Badinter est mort, vive la Peine de mort

par Jules Seyes
lundi 18 mars 2024

Robert Badinter ayant eu l'amabilité de nous débarrasser le plancher, l'heure sonne à la vue de l'état de la situation dans notre pays de revoir son œuvre d'un œil critique.

À l’occasion de la mort de Robert Badinter, permettez-moi de voler la citation suivante à Maître de Castelnau :

À chaque disparition d’une personnalité importante, posons-nous la question de savoir quelle ligne adopter :

• la ligne romaine : de mortuis nil nisi bonum (d’un mort on ne doit dire que du bien)

• la ligne Voltaire : nous devons des égards vivants, aux morts nous ne devons que la vérité

• la ligne Westlake : d’un mort, si ne vous ne pouvez pas dire du mal, ne dites rien

 

Malgré sa retraite on devine tout à la foi son talent et sa longue pratique. Hélas, je ne suis ni doué pour les louanges ni porté à être une âme charitable et donc une fois de plus opterais pour Voltaire. On donne habituellement à Robert Badinter crédit pour avoir éliminé la peine de mort en France. Pourtant, au-delà de la position idéologique, est-ce une bonne chose ?

Nous devons comprendre comment agit la peine de mort sur une société, son application et peut-être réfléchir à un tout autre périmètre pour celle-ci.

 

Car condamner est facile, un bourreau inconnu du juge assumera le traumatisme d’enlever la vie. Depuis toujours, la méthode fut pratiquée, en tout cas dès les premiers codes de loi la mort accompagne l’arsenal répressif.

Avaient-ils alors d’autres solutions ? Entretenir un prisonnier coûte cher et même les travaux forcés ne compensent probablement pas la dépense. La peine de mort peut alors être lue comme un mal nécessaire. Le consensus social est une obligation dans une société agraire à la limite de la survie. Les déviants posent un problème insoluble autrement.

Cela nous choque, mais il convient de remettre la situation de cette époque dans les esprits. Ces sociétés pratiquaient l’exposition, autre nom pour l’infanticide et jusqu’à la révolution industrielle, la plupart des orphelinats furent remplis non pas d’enfants dont les parents étaient morts, mais de bébés abandonnés.

Des familles prêtes à exposer leurs propres enfants n’ont forcément pas une immense tendresse pour des criminels et une certaine insensibilité naît des contraintes du temps.

En ce sens, l’abolition de la peine de mort peut s’assimiler à un progrès lié à l’amélioration générale des conditions de vie. Nos sociétés sont désormais capables d’assumer la dépense nécessaire pour nourrir et entretenir un prisonnier.

A ce titre, restait pour seule motivation des échelles de peines la vengeance et celle-ci ne devrait pas être la base d’une justice humaine. Robert Badinter avait donc la partie facile pour décrire ses adversaires comme des barbares.

Pourtant, au-delà de l’aspect idéologique, de la joie de ne plus être contraint de sacrifier des gens et donc de courir le risque d’une erreur judiciaire, avons-nous réfléchi à la peine de mort ?

 

Je parle d’avoir sérieusement réfléchi et pris en compte tous les aspects.

L’argument de Robert Badinter pour sortir Patrick Henry de la guillotine était que ce dernier avait manifesté contre ladite peine de mort. Celle-ci n’exerçait donc aucune dissuasion. Merveilleux raisonnement de juriste pour qui tout est blanc ou noir.

Essayons maintenant de découper le monde réel en plus petites cases, pour rendre sa compréhension certes plus complexe, mais aussi plus pertinente.

Imaginez qu’il existe un moyen de quantifier l’homme sur un axe "bien" "mal". C’est impossible, mais pour la démonstration nous allons le présupposer. Egoïsme, goût de la violence, du lucre, luxure, sadisme… Voilà l’un des côtés, l’autre sera générosité, esprit de sacrifice, dévouement aux autres. Nous obtenons ainsi une courbe qui va du "bien" vers le "mal".

En général, la répartition est une courbe gaussienne, où le gros de l’effectif est dans la cloche au centre.

On va présupposer ce modèle réalisable, avec aux extrémités une minorité infime de candidats à la sanctification, oublieux d’eux-mêmes au profit des autres et à l’opposée, une poignée de monstres. Evidemment, ces classifications morales ne sont pas justes. Souvent le dévouement aux autres est une fonction de l’éloignement : Pulsion primale de sacrifice envers ses enfants et sa famille nucléaire, puis au fur et à mesure de l’éloignement du cercle, l’esprit de dévouement diminue. Parfois, se sacrifier pour ses petits implique aussi des choix nuisibles à la société. Napoléon tenta ainsi de maintenir son fils le roi de Rome sur le trône alors que la dynastie Napoléonienne constituait le principal l’obstacle à la paix. Vous noterez par exemple que la société spartiate marginalisait la famille en faveur d’une vie communautaire.

