La crise de Gaza entre dans les calculs de Biden

par Dr. salem alketbi
vendredi 19 avril 2024

La guerre en cours dans la bande de Gaza affecte-t-elle les chances du président Biden de remporter un second mandat  ? C’est l’une des principales questions que se posent les observateurs, d’autant plus que les États-Unis se sont abstenus de voter sur la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la guerre.

À mon avis, ce qui préoccupe vraiment la Maison Blanche en ce moment, ce n’est pas l’impact que la guerre pourrait avoir sur le résultat de l’élection présidentielle américaine.

C’est la détermination du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à poursuivre son plan d’assaut de la ville de Rafah sans même écouter ou prendre en compte l’avis de l’administration américaine - même si les États-Unis partagent l’objectif d’Israël d’éliminer complètement le mouvement terroriste du Hamas.

Cependant, les États-Unis ne veulent pas qu’Israël subisse les retombées politiques potentielles d’une invasion militaire à grande échelle de la seule ville qui reste dans la bande de Gaza. Ils recherchent des solutions et des issues permettant de maintenir plus d’un million de Palestiniens en terrain neutre avant de procéder à une invasion.

Récemment, les relations israélo-américaines sont devenues un enjeu électoral, et l’insistance de Netanyahou à prendre d’assaut Rafah, même sans l’approbation des Etats-Unis, montre qu’il est conscient de l’impact du facteur électoral sur les choses. Il utilise la menace d’invasion pour exercer la plus grande pression possible sur toutes les parties, sans exception.

Par exemple  : L’administration Biden insiste fortement sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’un accord pour récupérer les otages israéliens enlevés par le Hamas terroriste, y compris des Américains, comme une priorité absolue.

Pendant ce temps, Netanyahou et ses alliés du cabinet de guerre veulent négocier sur les otages tout en appliquant une pression militaire maximale sur le Hamas - et ils considèrent que la poursuite de la guerre est le meilleur moyen d’obtenir des concessions de la part du groupe terroriste.

Il ne fait aucun doute que le processus de négociation a atteint un stade où il est difficile d’imaginer que le Hamas accepte de remettre les otages sans satisfaire ses principales exigences - qui, outre un échange de prisonniers, consistent principalement en une cessation permanente des hostilités, ou au moins une trêve menant à un cessez-le-feu permanent avec des garanties de la part des médiateurs, le retrait des forces israéliennes, le retour des personnes déplacées dans leurs foyers, et la fourniture de l’aide humanitaire nécessaire.

Il est très difficile pour Israël d’accepter pleinement ces conditions. Par conséquent, les deux parties au conflit se livrent à un jeu intense, chacune essayant de forcer l’autre à accepter ses conditions.

Cette position n’aide pas le président Biden, qui semble avoir perdu la capacité d’influencer la crise - comme le montre la lettre publiée dans le New York Times par les principaux donateurs de la campagne de Biden, qui menacent d’arrêter d’injecter de l’argent dans sa candidature à l’élection présidentielle.

Ils considèrent que la détérioration des conditions de vie à Gaza et l’augmentation du nombre de victimes civiles parmi les Palestiniens favorisent la campagne de Trump. Le Premier ministre israélien joue la carte de l’élection présidentielle américaine, tandis que Biden semble incapable de gérer la crise. Les sondages montrent que l’opinion publique américaine a clairement changé.

Selon un récent sondage Gallup, 55 % des Américains n’approuvent pas la réponse militaire d’Israël à Gaza, soit une augmentation de 10 points de pourcentage depuis novembre. Selon ce sondage, seul un tiers des Américains (36 %) approuvent les actions militaires d’Israël à Gaza.

C’est moins qu’immédiatement après l’attaque terroriste sanglante du Hamas le 7 octobre, lorsque la moitié des Américains approuvaient les actions d’Israël.

Le sondage révèle également que les taux d’approbation des mesures israéliennes ont chuté chez les républicains, passant de 71 % en novembre à 64 % aujourd’hui, et que les baisses sont encore plus marquées chez les démocrates, où moins d’un Américain sur cinq (18 %) déclare aujourd’hui approuver les actions d’Israël. Ces sondages révèlent un changement d’attitude.

Mais il est encore trop tôt pour prédire l’issue de la course à la présidence sur la base de ces chiffres, et ce pour plusieurs raisons essentielles. Surtout, la guerre de Gaza n’est pas encore terminée. Ce qui se passera dans les mois à venir, avant le jour du scrutin, pourrait modifier radicalement l’opinion publique américaine.

L’impact des publicités et des messages de la campagne est également un facteur. Pour l’instant, l’administration Biden s’efforce de maîtriser la situation pour éviter qu’elle ne devienne incontrôlable. L’objectif est de gérer la crise de manière à minimiser les dommages politiques potentiels pour M.

Biden. L’abstention lors du vote au Conseil de sécurité des Nations unies visait à améliorer la perception de la situation dans le pays et à l’étranger. Les calculs de la Maison Blanche ont montré que cette résolution non contraignante ne porterait pas préjudice à Israël de manière significative.

Néanmoins, l’abstention des États-Unis ne s’est pas faite sans une tentative de limiter les blessures politiques auto-infligées en soutenant fermement l’allié israélien. Il s’agissait d’un pas en arrière destiné à donner l’impression de faire également pression sur Israël, même si cela ne signifiait pas un réel changement dans le soutien ferme des États-Unis.

Comme l’a confirmé le porte-parole de Joe Biden pour la sécurité nationale, John Kirby, après le vote  : «  Notre vote ne représente pas - et je le répète - un changement dans notre politique ». Il semble que le président américain soit devenu un canard boiteux au cours de sa dernière année de mandat.

Le chassé-croisé constant entre lui et Netanyahou au cours des derniers mois ressemble davantage à une bataille électorale entre les deux hommes - chacun essayant de séduire ses propres bases en apparaissant plus fort dans les relations israélo-américaines.


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