Comment observer les religions aux XXIe siècle ?

par Dominique Dutilloy
lundi 4 juin 2007

« Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas », aurait prophétisé André Malraux...

Cette phrase lourde de conséquences est on ne peut plus d’actualité...

Le Moyen-Orient, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran sont gangrenés par des factions islamistes fondamentalistes... A un point tel que les musulmans modérés, oeuvrant dans beaucoup de pays, appuyés par des gouvernements dits ‘’tolérants’’, sont dépassés par ces fondamentalistes qui prônent l’application stricte de la Charia dans toute sa rigueur...

En Afghanistan, en Irak, des milliers de personnes sont tuées (décapitées ou égorgées), massacrées... au nom de Dieu, les otages constituant, comme on le sait, un véritable marché !

Pourtant gouvernée par des islamistes ‘’modérés’’, la Turquie laïque, qui est confrontée à d’immenses manifestations destinées à promouvoir la laïcité ‘’à la Kemal Ataturk’’, est victime d’attentats tout aussi monstrueux...

Il en est de même en Indonésie, en Inde...

Dans nos banlieues, certains voudraient, tout comme en Arabie Saoudite, en Afghanistan, au Pakistan ou en Iran..., étendre l’islam à l’ensemble du monde entier... Beaucoup de ces jeunes, le plus souvent défavorisés (parmi eux, il y a des convertis à l’islam), prêchent la ‘’bonne’’ parole assénée par des imams radicaux installés dans des lieux de prière clandestins...

De simples solutions existeraient : éradiquer le chômage, la pauvreté, la misère, détruire les ghettos, redonner à l’Etat les moyens de s’imposer... L’on se demande, cependant, si nos politiques ont la volonté d’appliquer ces solutions ?

Partout, que ce soit sur le continent africain, que ce soit en Asie du Sud-Est, que ce soit au Moyen-Orient, la pauvreté, la grande misère, le chômage servent à la montée des islamistes, qui ont acquis une très grande notoriété dans leurs actions sociales... Les gouvernements en place, eux, semblent dépassés par ces évènements, n’ayant aucune volonté politique pour asseoir le bien-être de leurs populations qui sont de plus en plus nombreuses à frapper aux portes de cet Eldorado qu’est l’Europe

Le pape, Benoît XVI, n’est pas en reste, lui qui prône l’abstinence hors mariage, l’interdiction stricte de la contraception, de l’avortement, des protections utiles pendant l’acte d’amour... Certes, les chrétiens ne font pas d’attentats, ne prennent pas d’otages : mais, leurs dogmes ne sont-ils pas aussi dangereux et dépassés que ceux des islamistes radicaux ?

En France, dans nos banlieues, deux tendances s’affrontent :

- les musulmans modérés et profondément laïcs, qui veulent pratiquer leur religion dans le respect des lois de la République ;

- les islamistes qui, eux, se servent de l’islam pour asseoir leur identité tout en clamant haut et fort à qui veut l’entendre que « le Coran est supérieur aux lois de la République »...

Face à cette nouvelle donne politique qui voit s’affronter les tenants d’une religion d’Etat et les farouches partisans d’un Etat constitutionnellement laïc, un homme,Philippe Simonnot, a eu la riche idée de créer l’Observatoire des religions[1].

Ce docteur ès Sciences économique a écrit une vingtaine d’ouvrages d’Economie et d’Histoire. Son dernier livre : « Les Papes, l’Eglise et l’argent, Histoire économique du Christianisme des origines à nos jours »[2], sera, à n’en pas douter, un ouvrage de références pour expliquer aux spécialistes ou aux non spécialistes « l’application à la religion chrétienne des outils de l’analyse économique  ». Mais, ne comptant pas en rester là, Philippe Simonnot soumettra, dans son prochain ouvrage, le même traitement au judaïsme et à l’islam...

Mais, laissons cet auteur nous en dire plus sur lui...

Monsieur Philippe Simonnot, pourriez-vous nous dire qui vous êtes ?

Je suis un homme libre de toute attache, de tout parti, de toute religion, de tout intérêt. Pour moi, la liberté est la première des valeurs. Il faut la défendre, et parfois la conquérir. Membre de haut rang du Center for the New Europe, un réservoir de pensée basé à Bruxelles, j’essaie de promouvoir ces idées dans mon pays.

Ma discipline de base est l’économie. Je suis l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages d’économie et d’histoire, tous à la portée du grand public. Mon maître est Condillac, un philosophe français méconnu du XVIIIe siècle. Il est pour moi le véritable inventeur de l’économie de marché, et non pas Adam Smith qui a conduit la science économique à l’impasse marxiste.

