L’Hypocrisie Verte

par politzer
mardi 29 avril 2025

L’Hypocrisie Verte : Quand la Santé Sert d’Alibi aux Intérêts Capitalistes

Sous le prétexte de protéger la santé publique et la planète, les politiques environnementales imposent des restrictions toujours plus sévères aux citoyens : taxes sur les carburants, zones à faibles émissions (ZFE), ou normes contraignantes pour les voitures. Pendant ce temps, des mastodontes de la pollution comme les porte-conteneurs sillonnent les mers en émettant des quantités astronomiques de gaz à effet de serre et de polluants, avec une régulation bien plus laxiste. Cette incohérence révèle une vérité gênante : derrière l’argument de la santé, se cachent des intérêts matériels qui protègent le capitalisme et ses privilèges.

Une disproportion criante : voitures vs porte-conteneurs

Prenons une voiture économe, consommant 4 L/100 km, soit environ 100 g de CO2/km. Sur une année, pour 20 000 km, elle émet 2,5 tonnes de CO2. C’est peu, mais les automobilistes sont pointés du doigt, taxés, et poussés à acheter des véhicules électriques coûteux. Comparez cela à un porte-conteneurs de 20 000 EVP (équivalent vingt pieds), rempli à bloc : il consomme 200 à 250 tonnes de fioul lourd par jour, émettant 600 à 800 tonnes de CO2 quotidiennement. Cela équivaut à l’impact de 50 000 à 60 000 voitures économes en une seule journée !

Avec environ 4 000 à 5 000 porte-conteneurs en mer chaque jour, leur pollution globale représente l’équivalent de 200 millions de voitures en termes de CO2. Et ce n’est pas tout : ces navires rejettent des oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) en quantités astronomiques, jusqu’à l’équivalent de millions de voitures pour ces polluants. Pourtant, qui entend parler de taxes sur le fioul lourd ou de zones à faibles émissions pour les ports ? Les citoyens, eux, subissent des restrictions quotidiennes sous couvert de santé respiratoire.

La santé, un prétexte commode

L’argument de la santé publique est brandi pour justifier les mesures contre les voitures. Les particules fines et les NOx des véhicules affectent la qualité de l’air urbain, causant des maladies respiratoires. C’est vrai, mais l’impact des voitures modernes, surtout celles à faible consommation, est marginal comparé aux industries lourdes. Les porte-conteneurs, par exemple, brûlent du fioul lourd contenant jusqu’à 2 000 fois plus de soufre que l’essence. Près des ports, l’air est saturé de polluants maritimes, mais les habitants des zones portuaires – souvent des populations moins favorisées – sont rarement au cœur des campagnes médiatiques.

Pourquoi cette focalisation sur les voitures ? Parce qu’il est plus facile de contrôler les individus que de s’attaquer aux géants du capitalisme. Les automobilistes sont des cibles accessibles : ils paient des taxes, respectent des normes, et subissent des amendes. Les compagnies maritimes, elles, opèrent sous pavillons de complaisance (Panama, Liberia) et dans des eaux internationales, loin des juridictions nationales. Réguler le transport maritime, qui transporte 90 % du commerce mondial, risque de froisser des acteurs économiques puissants comme Maersk ou MSC, ou des pays dépendants de ces flux. La santé devient alors un alibi pour imposer des sacrifices aux citoyens, tout en laissant les gros pollueurs prospérer.

Les intérêts matériels derrière l’hypocrisie

Cette incohérence n’est pas un hasard : elle sert des intérêts matériels bien ancrés. Le capitalisme globalisé repose sur le transport maritime, qui assure la circulation des marchandises à bas coût. Un porte-conteneurs est incroyablement efficace, émettant seulement 10-20 g de CO2 par tonne-km transportée, contre 100-150 g pour une voiture. Mais cette efficacité cache une réalité : la dépendance au fioul lourd, bon marché et polluant, maximise les profits. Passer à des carburants propres (ammoniac, hydrogène) ou à des technologies comme la propulsion vélique coûterait des milliards, et les armateurs rechignent à investir sans incitations fortes.

Les gouvernements, eux, préfèrent des mesures visibles mais peu disruptives. Taxer l’essence ou imposer des ZFE donne l’illusion d’agir pour la santé et le climat, tout en évitant de défier les piliers de l’économie. Sur les réseaux comme X, des voix s’élèvent pour dénoncer cette hypocrisie : pourquoi culpabiliser un conducteur roulant à 4 L/100 km, quand un seul porte-conteneurs pollue comme des dizaines de milliers de voitures ? Cette indignation reflète un sentiment d’injustice : les petits sont sacrifiés, les gros protégés.

Une écologie sélective au service du pouvoir

L’Organisation maritime internationale (OMI) a réduit la teneur en soufre du fioul à 0,5 % en 2020, un pas en avant. Mais les progrès sont lents, et les alternatives propres restent marginales. Pendant ce temps, les citoyens subissent une écologie punitive, où trier ses déchets ou changer de voiture devient un devoir moral, tandis que les industries lourdes bénéficient d’une relative indulgence. Cette écologie sélective protège le capitalisme pollueur tout en maintenant le pouvoir des élites, qui contrôlent les récits et les priorités.

La santé publique mérite mieux qu’un rôle d’alibi. Une véritable politique environnementale exigerait de s’attaquer aux porte-conteneurs et autres gros pollueurs avec la même rigueur qu’aux voitures. Cela impliquerait des taxes sur le fioul lourd, des subventions massives pour les carburants verts, et une régulation internationale renforcée. Mais tant que le capitalisme privilégiera le profit à la cohérence, l’hypocrisie verte perdurera, au détriment des citoyens et de la planète.

 


Lire l'article complet, et les commentaires