Vague de violence, vague d’immigration : Darmanin, bon à rien

par Laurent Herblay
samedi 24 février 2024

Il fait beaucoup de bruit, se positionne comme un présidentiable et a déjà pris date pour une sortie de Beauvau, après les JO, comme si sa mission allait être accomplie. Sa position politique, à droite de la macronie, devrait être le bon créneau dans une France qui se droitise. Las, les Français ne lui font guère crédit. Il faut croire que malgré l’indulgence des médias, son bilan calamiteux, à l’image de sa gestion effarante de la finale de la Ligue des Champions de football en 2022, pèse sur son image…

 

Impuissance irréfléchie et autoritarisme arrogant et mensonger

Parmi ses innombrables coups d’éclat, il y a ce débat, début 2021, où il avait fini par reprocher à Marine Le Pen sa relative mollesse. Il vient à nouveau de faire la une avec sa proposition de mettre fin au droit du sol à Mayotte (plus restrictif qu’en métropole). Ce faisant, il tente de creuser son sillon d’un macroniste « populaire » en dénonçant les « belles âmes parisiennes » qui s’offusquent d’une telle idée. Mais ce virage est un peu trop tardif pour être convaincant. Quels extrêmes a-t-il fallu atteindre à Mayotte, quelle destruction de l’état de droit et des services publics pour qu’enfin le ministre de l’intérieur réagisse ? Avant son arrivée place Beauvau, en 2018, Yvan Rioufol posait déjà la question de cette remise en cause dans Le Figaro. Darmanin a trop longtemps laissé pourrir la situation, s’abritant derrière des actions médiatiques pour donner l’impression qu’il agit, alors qu’il gère principalement sa communication. 

Ce faisant, il réplique la technique Sarkozy qui consiste à cliver et à prendre des postures marquantes, finalement à parler fort plutôt qu’agir. Car son bilan est calamiteux. Comme le montre Marc Vanguad, qui compile de nombreuses statistiques pas toujours aisément récupérables sur de si longues durées, derrière la posture martiale, les flux migratoires n’ont cessé d’augmenter : de 193 mille titres de séjour accordés à des étrangers hors espace économique européen en 2012, nous sommes passés à 247 mille en 2017 et 320 mille en 2022. Idem sur les demandes d’asile, passées de 60 à 133 mille. Dans le même temps, alors que les OQTF étaient exécutées à 22% en 2012, elles ne l’étaient plus qu’à 6% en 2022 (contre 14% en 2017). On rappellera que l’Allemagne les exécute à plus de 50%.. Bref, comme sous Sarkozy, derrière les mots durs et droitiers, Darmanin, c’est toujours un laisser-passer coupable.

Et que dire de son bilan calamiteux en matière d’insécurité, qui atteint des niveaux historiques en France. Derrière le cumul de choux et de carottes, il y a une constante depuis de trop longues années à une hausse des crimes et délits les plus graves. En 2023, les homicides ont augmenté de 5%, les coups et blessures de 7% et les violences sexuelles de 8%. L’examen des statistiques dans la durée de Marc Vanguard indique une dégradation extrêmement préoccupante depuis 2017 : +22% pour les homicides (1010 contre 823), +80% pour les tentatives d’homicides (4055 contre 2284), +63% pour les coups et blessures volontaires (384 mille contre 235 mille, plus de 1000 par jour contre 640 alors) et une explosion des violences sexuelles déclarées, passées de 42 à 95 mille depuis 2017, une hausse de 125%. Le nombre de crimes et délits ne reste stable que grâce à la baisse des vols, alors que la violence monte.

Le contraste entre le positionnement volontiers martial de Darmanin, et la réalité des chiffres, tellement peu évoquée dans la plupart des médias, montre que Darmanin n’est que dans la posture et les petites phrases. Il ne gère que sa posture politique personnelle en répondant aux urgences du moment par des actions superficielles. Qui a jamais entendu une véritable analyse de sa part des raisons de cette augmentation de la violence et des moyens d’y remédier ? Quel projet de loi du ministre a sérieusement cherché à s’attaquer à l’ensauvagement accéléré de notre pays depuis l’élection de Macron, dont les premières années ont pu être perçues comme un blanc-seing pour la violence, et dont le tournant droitier plus récent n’a guère été accompagné de mesures susceptibles de renverser cette triste tendance ? Darmanin ne se soucie que de la construction de son positionnement de présidentiable pour l’avenir.

Bref, les Français ont bien raison de le juger comme le pire candidat de son camp, tant pour la compétence, le charisme et l’honnêteté (sachant que son camp n’est déjà guère populaire). Son double jeu a été percé à jour et il ne pourra échapper à ses mensonges et son bilan calamiteux place Beauvau, même s’il chercher à fuir cette année. Il portera un lourd passif, qui le disqualifiera pour longtemps je l’espère.


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