Les leçons d’un naufrage

par C’est Nabum
lundi 11 novembre 2024

 

Touché - Coulé

 

De ce côté de l'Atlantique, les résultats de l'élection américaine, pour peu que l'on croie encore quelque peu en la sagesse de nos semblables les humains constituent un véritable coup de poing dans la figure. Il vient immédiatement à l'esprit une réflexion à la Goscinny : « Ils sont fous ces américains ! » avant que finalement, ce qui semble évident apparaisse soudainement bien plus complexe et trouble.

De quel droit du reste nous pourrions ainsi juger un résultat qui échappe à la lecture du monde d'une partie de plus en plus réduite des électorats mondiaux. C'est à croire que le mensonge, la vulgarité, le machisme, l'intolérance, la violence verbale, la démagogie et l'outrance idéologique sont devenues les éléments qui attirent désormais nombre d'électeurs. On devrait alors, à l'aulne de cette remarque se demander si nous avons légitimité à donner des leçons quand on observe notre représentation nationale et notre Monarque qui à vrai dire, peu ou prou, s'efforcent à suivre ce nouveau modèle.

Comment le monde en est-il arrivé à reprendre le chemin mortifère des années 30 du siècle dernier en oubliant avec ostentation quelle en fut l'issue détestable ? Il ne suffit pas de dire que l'histoire est un perpétuel recommencement pour admettre la dérive des intelligences, la cécité des électeurs, la folie de ceux qui par calcul empruntent de telles voies. Nous devons objectivement chercher à comprendre pourquoi la raison, la sagesse, la modération, la tolérance ne sont plus des valeurs qui guident nos choix.

D'une part, il me semble qu'il y a fondamentalement un effondrement du niveau global de l'efficience intellectuelle. Une immense machinerie a été mise en place à base de publicité, de consumérisme, de société de la distraction décadente, d'affaiblissement des structures d'éducation et de nivellement vers le bas des exigences scolaires et culturelles pour transformer la grande masse des individus en un troupeau bêlant prompt à suivre les pires des bergers.

Tout participe à cette volonté de nous mener par le bout du nez à partir de slogans minables, de rendez-vous oiseux, de commémorations débilitantes, de nouvelles fêtes païennes et d'une idolâtrie dégradante. Le phénomène prend une telle ampleur que voter devient non seulement un exercice trop difficile mais qui plus est, une exigence de réflexion qui échappe à une grande partie de nos concitoyens.

D'autre part, dans ce contexte d'abrutissement, les partis eux-mêmes n'échappent pas à cette désolation, se contentant de faire émerger de leurs rangs, des êtres qui sont peu ou prou à l'image de cette société de la déliquescence tous azimuts. Nul ne peut se satisfaire du niveau des débats dans les assemblées, de la médiocrité insigne des discours de fantoches qui ne sont plus des tribuns, de la prise de pouvoir des agences de communication qui font de la chose politique un sous-produit du marketing.

Dans ce contexte, que Trump triomphe ne semble plus une anomalie. Que son avènement soit annonciateur de calamités analogues chez nous est une évidence. Nous n'avons nulle leçon à donner au peuple américain qui comme bien souvent, ne fait qu'anticiper de quelques années ce qui adviendra chez nous.

La puissance des moyens mis en œuvre ici et là-bas pour mettre en place ce rouleau dépresseur de la pensée permet de craindre que désormais il est trop tard pour espérer un sursaut des consciences. Vous voyez comme moi autour de vous combien les gens n’hésitent plus à s'afficher racistes, extrémistes, intolérants, violents, grossiers tout en n'ayant de cesse de ne plus s’intéresser qu'à leur immodeste petite personne à longueur de réseaux sociaux, de modes déshonorantes et de festivités déjantées.

L'entrée dans les ténèbres est proche. L'Antéchrist n'est pas une illusion ni même une entité céleste. Il est en chacun d'entre-nous une part diabolique, nuisible, terrifiante que tout un système a soigneusement conforté pour maintenir l'hégémonie de l'iniquité capitaliste.


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