L’Europe traverse une période difficile en cumulant les défis

par Patrice Bravo
vendredi 12 avril 2024

 

L'UE semble avoir surmonté le choc énergétique. Cependant, les dirigeants européens craignent désormais un autre défi, à savoir l'afflux de produits chinois sophistiqués et bon marché. Parallèlement, une autre menace se profile : si Donald Trump remporte la présidentielle aux États-Unis, les exportateurs européens pourraient se voir imposer des droits de douane. 

Le PIB de l'UE n'a augmenté que de 4% en termes réels depuis 2019, soit environ la moitié de la croissance aux États-Unis. Au Royaume-Uni et en Allemagne, le PIB par habitant a effectivement diminué. Alors que la productivité du travail semble avoir augmenté aux États-Unis pendant la pandémie, elle est à la traîne en Europe. 

Les exportations chinoises représentent une menace particulière pour les fabricants européens en raison du modèle de croissance de l'UE, qui reposait pendant longtemps sur le commerce. 

Le premier choc a eu lieu en 2001, lorsque la Chine a rejoint l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et a bénéficié de la réduction des barrières commerciales, ce qui a posé des problèmes aux fabricants occidentaux. Certains secteurs et régions aux États-Unis ont été durement touchés. L'Europe a été moins affectée, en partie parce que le choc coïncidait avec l'adhésion des pays d'Europe centrale et orientale à l'UE. Le développement rapide des nouveaux membres de l'UE a favorisé la croissance de la productivité du travail dans la communauté et a créé une demande pour les produits occidentaux. 

Cette fois-ci, cependant, la situation est différente. La Chine se dirige vers une production de haute technologie et vers la substitution aux importations (c'est-à-dire une moindre dépendance vis-à-vis des technologies occidentales clés). 

Les entreprises européennes sont confrontées à la concurrence chinoise sur des marchés de plus en plus complexes. L'exemple le plus frappant est celui des automobiles (en particulier les véhicules électriques). Le secteur automobile (ainsi que sa chaîne d'approvisionnement) emploie environ 3 millions d'Européens. Néanmoins, les voitures électriques de fabrication chinoise pourraient s'emparer de 25% du marché européen cette année. Les marques du segment de masse françaises, allemandes et italiennes semblent particulièrement vulnérables à la concurrence. Les analystes de la banque UBS estiment que la part de marché des constructeurs automobiles traditionnels (VW, Fiat, Renault) passera de 81% aujourd'hui à 58% d'ici 2030. 

Il y a aussi les "technologies vertes", que l'Europe essaie apparemment de développer. Mais même ici, les entreprises européennes produisant pour le marché de masse auront du mal à concurrencer les compagnies chinoises. Par exemple, selon le Global Wind Energy Council, la Chine domine déjà sur le marché des éoliennes, détenant 60% du marché en 2022. Et la situation générale ne s'améliore pas. 

Donald Trump n'est également pas une aubaine pour l'Europe. Les exportateurs européens ont vendu pour 500 milliards d'euros de marchandises en Amérique l'année dernière. 20 des 27 États membres de l'UE avaient un solde commercial positif avec ce pays. Sous la présidence de Trump, les États-Unis avaient imposé des taxes sur l'aluminium et l'acier européens. L'Europe a répondu par ses propres taxes sur les produits américains, y compris le bourbon et les motos.

Après l'élection de Joe Biden, les deux parties ont conclu une trêve précaire. Le retour de Trump pourrait s'avérer beaucoup plus douloureux : l'ancien président a déjà proposé d'imposer une taxe de 10% sur toutes les importations.

Alexandre Lemoine

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5838


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