Ni oubli ni pardon ! Non à un pouvoir sans vergogne !

par Singala
lundi 9 décembre 2019

En hommage à la mémoire de Zineb Rédouane

‌‌‌Je voudrais partager un questionnement et un sentiment de révolte concernant la mort de Zineb Rédouane, cette octogénaire marseillaise, victime d'un ou de plusieurs tirs lors du 3ème samedi de manifestation des GJ à Marseille le 2 décembre 2018. Tout indique que dans cette affaire on a voulu très tôt éteindre l’incendie qui à cette occasion menaçait de s’étendre de façon incontrolable pour le pouvoir, en ce moment d’acmé du mouvement des Gilets Jaunes ; il faut imaginer en effet ce qui se serait produit si la vérité avait été faite à ce moment-là sur la réalité des faits : un tir de la police a tué une vieille dame à Marseille alors qu’elle était à sa fenêtre et s’apprêtait à la refermer. Le couvercle s’est refermé très vite sur cet évènement très grave. Ca s’appelle effacer les traces, double crime.
J'étais donc samedi avec quelques centaines de manifestants à battre le pavé marseillais, accompagnés de casqués relativement discrets, pour rendre hommage à la personne de Zineb Rédouane et réclamer vérité et justice. Il appartient en effet à la justice, puisque l'examen de cette affaire a été dépaysé de Marseille à Lyon, de trancher la question de savoir si cette mort est due à un malheureux concours de circonstance, thèse officielle, ou s'il s'agit d'un crime ; et si crime il y a, s'il a été commis volontairement ou non. Une des conditions de base pour que la justice puisse opérer c'est que l'auteur du ou des tirs, soit au minimum entendu et interrogé, ce qui n'a pas encore pu se faire un an après les faits et qui est loin d'être probable vu l'omerta politique et médiatique sur l'affaire. Depuis le 2 décembre 2018 jusqu'à aujourd'hui c'est silence radio, la cause est entendue pour Mr Castaner, Mme Belloubet et Mr Tarabeux, procureur à Marseille, et tous les communicants aux ordres : Mme Rédouane serait morte de la rencontre fortuite et brutale avec une grenade tirée "en cloche" retombant selon sa trajectoire propre et les lois de la pesanteur, de sorte que, étant donné ses "antécédents médicaux lourds" le"choc opératoire" ( dixit le procureur) lui a été fatal, c'est bien malheureux !

Pour que vous en jugiez par vous-même voici quelques liens, entre autres.
https://www.youtube.com/watch?v=GpLzWiT8brM


https://lemediapresse.fr/politique/exclusif-mort-de-zineb-redouane-lautopsie-algerienne-qui-contredit-les-autorites-francaises/

L’ autre point révoltant que je voudrais évoquer est d’un tout autre régistre et renvoie à notre actualité la plus ...actuelle : les retraites et la situation sociale. Le lien de ce point avec l'affaire Zineb Rédouane, est dans la place qu’occupe le mensonge sous toutes ses formes au sommet de l’Etat. L’Etat est ainsi ravalé jusqu’à être un pur instrument aux mains d’un groupe particulier. C’est ici que la pratique rejoint la théorie, un certain Karl Marx ayant souvent soulevé ce lièvre sans en ignorer la complexité. Cette question me parait fondamentale pour l'avenir du pays. Elle est devant nous comme une sorte de mur à traverser car ce n’est pas une question simple.
Ceux qui se sont bougés en 2010, en 2003 et plus loin encore pour certains en 1995, retrouveront dans l'actualité des grèves et mouvements à venir, des similitudes, des discours rebattus... une évidente continuité en somme , mais aussi du nouveau : ce nouveau consiste en un rapport complètement décomplexé avec l’État (et donc avec le peuple). Autrement dit il s'agit au temps du macronisme de finir le boulot largement entamé par d'autres et de confisquer ouvertement et le plus complètement possible l’État au profit d'une petite élite surpuissante. Il s'agit de s'approprier l’État sans état d’âme en lui enlevant tout ce qu’il contient de garant du commun. Macron est certes l'aboutissement d'une politique anti-populaire de longue date, mais cette forme aboutie du néolibéralisme à la française qu'est le macronisme montre que désormais nous entrons dans autre chose. Voila la fameuse "rupture", la "Révolution" qu'il appelait de ses vœux dès 2016, à s'en étrangler de jouissance non contenue. Voila sans doute le nouveau du macronisme : être sans vergogne et faire passer cela pour de la franchise. Il y a les "premiers de cordées" et puis il y a tous les autres. Macron n'a pas honte d'interpeler Untel en lui disant d'aller traverser la rue pour chercher du boulot ; il n'a pas honte de traiter des ouvrières d'illettrées ; il n'a pas honte de traiter de fainéants les français et les Gilets Jaunes de Jojos, etc. etc. Macron sera, pour l'histoire, ce personnage assez énigmatique et comme surgi du chapeau, qui aura réussi la fusion-acquisition de la très haute administration et de la très haute finance, et en même temps de la gauche bourgeoise et de la droite bourgeoise. Cela donne une indéniable force au macronisme / c'est cela son coté réel / dans la mesure ou il a tué les contradictions au sein de la classe dirigeante. Cette force ne peut que se durcir et aller vers encore plus d'autoritarisme, la logique historique va dans ce sens. Quand le droit ne limite plus la force, c'est cette dernière qui fait la loi, cela ouvre la voie à de nouvelles formes de dictature, mais aussi à ce qui peut les arrêter.
Cela m'évoque un des fragments célèbre des Pensées de Blaise Pascal :

"La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique. (c'est moi qui souligne)
La justice sans force est contredite parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.
La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice, et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste.
Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

Revenons pour finir à la réforme des retraites. Une vidéo d'Henri Sterdyniak (des "économistes atterrés") démonte en quelques minutes le mensonge d’État concernant la S.S. et les Comptes des Finances Publiques.


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