Renversons la table

par C’est Nabum
vendredi 3 février 2023

 

« Tout luxe corrompt ou les mœurs ou le goût »

Joseph Joubert (1754 - 1824)

 

 

Tandis que le corrupteur en chef caracole en tête des hommes les plus riches du monde, que ses actionnaires se gavent sans honte ni surtout sans le moindre effort, la crise ne cesse de toucher les plus humbles, les plus pauvres qui ne se paieront jamais le luxe de dénoncer cette injustice scandaleuse.

Que le pouvoir favorise les grandes fortunes tout en attaquant systématiquement les acquis sociaux des plus modestes est une évidence qui mériterait un soulèvement populaire. Hélas, mille fois hélas, totalement abruti par la publicité et la propagande, nombre d'entre les exclus, passent leur temps et leur argent à gratter, jouer, parier dans l'espoir de rejoindre la cohorte des égoïstes riches à millions.

Le modèle unique dans ce système, c'est la richesse. Belle perspective que l'on offre ainsi à grands coups de messages et d'images qui font des dégâts considérables dans les esprits. La belle auto, les vacances de rêve, les tenues affriolantes, les femmes faciles, les hommes charmeurs, la vie de palace envahissent entre autres sornettes, le programme télévisuel et les magazines de l'abrutissement de masse.

Le décorum du pouvoir ne fait qu'accentuer plus encore cette représentation qui n'a de cesse de nous mettre en accusation. « Vous êtes pauvres, c'est de votre faute. Vous n'avez pas mérité d'appartenir au groupe des élus, des vernis, des héritiers ou des entrepreneurs talentueux ! » Alors, nos représentants se gavent dans des assiettes prestigieuses des repas étoilés et buvant des vins inabordables pour assurer le train de l'État.

Mais quand donc allons-nous renverser la table et tous les convives de la honte ? Il y eut dans le passé de nombreux schismes pour dénoncer les insupportables richesses d'une église qui revendiquait la charité et la pauvreté sans jamais s'appliquer à elle ces sages principes. Nous pouvons constater que rien n'a jamais pourtant.

Il en va de même pour notre République qui s'honore de ses dorures, de son faste, de ses gabegies tandis que l'égalité de la devise se demande en quoi sa présence se justifie-t-elle sur nos frontons publics. Alors quand nous voyons la femme du Président parader en public, pérorer au nom de son époux, réclamer la charité pour financer ce que son époux casse sans vergogne, il faudrait de toute urgence s'offrir le luxe d'une bonne révolution.

L'indécence est poussée à l'extrême tout comme le luxe ostensible des privilégiés du système. Tout déborde de fric, de mépris, de gaspillage éhonté sous les regards envieux des miséreux qui aimeraient être à leur place. Si luxe corrompt ceux qui en usent ainsi sans honte ni mesure, il a l'extraordinaire capacité de rendre jaloux ceux qui assistent à distance au spectacle.

Il nous appartient de changer les choses, de cesser de prendre modèle sur ce défilé de mode que constituent toutes les cérémonies que nos télévisions aiment à diffuser. Queues de pie, nœuds papillon, robes de soirée, bijoux étincelants, berlines luxueuses, décors fastueux sont au menu de bien des pantomimes de la richesse étalée.

Coupons d'abord les écrans puis passons par-dessus les barrières pour aller briser ces pantins dérisoires. Mettre à sac et pas forcément Vuitton, détrôner ces dieux de pacotilles. N'oubliez jamais qu'Hermès était le patron des voleurs. Ne vénérez plus ce qui vous humilie et vous insulte, n'enviez plus tous ceux qui vivent à vos dépens. Payons-nous le luxe de confisquer tous ces biens mal acquis.

À contre-luxe.


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