L’avocat de tous les diables

par C’est Nabum
mardi 2 janvier 2024

 

Élysée : Palais d'injustice.

 

Dormez tranquilles braves gens, dans son Grand Palais, le maître de Justice veille sur la morale et l'éthique, les mœurs et la probité en cette République exemplaire. Avec lui, il n'est plus rien à craindre, nous savons désormais qu'il sera toujours disponible pour défendre la veuve et l'orphelin pourvu qu'ils appartiennent à sa cour. Le temps du fait du Prince et des lettres de cachets est proche ; le déni de justice a pris de la hauteur et devient régalien.

Il n'y a pas que les pas qui se perdent dans ce Palais de l'indifférence et de l'indécence. Le seul respect qui vaille est celui de la présomption d’innocence pour les proches du Monarque, quant aux gueux : malheur à eux, si ce n'est pas le bras séculier, la justice du flagrant délit s'occupera d'eux. Il nous épargne l'odieux poids du soupçon, l'insupportable doute devant des charges qui n'ont pas lieu d'être quand le prévenu appartient à son entourage immédiat. Le lynchage étant devenu une pratique de maintien de l'ordre, il ne s'applique qu’aux têtes d'affiche.

Celui qui n'a pas hésité à employer une force disproportionnée contre ses sujets a changé son fusil d'épaule pour caresser dans le sens du poil ceux de sa caste. Deux poids deux mesures, c'est là la bonne conduite à tenir en oligarchie. C'est du reste un pote intime d'un autre despote qui lui a permis d'enfiler la robe pour plaider en sa faveur et de dévoiler sa véritable face.

C'est d'ailleurs assez curieux de se vêtir d'une robe pour défendre cet individu. C'est faire fi des plaintes de nombre de femmes, c'est se moquer éperdument de la condition féminine. On peut se demander ce qu'en pense celle qui l'a fabriqué et élevé au sein de l'humanisme. Il a souffleté toutes les femmes de son royaume, replaçant le droit de cuissage au centre des pratiques du pouvoir. Sans se dérober, il a tenu le rôle que lui ont fixé ses puissants commanditaires...

Il y avait bien eu auparavant les avantages indus que s'octroyait celui qui est devenu son bras droit, son successeur putatif, son cher clone. Il démontre ici qu'il peut couvrir de son immunité royale un truculent adipeux, si éloigné physiquement et moralement de son cercle des favoris. C'est faire preuve d'une tolérance qui l'honore tandis qu'il se moque ouvertement des victimes. Il supplée en cette basse besogne à son ministre de la justice qui en matière de moralité n'a rien à lui envier.

Le Palais décide de tout, se joue de tout, balaie toutes les convenances pour n'en faire qu'à sa tête. Il n'est plus garant de rien surtout pas des socles qui fondent notre Démocratie. Il viole les droits du parlement, il malmène les institutions, il se couche sur les procédures, il use parfois de propos déplacés : tout ce qui lui donne un sentiment de sympathie et une grande connivence avec le Dom Juan de Châteauroux.

Sa plaidoirie a pris des allures de leçon de morale. Il a tancé ce pauvre peuple si prompt à brûler ses idoles, à cracher dans la soupe et à reprendre les libelles. Une bonne fessée s'impose pour rester dans le contexte. Le tribunal médiatique n'est certes pas habilité à juger mais l'avocat amiral du Palais n'est pas plus apte à blanchir avant jugement.

Qu'il use donc de son droit discutable d'amnistie, une fois la véritable justice passée. Mais ceci n'est pas possible dans les hautes sphères de ce microcosme de l'immunité tous azimuts. Le garant de ce privilège d'ancien régime est précisément celui qui a été élu pour remplir une tout autre fonction. Nous savons désormais qu'il n'est que l'avocat de tous les mauvais diables, ceux qui tirent les ficelles et nous font les cornes.

Saint Louis doit se mordre les doigts en voyant ce gland qui tombe de son chêne de justice. Le spectre que son successeur tient à la main dextre relève bien plus du godemichet que du fléau de la balance. Nous entrons dans une ère de l'iniquité et de l'impunité des puissants. Le féodalisme est en marche tandis que la Renaissance engendre une fois encore le bûcher des sorcières ; ces pauvres femmes qui n'acceptent pas l'odieux traitement de leurs seigneurs et maîtres.


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