Grippe aviaire : Ce que l’on ne vous dit pas

par citoyen
mardi 23 août 2005

Tandis que l’extension du virus de la grippe aviaire au niveau de l’Europe est annoncée, la polémique enfle autour de la question cruciale de la disponibilité du vaccin. Pourquoi le vaccin ne sera pas disponible en quantité suffisante ? Pourquoi le gouvernement français interpellé reste muet alors même que depuis mai 2005, certaines dispositions sont prises sous le sceau du secret "Confidentiel Défense". Si vous voulez apprendre ce que l’on ne vous dit pas, lisez ceci ...

Foyers de grippe aviaire : l’OMS émet des signaux d’alerte inquiétants

Dans son bulletin n° 28 du 18 août, l’OMS s’inquiète de la propagation du virus H5N1, information aujourd’hui répercutée dans la majorité des médias occidentaux qui jusqu’à présent considérait le problème limité à l’Asie. Cependant, les flambées de la grippe aviaire en Russie au départ limitée à la région de la Sibérie, au Kazakhstan et en Mongolie ont confirmé aux experts que le virus de la grippe aviaire s’est propagé au-delà du foyer initial et ceux malgré la prise de mesures énergiques telles que recommandées par la FAO.

Il convient de souligner que l’expansion du virus, pour lequel il n’existe à ce jour aucune parade sous forme de vaccin disponible pour la population, a causé dans les pays du sud-est de l’Asie de graves conséquences pour l’agriculture dépendant de la volaille. En effet, des millions d’animaux ont du être abattus.

Cependant, le plus inquiétant ne concerne peut-être pas les conséquences économiques, en effet s’il ressort que pour l’instant les mesures prises ont réussi à limiter les contaminations humaines à quelques centaines de cas, l’OMS se montre particulièrement inquiète. Et les mesures prises en Europe confirment ce sentiment.

L’Europe menacée

Du fait de la présence de lieux de production intense de volailles en Europe, l’OMS craint ouvertement une expansion du virus de la grippe aviaire à d’autres pays.

En clair, l’Europe est réellement menacée par la grippe aviaire comme nous nous en sommes fait l’écho. C’est pourquoi l’OMS préconise le respect strict des mesures de protection préconisées par la FAO et OIE.

Seulement, ce que ne dit pas clairement le bulletin n°28, mais que l’on comprend sans mal, c’est pourquoi les mesures drastiques, soit disant respectées en Asie du Sud est, mais qui n’ont pas réussi à limiter l’expansion géographique du virus, pourquoi ces mesures seraient-elles plus efficaces en Europe ? D’autant que le virus du fait de la contamination à l’homme augmente au fur et à mesure ses capacités de transmission interhumaine !

D’autres experts se montrent en effet optimistes en indiquant que l’organisation sanitaire de l’Europe peut facilement limiter la propagation du virus. La transmission interhumaine inquiète l’OMS

L’OMS conclue son bulletin sur le fait que l’apparition d’une nouvelle souche du virus H5N1 marquerait le début d’une nouvelle pandémie mondiale.

Or, l’OMS confirme bel et bien l’existence de transmission interhumaine du virus. De plus, le taux de létalité est également mis en avant par l’OMS comme un facteur aggravant. Il est clair que si l’espoir d’un virus a été annoncé pendant l’été, la problématique est désormais peut-être ailleurs. Si les Etats-Unis ont commandé 2 millions de ce fameux vaccin au laboratoire Sanofi-Pasteur, les experts estiment qu’à "l’échelle mondiale, les capacités de fabrication actuelles (estimées à 300 millions de doses du vaccin antigrippal trivalent ordinaire par an) sont insuffisantes pour répondre aux besoins escomptés au cours d’une pandémie et il est impossible de les augmenter rapidement"

Le manque de vaccin est-il inévitable ?

La question devient donc, comment faire pour produire ces 300 millions de doses, si ce vaccin existe ? Le "hic" de l’affaire c’est, vous l’aurez compris, très certainement une question d’argent et de brevet.

Dans une fiche technique annexée au Plan de lutte contre la "Pandémie grippale" en date du mois de mai, la Direction Générale de la Santé édicte sa doctrine en matière de vaccin.

