L’aiguillette de canard

par C’est Nabum
mardi 3 octobre 2023

 

Un tout autre usage.

 

Nos canards se font du mauvais sang. Un mal sournois s'en prend à « œufs ». Nombre de nos palmipèdes se retrouvent le bec dans l'eau sans même, pour certains, connaître le bonheur de la baignade. Faisant jusque-là une confiance aveugle à leurs éleveurs, surtout du reste les canes blanches, ils doivent enfin ouvrir les yeux sur ce qui se trame dans leur dos.

Un entre-filet dans une presse qui se targue d'un sobriquet éponyme, leur a mis la puce à l'oreille. Il était question d'une aiguille insidieuse qui, semble-t-il, ferait concurrence à leurs aiguillettes. Il y avait tout lieu de mener l'enquête en donnant foi à cette information dont le titre en gras inquiéta grandement la troupe caquetante.

L'espèce essuyait un mauvais grain, il y avait de quoi s'alarmer. Des cochons étaient dans le maïs, porteurs de blouses blanches pour mieux tromper leur monde. Il convenait de faire appel à un spécialiste pour mener l'enquête et ils sollicitèrent le commissaire Magret, un homme d’une intégrité exemplaire.

Leurs canetons, enfants terribles, soumis aux tentations de la publicité des grands groupes industriels, se gavent de granulés sans se limiter. Ils sont ainsi les candidats naturels à la cirrhose du foie, ce mal terrible qui pèse sur la tête de l'espèce comme une épée de Damoclès. Il se murmure également que les canards en liberté dans nos grandes villes ne sont pas mieux lotis puisqu'on les bourre de pain, ce qui nuit grandement à leur santé.

Mais là, n'est pas, semble-t-il l'origine du mal sournois qui fait des ravages dans leurs rangs au point que quelques génocides ont été commis contre leurs congénères. Il sera bon du reste de demander l'avis du commissaire sur l'adjectif « aviaire » qui revient en boucle dans des articles qui ne sont pas dépourvus de coquilles.

La machine se serait-elle grippée pour que le canard supplante l'oie dans ce jeu qui conduit le plus souvent au puits fatal ? Le mal endémique progresse et l'industrie pharmaceutique entend injecter ses bénéfices dans la transformation de leurs aiguillettes en aiguilles stériles pour une injection de masse. À l'approche des fêtes de Noël et de la grande tuerie de masse, les apothicaires entendent ainsi tirer les marrons du feu.

Les canards se confissent en récrimination. Ils aimeraient pouvoir voler dans les plumes de ces apprentis sorciers. Hélas, c'est à leur progéniture que ces gens s'attaquent d'autant plus facilement que dans les élevages, contrairement à ce terme ambigu, les mères canes n'élèvent jamais leurs petits.

Dans la basse-cour, c'est le tumulte, la grande révolte de la gente ailée. La grippe aviaire va conduite à une vaccination obligatoire qui fait bien peu de cas de la liberté individuelle des individus. Il est bien loin le temps béni du petit canard trempé dans la liqueur ou du sobriquet affectueux donné aux enfants, le canard passe à la casserole de la dictature sanitaire, il devient l'ennemi à abattre ou à contraindre.

D'autres jadis passaient leur dimanche à vouloir leur mettre du plomb dans la tête, ils usaient pour cela d'appeaux et de cachettes nommées tonnes. Mais au moins, ils ne s'en prenaient jamais à leurs poussins. Les canards sont en colère mais pas étonnant avec ces humains dont certains, comble de la dérision, sont affublés d'un bec de canard. Il serait bon qu'on le leur cloue au pilori ou à la broche.

À contre-bec


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