Une assemblée de gilets jaunes

par waymel bernard
lundi 24 décembre 2018

Cela s’est passé le jeudi 20 décembre au soir dans une petite ville de 15 000 habitants. A l’appel d’un groupe local de gilets jaunes environ 120 personnes sont réunies. Émargement demandé, avec numéro de téléphone. Certains refusent. Il y a quand même 110 noms sur la liste. Une journaliste locale essaie d’entrer. On tente d’abord de lui refuser l’accès à la salle. Mais c’est une réunion publique, elle entre et gagne le fond de la salle où l’on aperçoit deux gendarmes en tenue. Pour rapporter les discussions à leur hiérarchie deux oreilles ne suffisent pas. Pendant ce temps la délinquance explose dans la ville et la campagne environnante.

Les administrateurs du groupe souhaitent scinder le débat en deux parties, d’abord les revendications ensuite les actions. Il y a de nombreuses protestations dans la salle pour s’opposer à la discussion sur les actions en présence des gendarmes. On retient quand même qu’il faut continuer d’occuper les ronds-points pour montrer que l’on est toujours là contrairement à ce que voudrait faire croire Castaner. Et il faut aussi des actions coup de poing pour gêner Macron et ceux qui le soutiennent.

Sur les revendications, on commence par les retraites avec l’exigence de la suppression de la hausse de la CSG pour tous et la demande du retour à l’indexation de ces retraites. Indexation aussi des allocations familiales. Beaucoup d’intervenants parlent d’un sujet qui leur tient à cœur ayant trait au gaspillages de l’État ou au contrôle des élus, l’idée d’un mandat limité à deux ans pour les députés est même avancée. Suit le référendum dont on exige qu’il ne soit pas soumis à des règles entravant sa mise en place ou limitant les questions pouvant être soumises à référendum, on pense à l’immigration.

La soirée avance mais on reste un peu dans le flou. Un intervenant à qui on tente d’interdire le micro car il s’est déjà exprimé sur les retraites parvient malgré tout énoncer toute une série de mesures, ce qui lui vaut les applaudissements de la salle (à l’exception des gendarmes et de la journaliste). Voilà ce que j’ai réussi à noter :

- intégration des 100 € dans le SMIC afin que tous les smicards soient concernés et que cela soit comptabilisé pour les retraites,

- indexation des retraites et autres allocations sur la hausse du coût de la vie,

- baisse de la TVA sur des produites de première nécessité (pas seulement la nourriture mais par exemple les couches pour enfants),

- abandon définit de la taxe carbone punitive,

- retour aux 90 km/h,

- suppression de la taxe télévision,

- suppression de l’aide à la presse et de la niche fiscale des journalistes,

- suppression du CICE pour les grandes entreprises qui font des bénéfices considérables,

- suppression des avantages accordées aux anciens présidents et premiers ministres,

- suppression du Sénat, du CESE (2500 membres dans toute la France plus des fonctionnaires), du CSA (avec 300 fonctionnaires rien que pour contrôler la diversité sur les écrans) de l’ENA et de nombreuses autres commissions ne servant qu’à recaser les amis,

- écrêtement des salaires des hauts fonctionnaires qui gagnent plus que le président de la République,

- présence obligatoire des députés lors des réunions de l’assemblée nationale,

- fin de l’aide au développement pour les pays africains qui refusent de reprendre leurs immigrés clandestins,

- retrait de la signature du pacte de Marrakech.

La soirée prend fin avec l’intervention d’un conseiller général en retraite. Il pleurniche car il a entendu dans la salle des attaques contre les syndicats. Sa longue intervention conduit à un brouhaha dans l’assistance. Tout le monde sait que la CFDT soutient Macron tandis que la CGT préfère défiler avec les indigènes de la République et le comité Adama plutôt qu’avec les gilets jaunes.

Les organisateurs invitent ensuite les participants à passer dans une salle voisine pour continuer la discussion autour d’un buffet : nourriture et boissons non alcoolisées offertes au niveau des ronds-points par des sympathisants des gilets jaunes qui sont allés faire leurs courses dans la grande surface voisine. Des petits groupes se forment. Les discussions se poursuivent jusqu’à une heure assez tardive. Paris, faut-il s’y rendre ou pas ? Les ronds-points, faut-il continuer ? Quelles actions coup de poing ? Et puis ici où là on entend plutôt parler immigration, ce fardeau pour la France. Et du refus d’intégration de la part des musulmans. Mais l'immigration n'est pas un thème abordé par les gilets jaunes nous disent les experts qui auscultent le mouvement de loin et pérorent sur les télés.

 


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