La dégradation de la liberté des médias en Europe s’amplifie

par Patrice Bravo
vendredi 3 mai 2024

Des chercheurs ont documenté l’état alarmant de la liberté des médias en Europe. Les journalistes de pays européens – tout comme la France – sont de plus en plus attaqués, menacés, licenciés.

État alarmant de la liberté de la presse en Europe. Dans les pays démocratiques, il est dangereux d’être un journaliste qui effectue son travail. Les chercheurs ont documenté l’état alarmant de la liberté des médias en Europe. Cela est dû, entre autres, au nombre croissant d'attaques contre des journalistes sans évoquer le mauvais salaire de ces derniers et les contrats instables.
 
Des menaces graves pour la sécurité des journalistes et pour la liberté des médias en Europe. La Plateforme pour la sécurité des journalistes recense les menaces graves concernant la sécurité des journalistes et la liberté des médias en Europe. Les ONG internationales et associations de journalistes invitées – transmettent des alertes sur des violations de la liberté de la presse et publient des rapports annuels sur la situation de la liberté des médias et de la sécurité des journalistes en Europe.

La plateforme constate des attaques contre la presse en France. Observateur Continental ne donne que quelques exemples tant la liste est longue pour les divers pays européens. Les locaux du média en ligne français Konbini ont été vandalisés. « Dans la nuit du 27 mars 2024, les locaux du média en ligne français Konbini, dans le 10ème arrondissement de Paris, ont été vandalisés par un groupe d'individus qui ont collé des affiches sur la façade du bâtiment et sur les murs de la cour intérieure, accusant le média de relayer la propagande du Hamas ». Il y a « des restrictions, obstructions et intimidations contre des journalistes qui couvrent des manifestations en faveur de l'environnement ». « La dessinatrice de presse française Coco a été menacée de mort ».
 
Médiapart s’indigne que « les millions de téléspectateurs et de téléspectatrices qui regardent quotidiennement BFMTV ne verront jamais sur les fameux bandeaux déroulants de bas d’écran le terme de violences policières ». Au Parisien et à France 3, les sociétés des journalistes dénoncent un traitement biaisé et partisan de l’information. L’emploi du terme « violences policières », « politiquement connoté » est interdit aux journalistes.
 
Le journaliste français, Jean-François Achilli, a été licencié par le groupe public dirigé par Sibyle Veil pour avoir osé parler avec Jordan Bardella de son projet de livre.

« En tant que service public il y a certaines valeurs », a martelé Adèle Van Reeth, directrice de France Inter. « Nous sommes une radio publique, on se doit de servir l'intérêt général. En ce qui concerne, par exemple, le réchauffement climatique et la cause écologique, on a décidé de ne pas donner la parole à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique. C'est un engagement de Radio France au nom d'une valeur qui est qui est à la hauteur de la mission qu'on doit accomplir ».
 
En Allemagne, « les journalistes russes Matvei Kurdyukov et Sergey Podsytnik du média d'opposition russe Protokol déclarent être surveillés dans ce pays ». « Un reporter indépendant pour Sachsen Fernsehen a été agressé après une manifestation à Leipzig ». « Une enquête révèle que la journaliste russe Galina Timchenko (la cofondatrice du site d’information russe Meduza) a été ciblée par le logiciel espion Pegasus ». « Le journaliste David Janzen trouve des menaces de mort sur le pas de sa porte ».

Belgique, « un journaliste indépendant a été arrêté alors qu'il couvrait des émeutes consécutives au match de la Coupe du monde de football France-Maroc ». « Des journalistes de l’hebdomadaire Humo ont été victimes de harcèlement ».
 
Espagne, « un responsable de la Communauté de Madrid a menacé des journalistes et a divulgué leurs données personnelles à la suite d'articles de presse ». « La journaliste Rosa Roda se voit refuser une accréditation par la région de Murcie ». « Deux journalistes d'El Mundo et d'El Español ont été arrêtés en reportage depuis une manifestation ».
 
Finlande, « les journalistes Annastiina Heikkilä et David Mac Dougall ont été victimes de harcèlement en ligne après la publication d'articles ». « La police entrave la couverture d’une manifestation par le photojournaliste Miro Johansson ».
 
Lettonie, « un projet vise à interdire le contenu en langue russe dans les médias publics lettons ». « La licence de diffusion lettone de la chaîne de télévision russe Dojd (TV Rain) a été révoquée ».

Royaume-Uni, « maintien en détention du fondateur et éditeur de WikiLeaks, Julian Assange ». « Un parlementaire nord-irlandais engage des poursuites judiciaires contre des journalistes ». « Will Jordan, Daniel Balint-Kurti et le Journalism Development Network ont été poursuivis pour diffamation à la suite d'un article d'investigation ». « Le projet de loi relatif aux droits de l'homme risque de fragiliser la liberté des médias ». « Des journalistes ont été exclus du voyage de presse du Gouvernement au Rwanda ».

Pologne, « la police arrête et interroge un journaliste d'investigation et un caméraman ukrainiens ». « Impunité après l'assassinat du journaliste polonais Jarosław Ziętara en 1992 ». « Gaz System poursuit Zielone Wiadomości en diffamation ». « Le journaliste espagnol Pablo González a été arrêté et poursuivi pour espionnage en Pologne ». « Pablo Gonzalez est détenu en Pologne. La justice du pays l’accuse d’être un espion russe. Ce correspondant de guerre free-lance, originaire du Pays basque espagnol serait emprisonné sans preuve, dans des conditions difficiles, selon sa famille », fait savoir France3

Observateur Continental avait noté que « le Premier ministre polonaise, Donald Tusk, a fait limoger les équipes dirigeantes des médias d’État. Il a envoyé la police dans des médias d'État pour licencier les équipes dirigeantes ».

Pour l’Ukraine, la plateforme enregistre « 4 cas d’impunité pour meurtre qui ont été enregistrés. 21 journalistes sont actuellement en détention ». La liste est plus longue est consultable sur le site de la plateforme. 

Enfin, Reporters sans frontières confirment la destruction de la liberté des médias dans son dernier rapport, indiquant que la France se trouve à la 24è place dans le classement, derrière la Namibie. Et, les États-Unis sont à la 45è place. L’ONG avertit que depuis le 7 octobre 2023, plus de 105 journalistes ont été tués par l’armée israélienne à Gaza dont au moins 22 dans l’exercice de leurs fonctions. Israël a la 97è place. 

Les attaques contre les journalistes et l'accès limité aux informations d'intérêt public ont de graves conséquences sur la liberté des médias en Europe. La liberté et le pluralisme des médias restent dangereusement proches du point de rupture dans de nombreux pays de l’UE. Ils doivent être presque complètement relancés », indique le rapport annuel de Liberties, qui examine 19 pays de l’UE. 

Le harcèlement des professionnels des médias a un « effet dissuasif » sur leur capacité à demander des comptes à des personnalités puissantes, a déclaré le réseau basé à Berlin. Le rapport révèle également que les femmes journalistes sont confrontées à un nombre disproportionné d'attaques et de menaces. 

« La loi européenne sur la liberté des médias ne répond pas à de nombreuses questions urgentes dans le paysage médiatique européen et ne s'attaque qu'à un nombre limité de menaces à la liberté et au pluralisme des médias », ont déclaré les chercheurs dans le rapport. 

Pierre Duval

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source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5919


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