La science en crise dans un monde en crise, révolution, retournement, renaissance

par Bernard Dugué
vendredi 1er avril 2022

 0) Retournement, révolution, renaissance, l’avenir appartient aux audacieux qui sauront se saisir des perches tendues par les ramifications de la crise des sciences contemporaines. La France dit retrouver son esprit de conquête intellectuelle et ne plus avoir peur des changements, des risques, des audaces.

 

 1) Un virus venu de Chine et deux ans plus tard, 6 millions de décès selon les chiffres officiels, le double ou le triple selon les estimations livrées par le pifomètre. Deux ans de restrictions et une crise sanitaire sans précédent depuis un siècle, une crise amplifiée par les peurs et les décisions autoritaires des dirigeants. A cette secousse sanitaire planétaire s’est ajoutée une autre secousse, militaire, avec un épicentre en Ukraine, pays livré à la tragédie des armes et par effets systémique, des répercussions en Europe sans que l’on anticipe les conséquences au niveau planétaire. Les carburants sont plus chers, les matières alimentaires aussi. Ici en France, l’élection présidentielle ressemble à une farce, presque indécente au regard de la tragédie qui se déroule à l’est. Dans ces moments si indécis, le futur se dérobe, l’avenir se trouble et beaucoup cherchent à se raccrocher aux branches de l’Histoire, pour y trouver refuge, réconfort et parfois, une boîte à outil bien dérisoire au regard de la complexité du monde d’aujourd’hui. Il se dit que dans ces périodes troubles minées par les guerres et les maladies, une renaissance est possible moyennant une mobilisation des facultés de l’imagination, comme à la fin du XVIe siècle.

 

 2) Je me suis toujours demandé s’il y avait une connivence entre les tourments d’une époque et les grandes découvertes offertes par les savants ; Copernic, Newton, Darwin, Planck, Einstein et tant d’autres. Qu’il y ait un lien explicite entre la philosophie et l’histoire, cela ne fait aucun doute mais la science, n’est-elle pas neutre, ne suit-elle pas son propre cours, avec son timing spécifique, faisant basculer les théories et les paradigmes dès que le moment est venu, que les génies s’emparent du kairos en sondant la solidité des édifices théoriques et en décelant les failles ne pouvant être résorbées avec les outils disponibles ? Je n’ai pas la réponse à cette question mais je sais que des bouleversements scientifiques sont engagés, à l’insu de l’opinion et même de la plupart des scientifiques.

 

 3) La physique est en crise. Le modèle standard des particules contient une boîte noire et rien n’est sorti du LHC depuis le boson de Higgs. La césure des forces électrofaible et forte hante les théoriciens, et les cosmologistes regardent le ciel et pensent l’invisible, cherchent les signes attestant de la présence de trou noir, se demandant pourquoi la constante cosmologique a la valeur que l’observation lui attribue après calculs. Matière noire et énergie sombre gâchent le bal des relativistes et toutes ces énigmes s’entrelacent et convergent vers la gravité quantique. Comment concilier les deux piliers de la physique ? Dieu y est-il pour quelque chose. Le mystère se vit mais transparaît-il dans la grande énigme de l’univers et de l’homme ?

 

 4) Entre la matière et l’homme il y a trois milliards d’années. Oui, tout ce temps pour que la vie émerge, que les cellules arrivent, les organismes, les bilatériens, les tétrapodes, les mammifères et enfin l’homme. Trois milliards pour ça, pour arriver à l’apparition de créatures qui ne trouvent rien de mieux à faire que de se massacrer en se disputant un territoire au nom de valeurs que chaque camp décrète être préférables voire supérieures à celle de l’ennemi. La science de l’évolution réfléchit d’une toute autre manière à ces trois milliards d’années et se demande comment la vie a émergé et évolué. Elle dispose d’un modèle standard qui est en crise et contient des lacunes énormes ignorées ici par une opinion que les scientifiques ne veulent pas éclairer, de peur que la crise de l’évolutionnisme ne précipite les gens dans l’enfer du créationnisme. Les avancées conceptuelles sont remarquables. La biosémantique et la biologie des codes s’associent aux approches incorporant les sciences physiques et la téléologie s’invite dans cette fête des idées nouvelles. Si le bonheur était une idée nouvelle en Europe au siècle des Lumières, la téléologie est une idée riche de promesses. De plus, un suivi sans précédent d’un virus pandémique a livré une somme colossale de données. Les spécialistes ne comprennent pas pourquoi ces changement de séquence, ces variants, ces petits détails dans la protéine spike qui amplifiant la contagiosité du virus et même modifient son tropisme. Les observations expérimentales sont parfois à l’origine de grandes révolutions scientifiques et elles les accompagnent.

 

 5) Les sciences de l’homme sont aussi en crise mais elles s’enivrent de neurosciences, croyant trouver la solution de l’émergence de la conscience dans une machine de Turing boostée par les computers quantiques. Le transhumanisme ensorcelle l’opinion, laissant accroire à une nouvelle étape de l’évolution humaine alors que l’homme augmenté n’est qu’un individu déclassé, domestiqué comme le fut le loup, devenus le chien du numérique, docile et dépendant des applications et de l’intelligence numériques, ces laisses technologiques réunissant les sous-hommes pour un bal masqué sans âme. La conscience est ailleurs, entre l’énigme des neurones et le grand mystère de la Trinité. Les découvertes du réseau RMD et du réseau de saillance ouvrent le chemin vers une révolution en sciences du cerveau. Les scientifiques sauront-ils saisir les indices et les nouveaux concepts tracés à la frontière des neurosciences et de la théologie renforcée par la métaphysique ou plutôt l’inverse. Existence, essence et être, un triplet qui a de l’avenir.

 


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