viable, sur le long terme, une société générant de plus en plus de pauvres, et une concentration des richesses dans un nombre sans cesse plus restreint d’hommes, qui achèteront leur quiétude par une aumône ?
Les timides réformes ne sauraient y apporter de réponses pérennes. Il devient urgent d’envisager une alternative résolue, un changement radical de nos systèmes de valeurs.
Il faut n’avoir plus rien à espérer pour être tout à fait brave, disait Alain. C’est de cette religion-là que se nourrissent les terroristes et les kamikazes. Et ce qui se passe actuellement ne peut que renforcer leur conviction.


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