Présentez-nous, l’Observatoire des religions :

L’Observatoire des religions est né d’une idée très simple. Etant donné l’importance qu’a reprise la religion dans la société contemporaine, il est urgent de la prendre comme objet d’un regard scientifique, dépourvu de tout préjugé. C’est d’autant plus urgent dans ces temps de guerres de religion qui ensanglantent de nouveau une partie de la planète. La religion est une chose trop sérieuse pour être laissée aux religieux.

Pourriez-vous dévoiler le contenu de votre site ?

L’Observatoire des religions traite d’abord des religions qui sont les plus importantes en France : le christianisme, l’islam et le judaïsme. Evidemment, les autres religions ne sont pas oubliées. L’observation se fait sous l’angle de l’actualité. Par exemple, le concept d’ « islam de France » mis en circulation par Nicolas Sarkozy : que va-t-il en faire maintenant qu’il est président de la République ? Curieusement, on en a très peu parlé pendant la campagne présidentielle.

Les contributions à ce débat dans le site sont déjà très intéressantes. Un autre angle est celui de l’Histoire, évidemment très important pour ces religions qui ont traversé les siècles. Un troisième angle, le plus original, qui va donner sa « couleur » au site, est l’économie de la religion, une discipline née aux Etats-Unis il y a vingt ans, et inconnue en France, où les économistes se sont totalement désintéressés de ces questions, les laissant aux sociologues, psychologues, anthropologues.

J’estime que l’économie, qui dispose d’outils très puissants d’effraction du monde réel, est la mieux placée pour analyser la religion. Je l’ai fait pour la religion chrétienne, avec des résultats que l’on sait, et je m’applique à en faire autant avec le judaïsme et l’islam. Il ne s’agit évidemment pas d’expliquer la religion par l’économie, ce qui serait absurde.

Comment comptez-vous, au fil du temps, compléter son contenu tout en agrémentant votre site ?

Il y aura davantage d’images d’arts sacrés, de musiques sacrées, de reportages, et davantage aussi de débats sur les questions les plus brûlantes.

Le message que vous voulez insuffler ?

Que l’on peut parler de religion sans s’entre-tuer.

Qui consulte votre site ?

Je n’en ai pour le moment aucune idée. En tout cas je le destine aux gens intellectuellement honnêtes et curieux. Curieux surtout.

Quelle est la tendance politique, religieuse ou philosophique de votre site ?

L’Observatoire des religions, site ayant une visée scientifique, n’a aucune tendance.

Quelle est la finalité historique, sociale, économique, politique ou religieuse de votre site ?

Le dialogue entre les religions, et entre les religions et les « non-religions »

Pourquoi avez-vous créé l’Observatoire des religions ?

J’ai enseigné l’économie du droit aux facultés de droit de Nanterre et de Versailles. Du droit à la religion, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi tout naturellement. D’autre part j’ai horreur du fanatisme, de l’intolérance, de la bigoterie, de l’imposture, de l’hypocrisie.

En ayant créé ce site, n’avez-vous pas peur de vous attirer les colères des intégristes de nos trois religions monothéistes ?

Ils n’ont pas besoin de moi pour se mettre en colère.


Votre site semble incomplet : il n’y a aucune adresse postale ou téléphonique... Aucun forum de discussion n’est prévu... Par contre, des personnalités diverses sont invitées à répondre à vos questionnaires, qui sont publiés sur votre site... Est-ce une volonté délibérée de votre part ?

Les sujets étant très sensibles, je suis obligé de contrôler très étroitement tout ce qui se publie sur le site.


D’autre part, à l’heure d’Internet, on peut se passer de téléphone et de poste.

Monsieur Simonnot, vous semblez rester totalement en retrait, puisqu’on ne lit aucun de vos articles... Est-ce également une volonté délibérée de votre part ?

Comme indiqué, dans la page d’accueil, je suis l’auteur de tous les textes non signés. Mais je n’ai pas voulu que l’on m’accuse de nombrilisme.

A mon tour, en guise de conclusion, de vous poser les questions que vous m’avez posées :

- Qu’attendez-vous du président de la République française en matière religieuse (budget des cultes, enseignement, presse, législation.. ?) Et en matière de sectes  ?

- Trouvez-vous que le traitement des religions en France a été équitable au cours du dernier quinquennat ?

- Que pensez-vous de la notion « Islam de France » mise en circulation par le ministre français de l’Intérieur ?

- Voudriez-vous d’un christianisme de France, d’un judaïsme de France...  ?

- Comment situez-vous la France par rapport à ses voisins européens sur ces questions  ?

- Ainsi que vos remarques.

Je répondrai quand l’enquête sera terminée. Je ne veux pas influencer le visiteur.



[1] http://www.observatoiredesreligions.fr

[2] in Bayard, Paris, 2006. Voir à ce sujet :

- la fiche de présentation de ce livre en cliquant directement sur ce lien : http://www.observatoiredesreligions.fr/dernierslivres/livres.html


- la première de couverture en guise d’illustration de cet article.


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