Malgré ces limites, nous adopterons ce modèle avec des individus extrêmes, mais rares et au milieu une immense majorité où bien et mal s’équilibrent.

Nous voilà donc avec ce que l’on peut considérer comme une approximation réaliste de notre population au plan moral. Maintenant, nous devons intégrer une troisième dimension : Le niveau social.

Là encore, le niveau social ne se laisse pas réduire en chiffres. Comment agglomérer capital social, culturel, économique ou le prestige. Seul le capital économique se laisse plus ou moins mettre en chiffres (Je vous épargne le thème des valeurs des titres de propriétés). Une fois de plus, nous allons nous supposer pour la démonstration capable de mettre ce fameux niveau social en chiffres.

Nous allons alors croiser la courbe bien mal et le niveau social, voilà notre population au plan individuel. Vous le réalisez alors, nous aurions un équilibre, mais celui-ci rendrait la société non viable.

Il existe donc de la part de la société, un facteur de pression sociale : La contrainte financière vous force à modérer votre gourmandise, la police et la crainte de la prison font que vous ne sautez pas sur la première jolies personne dans la rue pour satisfaire vos envies sexuelles. Sinon, vous risquez bien vite de vous retrouver hébergé par l’état et comme la plupart des gens ne le souhaitent pas, ils évitent de se comporter ainsi. En réalité, la pression sociale joue avant et réduit nombre de petit comportements. Vous allez plutôt offrir des fleurs à la jolie personne, comportement valorisé et non la brutaliser, comportement condamné.

Seulement, cela fonctionne pour le gros de la population, mais deux catégories de personnes échappent à cette classification :

Les sociopathes, insensibles à la réprobation morale ou à la crainte du châtiment, eux se laissent mener par leurs pulsions. Voilà la première catégorie. En général celle qui commet les actes les plus horribles qui révoltent la population.

Voilà, au passage ceux que Robert Badinter a retirés de sous l’échafaud. La société révoltée crie vengeance et la peine de mort constitue un moyen de la venger.

Eh bien, je vais vous choquer, mais je partage largement l’opinion abolitionniste sur ce sujet en raison de deux objections principales :

Dès lors, la peine de mort interdit tout retour en arrière et comme elle s’exerce sur une population insensible à la sanction vous n’avez pas un véritable effet de dissuasion qui justifierait ce châtiment.

 

Voila peu ou prou les termes du débat comme il fut porté par Robert Badinter. Certes, mais ce fameux effet de dissuasion justement ? Qu’en est-il ? Ne joue-t-il jamais ? N’y a-t-il pas des crimes avec préméditation ?

Voilà le périmètre réel sur lequel la peine de mort pourrait avec profit entrer dans le débat. Des actes particulièrement dommageables à la société commis avec préméditation.

Et là, vous le constatez, la criminalité, notamment en col blanc est visée. En supprimant la peine de mort en totalité, Robert Badinter mettait aussi sa classe à l’abri du seul châtiment véritablement redoutable pour elle.

Les amendes ? Oui pour une famille sur la plage avec une bouteille de rosé, 135€ par 5 c’est non pas dissuasif, mais meurtrier.

Mais pour ceux capables de se payer une bouteille à deux mille euros, l’amende représente juste une augmentation mineure des frais. Cette peine est donc inutile si vous voulez viser une population dotée d’un important capital économique. Celle riche d’un capital social et de prestige est, elle, réputée capable de se débarrasser de telles condamnations.

La prison, oui, elle effraie, mais vous vous souvenez de Patrick Balkany ? Là encore, tout le monde n’est pas égal et la maison d’arrêt WIP est bien différente des quartiers pour le Lumpenproletariat ou le commun des mortels.

Elle constitue donc surtout un manque à gagner pour les malheureux qui n’ont pas comme Epstein la possibilité de sortir tous les jours pour vaquer à leurs affaires.

Voila les paramètres à arranger.

Le besoin s’en fait-il sentir ? Dans une optique de nation unie, ou la solidarité est de rigueur, la question se pose, mais sommes-nous toujours dans ce cas ?

Combien de nos brillants génies déclarent aujourd’hui se sentir mieux à New-York que dans le nord ? Le divorce entre les soi-disant-élites et leur peuple est prononcé pour de nombreuses raisons, mais c’est le travail des peuples qui permet aux pseudos-élites improductives de subsister. Il convient donc d’avoir un code pénal adapté pour inciter celles-ci à œuvrer dans le sens de l’intérêt du pays.

