Météo : une bulle de chaleur traverse l’Europe

par hommelibre
samedi 6 avril 2024

« Il est revenu le grand printemps. Le sud s’est ouvert comme une bouche. Ça a soufflé une longue haleine, humide et tiède… » Jean Giono décrivait ainsi l’arrivée des premières vraies chaleurs printanières, en 1930 dans son roman Regain.

Elles sont là ces premières chaleur. C’est une bulle, ou une langue d’air chaud qui suit l’itinéraire habituel : Sahara, Maroc, Espagne, France puis Europe centrale.

Une dépression sur l’atlantique et un anticyclone sur l’Europe de l’est forment un immense aspirateur, comme le montre l’image du site Windy pour le vendredi 5 avril (cliquer pour agrandir).

Le gif animé plus loin reprend les images du jeudi 4 au jeudi suivant à 15 heures. On voit l’air chaud monter, puis être remplacé dès mardi par de l’air frais du nord-ouest. Selon la modélisation on attend un gros choc thermique : la perte de 10 à 14 degrés.

Entendu sur une chaîne d’info : cette poussée chaude est due au réchauffement climatique.

Le RC ou GW (Global warming) est mis à toutes les sauces. D’abord ces montées chaudes sont normales et habituelles. Le texte de Giono en 1930 est explicite. Elles n’ont rien d’extraordinaire. Elles sont attendues. La hauteur des températures prévues ne dépasse pas beaucoup les anciens records à Genève : par exemple le 5 avril 1961 il a fait 23.2°, et cette année 23,4°. Hier 4 avril le maximum était de 19,4° et en 1985 de 23,4°.

 

Parler de réchauffement du climat pour un simple épisode météorologique est comme souvent abusif. Le réchauffement est une chose que l’on constate mais qui par exemple n’explique pas la prévalence des pressions atmosphériques et des courants aériens qui font ainsi monter cette chaleur.

Les montées d’air chaud sont aussi connues et normales que les descentes d’air froid. Elles ne sont pas en elles-mêmes des signes pertinent du réchauffement. On peut mesurer ponctuellement et localement 8 degrés au-dessus d’une moyenne, celle-ci ne passera que de 29° à 30° sur la durée puisque le réchauffement est d’environ 1°.

Il suffirait d’un anticyclone à la place de la dépression atlantique et l’air se refroidirait aussi sec. C’est d’ailleurs ce qui devrait se passer la semaine prochaine.

S’il y a davantage de chaleur dans l’atmosphère elle doit cependant circuler, elle le fait grâce aux courants aériens, jeux des pressions, jet stream, etc. Le sud est chaud.

Au Sahara les moyennes estivales se situent entre 40° et 50°. C’est habituel. Ce qui change dans les épisodes chauds que connaît l’Europe est l’installation plus fréquente et parfois durable de flux du sud (donc d’air saharien) et l’augmentation de l'ensoleillement.

Pour le plaisir d’un beau texte j’ajoute la fin du paragraphe de Giono, sa somptueuse description de l'arrivée de l'air du sud :

« … et les fleurs ont tressailli dans les graines, et la terre toute ronde s’est mise à mûrir comme un fruit. L’escadre des nuages a largué les amarres. Ça a fait un grand et long charroi de nues qui montaient vers le nord. Ça a duré ; à mesure, on sentait la terre qui se gonflait de toutes ces pluies et de la vie réveillée de l’herbe. Enfin, une belle fois, on a vu bouillonner le ciel libre sous la poupe du dernier nuage. Il est resté pourtant une balayure de ciel et elle flotte, accrochée au clocher d’Aubignane comme un linge autour d’une pierre dans un ruisseau. » (Livre de poche, p. 180).

 


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