Libre-échangisme ...

par JPCiron
vendredi 14 avril 2023

Les spécialistes ''dans le vent'' nous disent que le libre-échangisme c'est bon pour la santé... Mais, depuis qu'on s'y est mis, on a chopé pustules et boutons... et on en est maintenant couverts.... Il y a un truc !

(photo JPCiron)

 

Nos 'élites' élues (et celles cooptées entre copains-copines à Bruxelles) n'en démordent pas : le marché libre, il n'y a que ça de vrai ! Pourtant, les ouvriers comprennent que la concurrence chinoise fait baisser les salaires.

 

Il faut expliquer de quoi parlent les libre-échangistes  :

 

 

>> Le parti-pris du Libre-Échange

 

J'ai choisi de citer l'économiste Léon Walras car, outre ses incontestables compétences mathématiques, sa sincérité est désarmante, et éclaire un sujet que moult zélateurs du libre-échangisme ont appris depuis à masquer (ou qu'ils ne voient simplement plus).

C'est vers le milieu de son 'pavé' de 600 pages « Théorie mathématique de la Richesse Sociale  » (1) qu'il explicite le concept de Libre-Échange autrement que par des formules & graphiques mathématiques  :

 

Voici deux de ses points essentiels de définition : la richesse sociale, c'est toutes choses qui peuvent avoir une valeur et qui peuvent s'échanger. La théorie mathématique de l'échange, c'est l'expression mathématique du mécanisme de libre- échange.

C'est clair, n'est-ce pas ? Il s'agit d'un acte de foi économique.

 

Chose qu'il explicite : « La valeur d'échange ou de la richesse sociale est un fait naturel et par conséquent l'économie politique est une science naturelle. » (i.e. qui suit les lois naturelles).

Il souligne d'ailleurs que « La valeur d'échange est un fait naturel, comme la pesanteur, la chaleur, ... » Ce qui permet de « constater le caractère de fatalité inévitable » de l'effet des calculs mathématiques.

Ce qui par conséquent justifie « la prescription unique de rendre la pratique sociale conforme aux indications naturelles. » En clair : les gens s'ajustent !

 

Si l'on s'extrait de l'acte de foi économique, peuvent alors être intégrées des considérations de bien-être ou de morale (ou de bon-sens  ?) pouvant mener à être de l'avis de taxer, de tarifer, ou de réglementer certains échanges de biens et de services...

… Ce qui nous ramène à l'analyse des ouvriers dont on vient de parler.

 

 

>> Le pour et le contre du Libre-Échangisme

 

Se poser des questions sur l'opportunité de ce Système n'est pas une hérésie : même Keynes, en 1933, reconnaissait que le Libre-Échange pouvait être, dans certaines circonstances, une erreur. Ref. son article sur la « National Self-Sufficiency » (l'autosuffisance au niveau national). http://gesd.free.fr/knat33.pdf

 

D'éminents économistes soutiennent depuis longtemps que les conséquences du Libre-Échangisme sont bien visibles. Ainsi, Emmanuel Todd en mentionne plusieurs  : «  baisse des revenus du plus grand nombre, enrichissement exagéré du 1% de ploutocrates [=> explosion des inégalités], contraction de l’État social, incertitude, peur. » (2) Avec des conséquences mesurables : sécurités obtenues rognées, baisse du nombre d'ouvriers, baisse des dotations aux hôpitaux, au corps enseignants, à la Justice.

E. Todd précise : « Les gens sérieux devraient avoir le courage de dire à quel niveau de revenus l'équilibre s'établira entre salaires européens, chinois et indiens. Sans le calculer, je peux affirmer que le système politique français n'y résisterait pas. » (2) Mais alors, où va-t-on ? Que fait-on ?

 

L'ouvrier moyen nous dira aussi qu'il n'est pas raisonnable d'exporter notre pollution en Chine ou dans d'autres pays à bas salaires. La pollution de ce que nous achetons dans ces pays-là devrait être estimée et rajoutée à notre compte... et contribuer à accroître nos objectifs de réduction ! Si les COP successives étaient un poil sérieuses, c'est ce qu'elles auraient exigé depuis longtemps ! Mais les COP, c'est beaucoup de vent !

