Un fort mauvais payeur

par C’est Nabum
jeudi 31 août 2023

 

Coupure en pleine canicule.

 

Monsieur A.G ... est un fort mauvais payeur pour son fournisseur d'énergie. Non pas qu'il soit l'un de ses clients qui faute de revenus suffisants ne peut régler la note, faisant le choix de l'alimentaire ou bien qu'il soit un de ces procrastinateurs de la facture. Non, il n'est pas non plus un profiteur qui tire toujours plus sur la ficelle pour vivre aux crochets de la société. Il paie rubis sur l'ongle, le jour de l'échéance.

Mais voilà, l'homme ne se plie pas aux règles implicites de notre société du contrôle et de l'injonction permanente. Il envoie à terme échu un chèque bancaire ce qui en fait, pour l'organisme de recouvrement de la société fournisseuse d'énergie, un insupportable client, un dangereux exemple et un mauvais sujet qui exige une procédure complexe de recouvrement.

Ne pensez pas que ces chèques soient en bois. Notre ami n'a pas connu d'accident de paiement (à l'exception de retards de quelques jours tout au plus), son compte étant approvisionné pour régler en temps et en heure sa facture énergétique. Mais tout ceci n'a aucune importance semble-t-il puisque ce mercredi 23 août, au cœur de la canicule, des sbires de ces canailles sont venus couper le jus chez ce fort mauvais payeur.

C'est à croire que le geste est délibérément placé en une période où l'accès à l'électricité peut être vitale ou pour le moins essentiel. C'est précisément le cas pour notre ami qui après une très sérieuse crise cardiaque (il est équipé d'un défibrillateur) a absolument besoin de son appareil respiratoire pour lui épargner une apnée du sommeil massive. Croyez-vous que nos lascars se soient souciés de cela avant que de sévir sans raison ?

L'usager, au début, a cru naturellement à une coupure de secteur puisqu'il avait la conscience tranquille et qu'il ne reçut par la poste, l'avis de coupure que six jours après l'action de représailles. C'est en sortant de son immeuble surchauffé (une circonstance aggravante pour ce fournisseur sans éthique) qu'il se rendit compte qu'il était le seul dans ce cas. Son compteur était manifestement bloqué par l'opération insidieuse et malhonnête d'une société qui ne respecte pas ses engagements.

Le téléphone chauffa à son tour et fort heureusement pour lui, il dispose d'un mobile qui était opportunément chargé. C'est ainsi qu'il apprit à sa plus grande stupéfaction que son service avait été suspendu pour défaut de paiement ce qu'il nia véhémentement à une opératrice qui faisait ce qu'elle pouvait. Après avoir entendu les remarques de son client, elle s'enquit de la cause d'une erreur manifeste.

C'est ainsi que tous deux apprirent que la castration électrique avait été commanditée par l'organisme de recouvrement, une société naturellement différente du fournisseur d'énergie, car dans ce système, la théorie du ruissellement vaut pour toutes les strates du parasitisme libéral. C'est donc pour un crime plus odieux encore qu'un défaut de paiement qu'il se trouvait sans électricité par 34° Celsius. Il y avait de quoi bouillir intérieurement.

Après bien des palabres, il obtient satisfaction, le courant allait revenir : pour ce marinier la chose était d'importance. Il ignorait alors qu'il y avait aussi de l'eau dans le gaz. Le fournisseur jouerait de son fabuleux compteur Linky pour rétablir le jus à distance mais devait envoyer le lendemain une équipe gazière ad hoc.

Ainsi le client hériterait d'un nouveau contrat dont on lui ferait cadeau des frais inhérents à son ouverture à l'exception du déplacement des gaziers dont il était responsable par son obstination bancaire. La générosité de cette société dont je tairai le nom par prudence, tant ces gens sont capables de procédures pour laver leur honneur à défaut d'un comportement simplement humain, a des limites qui se suffissent de ce seul geste éminemment commercial. Le racket n'a pas d'odeur, comme l'argent de l'énergie.

Le désagrément non plus car pour entrer en contact avec les gaziers, il fallut jouer du téléphone, supporter des musiques électroniques détestables pour patienter un temps infini, trouver un horaire compatible avec un technicien qui agit, lui, avec courtoisie, mandaté hélas par une entreprise qui depuis longtemps a perdu de vue la notion de service public. Rappelons que la seule faute de cet abonné, était de ne pas payer comme l'entend l'entreprise de recouvrement.

Le nouveau contrat précise naturellement le mode de paiement des échéances sans que l'abonné dispose du choix des armes. Le liquide et le chèque ne semblant pas convenir au courant. Les amateurs de navigation s'étonneront de cette manière de penser. Les autres, les moutons du libéralisme applaudiront à deux mains cette injonction au prélèvement automatique, si simple et si moderne. La perte de contrôle sur nos existences doit être totale pour les tenants de ce système de l'asservissement.

À contre-compte


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