Tout d’abord, il faut savoir imposer le principe de peines individuelles. Aujourd’hui l’état couvre de sa responsabilité trop de soi-disant décisionnaires. Sur les personnels de contrôle et d’exécution, le système est adapté, mais pour les échelons supérieurs, il sera nécessaire de se montrer bien plus exigeant.

Quiconque veut intégrer les rangs supérieurs de l’administration où vous flirtez avec la politique ou le personnel de haut rang doit s’engager à accepter pour ses crimes un code pénal hors normes, bien plus exigeants.

Dans celui-ci, librement consenti, la peine de mort aurait sa place. Ainsi les citoyens seraient protégés contre l’arbitraire, mais les responsables comptables de leurs actes !

Évidemment, beaucoup protesteront, mesure Robespierriste entendrons-nous, car la peine de mort ne saurait être en aucun cas justifiée.

Oserais-je face à leur sagesse nourrie de préjugés et de dogmes m’inscrire en faux ?

Rappelons-nous justement la sagesse Robespierriste :

La vertu sans la tyrannie est sans force, la tyrannie sans la vertu n’est que despotisme.

A l’époque de Robespierre le monde comptait un milliard d’habitants, la France, pays le plus peuplé d’Europe vingt millions. Depuis ? Notre planète compte huit milliards d’habitants et la France soixante-cinq millions. Le même état compte donc trois fois plus d’habitants, ajoutez-y la progression du PIB, la production de richesses a été multipliée par vingt ou trente. L’état qui prélevait mal environ vingt pourcents de la richesse nationale en contrôle aujourd’hui plus de la moitié.

Si la croissance du PIB par tête joue pour les deux parties, les deux autres grandeurs créent un écart en faveur de l’état. Trois fois deux et demi, cela donne à l’état un avantage de huit contre un par rapport à la situation à la fin de la monarchie.

Vous étonnez-vous encore de la COVID ? De la loi de plus en plus totalitaire dictée par les administrations ? Une force que rien n’arrête tend à s’étendre et le citoyen est aujourd’hui moins en mesure de lutter que son devancier de 1789.

L’état contrôle et régente trop d’aspect de la vie sociale, ses légistes ont été remplacés par des savants mercenaires, des médecins devenus auxiliaires de la sécurité sociale, des journalistes stipendiés des hauts fonctionnaires tout puissants.

Ses clientèles de fonctionnaires, de receveurs d’aides sociales, représentent des segments importants de la population.

Enfin, les moyens de communication modernes permettent à la très haute hiérarchie de peser très vite en bas. Speer, dans ses mémoires mentionnait des unités contraintes à exécuter des ordres suicidaires car donnés en direct depuis le cœur de l’Allemagne.

Ils permettent aussi à une poignée d’individus de disperser massivement un message sans intermédiaire.

Face à une telle puissance, le contribuable est écrasé et malgré les contrôles, les soi-disant protections, il peut-être condamné à la mort sociale. Il vous suffit d’observer comment sont rédigées les lois de conscription en Ukraine ou par exemple le fameux décret de réquisition en cas de menace : Prison plus un demi-million d’amende. Autrement dit : Un fonctionnaire qui risque un blâme peut dépouiller un citoyen de l’ensemble de ses biens et personne n’est choqué par de telles menaces.

Or, comme le montre l’image, les personnes payées pour créer les règles disposent d’une impunité de fait et de nombreux privilèges nécessaire par construction pour leur permettre d’accomplir leur fonction sociale. On comprend que de tels avantages attirent, pourquoi se donner la peine d’accomplir une carrière avec les sacrifices en termes d’efforts, de temps et de vie de famille, si ce n’est pour bénéficier de ces privilèges ?

Selon, l’histoire officielle, ces gens le font par vertu et désir de servir la nation. Dois-je y croire ? Ma faible confiance dans la nature humaine m’incite à répondre non. Le bénéfice doit être : Salaire, ou honneurs que l’état peut dispenser avec générosité, mais nous devons nous assurer que l’abus de pouvoir exercé contre le citoyen doit être sévèrement réprimé.

La peur doit changer de camps et les hauts fonctionnaires doivent rendre des comptes : Le quittus en sortie de fonction doit devenir obligatoire. Ces gens doivent tout risquer : Leur vie, leur fortune, leur honneur sacré, il y aura moins de candidats, mais au vu des résultats du personnel actuel, le risque de perte de qualité est négligeable et cela constituera une occasion de revoir des organigrammes administratifs pléthoriques !


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