Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

par Marc W.
samedi 28 février 2015

Décidément rien ne change ! Lundi 23 février 2015, France 3 diffusait, en prime time, un reportage sur la carrière de Jean-Jacques Goldman. Très beau document qui nous présente un homme sincère, désintéressé et en dehors des clichés du monde des people. Trois jours plus tard, patatras ! La nouvelle chanson des Enfoirés sort, et nombre de personne lui tombe dessus à bras raccourci. Mais avez-vous seulement écouté ? Avez-vous seulement eu envie de comprendre ? Ou la paresse vous envahissant, avez-vous décidé de condamner trop vite ?

Comme toute chose, il faut savoir « d’où l’on parle ». Cette chanson, qui n’est sans doute pas la plus réussie de Jean-Jacques Goldman, à mon goût, a été écrite par un homme qui n’a jamais cherché la lumière. Peu d’affiches, pas d’omniprésence dans les médias pour promouvoir ses albums ou autres chansons. Une discrétion qui en agace plus d’un. Jean-Jacques Goldman ne s’est jamais fourvoyé à aller chanter dans telle ou telle réunion publique (suivez mon regard !). Il ne s’exprime qu’à travers ses chansons. Ecoutez les attentivement. Vous comprendrez sans doute mieux le personnage.

Il a fallu que Coluche nous quitte pour qu’enfin nous comprenions à quel point il était souvent dans le vrai. Derrière sa vulgarité, derrière des blagues parfois graveleuses, il avait souvent le ton juste. Jean-Jacques Goldman est de la même trempe. C’est sans doute pour cela que depuis de nombreuses années, il se consacre à faire vivre la bande des Enfoirés, et qu’il incite, sans rien attendre en retour, les artistes que la communauté nationale française apprécie à venir promouvoir les Restos du Cœur. Il ne vend rien. Longtemps, il refusait de paraître dans le classement des français préférés n’apportant aucun intérêt à une quelconque reconnaissance.

 

Si les mots ont un sens, ce sont ceux qui les prononcent qui leur donnent leur force

Si les mots ont un sens, ce sont ceux qui les prononcent qui leur donnent leur force. Comment peut-on penser que Jean-Jacques Goldman accable la jeunesse. Entendez ! Il a toujours tenté d’être dans la compréhension de la société et dans la dénonciation des excès. A travers ses chansons, il a su toucher les gens, le peuple. Là où d’autres considèrent que seul un discours compliqué et élitiste a le droit d’exister dans les médias respectables comme Télérama, l’Express, le Nouvel Obs ou encore Libé, il a fait le choix de parler au plus grand nombre avec des mélodies entraînantes mais avec des textes plein de sens.

Quand certains rappellent des chiffres qui défient l’entendement, au point qu’ils ne signifient rien pour trop de gens, il chante « Comme toi » et nous touche en plein cœur. Il met un visage, un regard, une histoire sur un drame abominable. Quand certains continuent leur promotion, car « The Show must go on », lui décide de chanter « Confidentiel » à la mémoire de son ami Daniel Balavoine décédé tragiquement trois jours avant. En 1985, quand Coluche lui demande de composer l’hymne des Restos du Cœur, il s’exécute sans fioriture, sans excès, sans revendication. Mais avec quel talent ! En 1987, alors que justement, Coluche, celui qui aurait tant pu nous éclairer face à la montée nauséabonde du Front National, nous a quitté, il compose « Là-bas » pour nous rappeler à quel point il n’est jamais simple de quitter son pays, sa famille, son foyer dans l’espoir d’une vie meilleure.

 

L’ignorance est un poison comme le flegme, la fainéantise.

Pour les anciens comme moi, rappelez vous des années 80 ! Pour les plus jeunes, renseignez-vous, cherchez ! Avec Internet, tout est là, pour peu que l’on se donne la peine de vouloir savoir ! A cette époque aussi, la jeunesse avait l’impression de ne plus avoir de futur, de ne plus pouvoir rêver. Et il symbolise ce ressenti dans sa chanson « Encore un matin ».

