Le fils d’Ulysse mit ses brodequins...
par rosemar
mardi 30 novembre 2021
"Dès que la belle Aurore eut annoncé le jour, le fils d'Ulysse mit ses brodequins, et prenant une pique, il se disposa à partir pour la ville", a écrit Fénelon, dans son roman intitulé Les aventures de Télémaque.
Le mot "brodequin" est issu de l'ancien français "broissequin" qui désigne une sorte d'étoffe : anciennement le brodequin était, vraisemblablement, constitué d'un tissu, d'un morceau de drap.
On a nommé les chausses de la matière dont elles étaient faites, la forme "brodequin" étant due à l’analogie avec le verbe broder.
Ce mot ancien évoque une chaussure montante qui couvre le pied, le bas de la jambe et se lace sur le dessus du pied...
Le brodequin, passé de mode de nos jours, était autrefois une chaussure couramment portée, pratique.
Ce mot aux sonorités de labiale "b", de gutturales"r" et "k", avec sa voyelle nasalisée finale nous intrigue et nous étonne : réalité d'autrefois, associé au verbe "broder", ce nom semble plein d'élégance.
Ce mot nous invite à la découverte, il nous renvoie à une époque passée où le brodequin était une chaussure ordinaire, celle de tous les jours : nos parents, nos grands parents ont porté des brodequins, ces chaussures montantes qui maintenaient bien le pied, pour des marches parfois longues et rudes...
Le brodequin d'autrefois n'est plus guère utilisé et le mot lui-même est passé de mode : on ne l'emploie que très rarement.
Mais on perçoit tout le charme de ce mot ancien, comme une sorte d'exotisme dans le temps...
J'aime ce mot qui nous fait percevoir la vie d'autrefois : les gens chaussés de brodequins, accomplissaient de longs trajets à pieds, dans leur vie de tous les jours.
L'origine même du mot "broissequin" est pleine d'éclats : quel est ce tissu au nom si mystérieux, aux sonorités contrastées de gutturales et de sifflante ?
Quel est ce tissu au nom si poétique ? Quel est ce tissu d'autrefois que connaissaient les gens du Moyen âge ?
La langue évolue, on a tendance à oublier certains mots qui ont, pourtant, des résonances, qui nous parlent du passé, qui le font revivre...
En écoutant ce mot, en le prononçant, je vois surgir des images lointaines : ma mère, encore petite fille, sur le chemin de l'école portant des brodequins, solides souliers de marche, dans la campagne aixoise, au petit matin, dans le froid des hivers d'autrefois.
Mon arrière grand-mère en robe longue, laissant entrevoir de gros brodequins de paysanne... Mon grand-père, lui-même paysan, chaussé de brodequins hautement lacés sur une vieille photo, couleur sépia...
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