C’est un modeste...

par rosemar
mardi 7 mai 2019

"Les pays, c'est pas ça qui manque,
On vient au monde à Salamanque
A Paris, Bordeaux, Lille, Brest(e).
Lui, la nativité le prit
Du côté des Saintes-Maries,
C'est un modeste.

Comme jadis a fait un roi,
Il serait bien fichu, je crois,
De donner le trône et le reste
Contre un seul cheval camarguais
Bancal, vieux, borgne, fatigué,


C'est un modeste..."

 

 

Tout le monde connaît cette chanson de Georges Brassens, intitulé Le modeste...

Ce mot tout simple vient d'un nom latin "modus", "la mesure, la modération". Le modeste est celui qui sait faire preuve de retenue et de réserve...

Ce terme n'est-il pas un modèle de simplicité ? Dentales "d" et "t" se répondent en un écho, on est sensible, en écoutant ce mot, à la douceur de la sifflante "s", de la labiale "m" initiale, pouvant évoquer une bouche fermée qui ne s'exhale pas en paroles inutiles.

Le modeste refuse les excès et fait preuve d'une certaine pondération, dans ses propos... J'aime la modestie et la réserve, qualités qui ont tendance à se perdre dans le monde moderne.

J'aime la douceur de ce mot... Mais, pour beaucoup, la modestie n'est plus une vertu, elle se mue en discrétion, sournoiserie, mutisme.

Dans un monde où règnent la futilité, l'intempérance, l'arrogance, la vraie modestie n'a plus guère sa place.

Vive la modestie ! Elle est réservée, souvent, aux gens humbles et simples.

J'en fais partie ! Issue du peuple, j'entends rester dans cette réserve et cette pudeur : j'entends ne pas renier mes origines...

Je refuse d'utiliser un langage ordurier, démesuré... je refuse de mépriser et d'invectiver les autres.

L'orgueil des grands de ce monde, leur morgue ne me conviennent pas... J'entends réhabiliter la modestie et la mesure, je refuse les excès de l'intempérance, je dénonce l'hybris sous toutes ses formes.

L'hybris, la démesure, le superflu ne sont-ils pas les principaux défauts de notre monde ? Consommation débridée, gaspillages, excès de langage, insultes, mépris de l'humanité, mépris des autres sont l'essence de notre monde.

Il faut les dénoncer et souligner l'importance du respect qui passe par une certaine modération, une modestie de bon aloi...

Le modeste ne gêne pas les autres, refuse de se montrer ostensiblement aux autres, il fait preuve de pudeur.

Le modeste reste dans les limites de la raison, de la réflexion, mais dans un monde où s'imposent le règne de l'image, la démesure du progrès et ses excès, la course à l'innovation, à la consommation d'objets futiles, la modestie semble ne plus être à l'honneur...

Quand on évoque la modestie, on songe, bien sûr, à Georges Brassens, lui-même, on songe aussi à ce grand humaniste que fut Montaigne, un auteur plein de grandeur et d'humilité : dès le début des Essais, Montaigne affirme que son but est modeste et qu'il ne prétend enseigner aucune doctrine...

La modestie : voilà une vertu oubliée, livrée en pâture à ceux qui prétendent s'imposer, sans modération.

 

 

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