On y apprend que la production de vaccin nécessite quelques étapes. On se doutait que cela ne ferait du jour au lendemain. Mais on y apprend que dès le mois de mai, les fabricants de vaccins saisonniers disposaient de la souche atténuée du vaccin - étape indispensable - pour fabriquer le vaccin efficace. On se dit c’est bon, le vaccin sera bientôt disponible. Cela est effectivement confirmé puisque cette fiche nous indique que "prochainement une faible quantité de ce vaccin dit précurseur sera disponible pour nos besoins nationaux". Nous voilà donc rassurés ! Depuis le mois de mai le Laboratoire a effectivement annoncé l’existence d’un vaccin efficace sur l’homme. Seulement notre espoir est vite rafraîchi. La fiche technique indique très clairement qu’en dépit des mesures prises pour accélérer les étapes de production du vaccin (dont certaines administratives), le nombre de vaccin ne sera pas suffisant, en conséquence, les personnels soignants seront prioritaires en cas de déclenchement du niveau 3 d’alerte par l’OMS.

Tandis que les médias résument, relayant en cela les experts, cette situation à un cruel dilemme. En effet, pour réussir à produire 300 millions de doses, il faudrait que tous les moyens de production y soient consacrés. Or, ceci reviendrait à devoir renoncer à produire les vaccins pour la grippe saisonnière laquelle fait entre 250.000 et 500.000 morts par an selon l’OMS.

Ce que l’on ne nous dit pas c’est l’estimation du nombre de décès en cas de pandémie du virus H5N1. Pour le moins, il y aura des décès. Combien, voilà l’incertitude. La France se prépare au pire

Vous doutez encore du côté alarmiste de cet article ? Tenez, prenez les mesures prises par le gouvernement français concernant ces décès. Eh, oui !!! il existe bien un document estampillé République française qui prend des "dispositions relatives aux personnes décédées". On nous y indique tranquillement que ces mesures n’ont pas pour objectif de limiter la propagation de la grippe (chacun sait que la grippe s’attrape en respirant, paix aux futurs décédés). Mais alors, pourquoi la Direction Générale de la Santé a-t-elle sorti un tel document ? La réponse nous est donnée dès l’introduction, je cite : "en raison du nombre de décès attendu, il faut mettre en place précocement un système de prise en charge des patients décédés".

On croit rêver, "prise en charge", "patient", "nombre ... attendu" Voilà bien des circonvolutions pour dire que la seule chose à faire sera d’enterrer au plus vite nos proches !

En prolongeant notre lecture, vous verrez ce n’est pas long, deux trois lignes, on est encore plus étonné de constater que ces mesures doivent faire l’objet d’une circulaire interministérielle (Ok, jusque là on comprend : plusieurs ministres vont travailler à l’affaire), mais que parmi les ministères concernés est cité le Ministère de la Défense. Bravo !

L’anticipation du manque de vaccin est tellement fiable, et l’estimation du nombre de décès serait tellement inquiétante, qu’il faut mettre l’armée dans le coup. Mais au fait en quoi consistent ces fameuses mesures ? Eh bien, tout simplement en "une simplification de l’établissement des certificats de décès" pour répondre à la seule urgence du moment, enterrer nos proches.

On découvre alors que tout est prévu, même le risque concernant les transports des vaccins entre les sites de production et les lieux de vaccination. En effet, les transports seront placés "sous escorte des forces de sécurité" dans le cas probable de disponibilité réduite du vaccin. Au cas où, la population prise de panique ...

Le silence du monde politique

Tandis qu’aux Pays-Bas et en Allemagne, des mesures de confinement sont clairement annoncées, ce qui est inquiétant en France c’est le silence actuel des responsables politiques en la matière. Allons-nous revivre le syndrome de Tchernobyl - La France ne risque rien ? La seule organisation politique a avoir réagi pour l’instant c’est le mouvement Cap21 de Corinne Lepage en interpellant le Gouvernement. Il faut souligner cette prise de responsabilité.

Nul doute que la question de la propagation du virus H5N1 est particulièrement inquiétante, mais est-ce une raison pour ne pas dire aux citoyens français ce qui se passe ? Avons-nous si peu de poids dans les prises de décisions ?

Alors si vous estimez que cet article pose certaines problématiques légitimes, n’hésitez, en votre qualité de citoyen, à relayer l’information.


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