Comme il est aisé de brûler ceux qui ont ou ceux qui savent. L’ignorance est un poison comme le flegme, la fainéantise. Oui, la jeunesse doit se mobiliser, comme à chaque fois. Oui, nos parents n’ont rien obtenu facilement. Oui, l’effort doit être réhabilité à chaque génération. Comme à chaque époque, on peut soit se lamenter sur son sort, soit penser que le meilleur est devant nous. La jeunesse est une richesse.

Dans l’émission les Grandes Gueules sur RMC, ce vendredi 27 février 2015, ils ont débattu de cette polémique. Des réactions sans surprise des différents intervenants, sauf du président du RC TOULON, Mourad BOUDJELLAL. Ce dernier a eu une lecture très intéressante. Les quadras, les quinquas et autres anciens ont parfois bien réussi, même très bien réussi. Mais le temps a fait son œuvre, et ils n’ont plus 20 ans ! Or, quelle richesse que la jeunesse. Il est probable que bon nombre de gens céderaient une partie plus ou moins importante de leur fortune pour retrouver la force de la vingtaine. Il faut comprendre qu’au fil de la vie, on tente d’échanger les années contre plus de moyens, plus de sagesse, plus de sérénité, plus de confort. A chacun d’y mettre ce qui lui convient, ce qui l’en attend….

Dans cette chanson devenue polémique « Toute la vie », Jean-Jacques Goldman enjoint la nouvelle génération à positiver, à croire en son avenir. Rien n’est simple. Souvent les choses s’obtiennent dans la douleur, la difficulté. Comme lors d’un accouchement : la douleur est intense, mais le bonheur qui suit est bien plus fort. Quand Stéphane Hessel appelle le peuple à s’indigner parce que le monde serait voué à sa perte, les intellectuels applaudissent. Quand Jean-Jacques Goldman tente d’encourager une génération à avoir foi en son avenir, les mêmes le fustigent !

Cette chanson, « Toute la vie », dit tant de vérités. Cela fait trop longtemps que nos sociétés s’interdisent de nommer les choses, de dire le mal, et laissent aux extrémistes de tous bords la possibilité de dénoncer l’inacceptable. Inutile ensuite de s’étonner que le populisme le plus malsain prospère.

 

Ce qu’on ne nomme pas n’existe pas.

Ce qu’on ne nomme pas n’existe pas. Assez ! Les problèmes sont là, il est inutile de les ignorer. Nous ne rendrons pas service à nos enfants en leur cachant la vérité. Ils doivent construire leur monde. Nous leur laisserons une société imparfaite, et comme nous avant eux, ils devront la façonner pour répondre à leurs attentes. Nos parents ont eu mai 1968 : ils ont gagné plus de pouvoir d’achat, plus d’égalité homme-femme, plus de démocratie. Nous avons eu les années 80 pour plus de pluralisme, de liberté des médias, de modernité, de loisirs. A nos enfants de créer leur société. Pourquoi serait-elle forcément mauvaise, violente, déprimante ? Assez de tout voir en noir ! La vie, c’est l’espoir, la jeunesse, c’est le futur.

 

Jacques Attali, la classe !

Toute cette polémique m’a indigné, mais heureusement, l’empereur des penseurs, le roi des intellectuels autoproclamé, le citoyen des aéroports a eu la réaction qui rassure. En effet, Jacques Attali a su trouver les mots pour que chacun comprenne enfin que cette affaire n’était que bavardage et futilité car comme on dit « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Il a tweeté : « J’ai toujours détesté les Enfoirés. » La classe ! « Leur dernier clip est un monument de vulgarité de haine des jeunes. » Sa gauche a tant fait pour eux ! « A secours, Michel ! » - pardon pour la syntaxe, mais c’est un intellectuel – Michel ? Celui qui a dû créer les Restos du Cœur en 1985, après 4 ans de socialisme à la sauce Mitterrand / Attali ! C’est clair, rien à ajouter.


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