Trafic d’êtres humains

par C’est Nabum
mercredi 26 juillet 2023

 

Simples valeurs marchandes.

 

Certains très naïfs ou bien totalement aveuglés ont encore des yeux de Chimène pour ces étranges millionnaires qui courent après un ballon rond dans les nouvelles arènes de la décadence. D'autres sont révulsés à l'idée que ces individus gagnent ce que le commun considère comme des fortunes alors qu'ils ne se servent de leur tête que pour repousser le référentiel rebondissant. Adulés par les uns, honnis par les autres, pourtant, il faut bien l'avouer, ces riches malheureux sont les impuissantes victimes d'un trafic d'êtres humains.

Le Qatar qui n'a jamais brillé pour son amour des droits humains en dépit de la magnifique offrande qu'on fit à cette nation en échange de promesses illusoires, démontre de manière spectaculaire que le football n'est plus un sport mais un vaste commerce où les joueurs ne sont que des marchandises à la valeur marchande dépendante des lois du marché.

Certes, ces nouveaux esclaves disposent de magnifiques carottes pour avaler la pilule de l'abolition de leur liberté. Ils sont grassement rémunérés afin d'accepter qu'en dépit des apparences, ils ont des chaînes aux pieds. Les contrats signés en contrepartie de salaires mirobolants ne sont que des renoncements à leur liberté du travail.

Le transfert d'un joueur est la porte ouverte à l'entrée dans une logique d'achats et de reventes pour faire monter la valeur d'un produit qu'on ballotera d'un club à l'autre, d'un pays à l'autre afin que chaque mouvement s'accompagne d'une plus-value astronomique pour les trafiquants dirigeants (je n'ose écrire : « négriers » et pourtant …).

La complexité des mouvements est telle qu'un maquignon, fut-il un parent ou agent du susdit objet des enchères y perd son honneur. La mutation peut se doubler d'un prêt, assorti d'une option d'achat ou d'une possibilité de rémunération par le vendeur qui alors n'est qu'un loueur en leasing à moins qu'il ne devienne un cireur de banc dans un loft … Vous mesurez à quel point, la pratique est d'une merveilleuse simplicité !

 

Le produit échangé, prêté, vendu, frigorifié, exporté, déplacé, relégué n'a rien à dire. Il espère simplement, selon l'astucieuse théorie du ruissellement appliquée aux douches des vestiaires,

bénéficier de coups de pouce de son salaire en échange de l'abolition de sa liberté. Cette contrepartie financière permet de faire passer ce commerce de la rotondité de la planète foot, pour une exemplaire démonstration des lois du libéralisme.

 

Qu'un Président de la République, fut-il un enfant gâté incapable de juger de la réalité complexe du monde des adultes, puisse se mêler de cette odieuse marchandisation d'humain relève une fois encore de la plus honteuse ignominie. Mais laissons de côté ce Prince de « l'Uberisation de toute chose y compris les êtres humains pour dénoncer ce qui occupe encore nos antennes et les conversations.

Bien-sûr, la communication a trouvé des formules aseptisées pour que cette pratique scandaleuse passe comme une lettre à la poste. On nomme ces enchères d'esclaves modernes le Mercato, pour désigner un marché dénué de toute humanité. Pour doubler la mise et surtout les gains, il existe deux périodes de vente, deux saisons favorables au déplacement des marchandises d'un club à l'autre.

Les transferts multiples et tous azimuts affirment la primauté de la liberté planétaire de mouvement des marchandises alors que les humains ne disposent pas de ce droit élémentaire. Dans le cas particulier de ceux dont la signature en bas d'une licence atteste qu'ils acceptent de leur plein gré de n'être plus que des objets, ils renoncent implicitement à se prévaloir des droits humains. Vive le sport !

À contre-pied.


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