En outre, autrefois, avant le Libre Échange effréné, les salaires étaient perçus par les entreprises comme de la consommation à venir. Aujourd'hui, les salaires sont simplement un coût à réduire. Et la consommation à venir perdue, ce sera l'affaire de la population qui viendra après nous !

 

Et les Écolos où sont-ils ? Ils tournent leur veste au gré des vents !

 

Et les Syndicats ? Ils sont obnubilés par la répartition du gâteau. Quelles luttes pour améliorer la taille et la qualité du gâteau ?

 

Et les Politiques ? Comme les souris, ils sont occupés à défendre leur siège et leur fromage. Des parasites opportunistes ? Je blague... Quand même, j'avais soutenu qu'avec l'équipe Hollande, on avait touché le fond... mauvaise pioche !

 

Il ne reste que le bon Peuple. Mais, quoi qu'il vote au Parlement ou à la Présidentielle, le Système et les ''élites'' ne démordent pas du Libre-Échange ! Et via les copains-copines cooptés à Bruxelles, ils nous le remettent, le Libre-Échange, aussi par le haut !

« Ayant été les premiers touchés, les ouvriers et les jeunes ont été les premiers à contester la globalisation. » (2) Ça finira mal. Mais ce n'est pas l'objet de ce billet.

 

 

>> Le remède Protectionniste

 

Il faut donc faire comprendre à nos élites que le Protectionnisme éclairé, c'est ce qu'on leur commande de faire. En France, quel est le ministère en charge de coordonner la mise en œuvre du protectionnisme dans tous les domaines ? Il doit indiquer son Plan et le programme de mise en œuvre.

 

Bien sûr, ils vont tous hurler que ce n'est pas possible, qu'il y a des engagements, des accords, des traités mêmes, européens et internationaux. Mais ils ont tort ! Ce qu'ils disent, c'était le monde ''d'avant''. Maintenant, c'est fini ! De nos jours, la signature d'un papier n'a plus aucune valeur. Les Américains l'ont bien compris, qui se sont retirés de tout un tas de traités où ils avaient apposé leur signature.

Et ils subventionnent à fond chez eux. C'est le pragmatisme moderne.

Bien sûr, il peut y avoir un coût : le Gouvernement doit expliquer au Parlement les bénéfices et les coûts. S'ils ne le font pas, il faut virer tout ça. Démocratiquement.

Même la France et l'Allemagne l'avaient compris quand ils se sont engagés dans les pseudo-négociations de Minsk. Le Président avait dit, il me semble, que ça nous coûtera à nous, les effets de ces sanctions infligées à la Russie... mais ça coûte cent fois plus que ce que l'on a laissé entendre aux gens.

 

Donc, on taxe, on tarifie, on réglemente. D'abord avec des taux prudents, puis on se rapproche progressivement de l'objectif. Et on subventionne convenablement, pour retenir nos entreprises, et pour leur permettre de monter en puissance.

 

Bien sûr, la libre circulation des marchandises et des biens est une très bonne chose tant que les avantages pour nous ont le dessus sur les inconvénients pour nous, dans le court terme, mais surtout dans le temps long.

 

 

>> En Conclusion

 

«  Le Libre-Échange non régulé favorise aussi sûrement la haine entre les peuples que l'autarcie totalitaire. » (2) (Emmanuel Todd)

 

Et, comme on nous fait bien sentir que l'on se dirige vers toujours plus de peur et de haine, il faudrait donc ''se préparer'' aux guerres en cours et à venir. En écoutant nos Médias et nos Politiques, c'est comme si c'était une évidence ! Mais nous aussi sommes manipulés pour produire toujours plus de profits pour d'autres.

 

« La gestion du capitalisme industriel et financier obéit aux seules lois de l'argent. » (2) Devant l'incurie de notre ''classe dominante'' E. Todd préfère utiliser le terme de ''classe dérivante''....

 

 

JPCiron

 

 

°°°°°°°°°°°°°°° NOTES °°°°°°°°°°°°

 

.. (1) – Ouvrage « Théorie Mathématique de la Richesse Sociale » par Léon Walras – Economica - 1993

 

.. (2) – Ouvrage « Après la démocratie » par Emmanuel Todd – Gallimard / Folio actuel - 2008

 

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