Pourquoi Dieu n’est pas aveugle à nos souffrances, il est très proche de nous ? Pourquoi l’être humain peut devenir pervers, criminel ?

par Hamed
vendredi 19 avril 2024

Qui ne s’est pas posé la question sur son essence, ou « qui est-il ? » Certes, la réponse est « je suis un être humain », mais pas de réponse sur ce qu’il est réellement. Il « est » simplement, il est créé « être » avec des facultés de compréhension humaine. Il est donc humain.
 

Cependant nous savons ce que nous sommes, nous sommes réels, et nous ne savons pas exactement ce que nous sommes. Certains peuvent même dire que nous n’existons pas réellement, bien sûr cela dit en absolu. Et ils n’auront pas tort de le dire puisqu’ils avancent que c’est leur pensée qui leur donne le sens de leur être. Et là, on ne peut les contredire qu’accepter ce qu’ils disent puisque nous-mêmes ne savons pas comment nous pensons. Cependant penser nous suffit pour être. Que ceux qui veulent penser leurs pensées, libre à eux de la penser.
 

L’homme sensé dira qu’ils perdent leur temps, leur pensée ne leur est pas accessible. Donc le sensé a raison en fin de compte de penser que ceux qui veulent penser, libre à eux de penser. Mais le dilemme qui se pose pour l’homme sensé est que lui aussi pense sa pensée, bien sûr tout en étant sensé qu’il n’a pas besoin de trop penser.
 

Mais si nous regardons l’Absolu, entre le sensé tout court ne cherchant pas trop penser et celui qui cherche à penser sa pensée, c’est que tous les deux pensent leurs pensées. Et toujours dans l’Absolu, celui qui disant n’est pas très sensé dans le sens qu’il cherche trop, non pas fou, mais philosophe, cherche à comprendre et se comprendre, est-ce lui qui pense sa pensée ? « Et si c’est sa pensée qui pense en lui ? Et qu’au fond il n’est pour rien, dans le sens qu’il n’est pas fautif pour penser trop, c’est plus fort que lui, il pense sa pensée, il cherche sa pensée, et sa pensée le guide à elle. Dès lors, celui qui perd son temps à chercher – selon le raisonnement du sensé qui se suffit à lui-même – n’est pas mû par lui-même mais par quelque essence en lui qui le commande. Donc il n’est pour rien s’il pense plus qu’il ne doit penser. »
 

Prenons maintenant le sensé qui lui n’a pas besoin de penser, il pense tout simplement, et il pense l’utile, le terre à terre, il est pratique. Il pense tout simplement et surtout qu’il fait, qu’il travaille, qu’il vit bien ou mal, peu importe. Il pense l’essentiel, il peut se remettre en question, il peut même gémir sur soi, il n’est pas heureux, mais il laisse passer, il n’a pas le choix, il relativise ou non, mais cela s’arrête là. La pensée globalement ne signifie rien pour lui. Et nous ne prenons pas en compte celui qui a fait de longues études ou celui qui a fait moins, et peu importe où il s’est arrêté, et peu importe leur échelle sociale (riche, pauvre, de classe moyenne, ou haut placé), tous se sentent très sensés et n’ont pas besoin de pensées profondes sur l’essence de leur être.
 

Dès lors se pose la question entre les sensés qui pensent utile, pratique et les penseurs qui pensent beaucoup c’est plus fort qu’eux. Et cela ne signifie pas que ceux qui pensent beaucoup ne sont pas sensés, bien au contraire ils peuvent être même plus sensés dans le sens qu’ils sont plus sensibles, plus responsables des problèmes du monde. Mais il demeure qu’il existe une différence entre les êtres qui pensent.
 

Nous ne pouvons oublier que la pensée est « une », et elle l’est pour tous les êtres humains de la terre quelle que soit leur race, leur ethnie, leur religion. Tous les êtres humains de la Terre pensent leur pensée, la même pensée pour tous, mais ils la pensent différemment. Et tous les ensembles humains de toutes les races ont cette distinction d’approche dans la pensée.
 

Si on regarde l’Absolu, et si ce que nous avons dit sur celui qui cherche à penser sa pensée, qui est bien sûr sensé et donc « sensé pensant », peut-on le définir ainsi pour le distinguer du « sensé tout court, qui pense utile, qui est pratique », et que même celui qui ne s’embarrasse de questionnement sur sa pensée, ne fait au final que suivre sa pensée. La même question que l’on a posée supra se pose aussi pour lui. Est-ce lui qui pense sa pensée ? Et si c’est sa pensée qui pense en lui ? Et qu’au fond le sensé tout court n’est pour rien, dans le sens que c’est plus fort que lui, il pense sa pensée dans l’utile, dans l’existant pratique, sans chercher à se compliquer l’existence en s’interrogeant sur sa pensée. Il pense tout court. Il est ce qu’il est, ne pense pas comme le pensé pensant. La même approche se pose pour lui. Puisqu’il ne perd pas son temps à penser le superflu, cela signifie que lui aussi n’est pas mû par lui-même, mais ce que la pensée lui intime d’être. Et donc, par quelque essence en lui qui le commande, il n’est pour rien s’il ne pense pas comme le sensé pensant.
 

Ce qui signifie que tant les êtres « sensés pensants » que les êtres « sensés tout court » sont tous deux assujettis à leurs pensées, et qu’ils pensent leurs pensées comme elles leur enjoignent de penser. En clair, ni les êtres sensés pensants ne sont libres de leurs pensées, ni les sensés tout court ne sont libres de leur pensées. C’est comme si la pensée s’adapte à chaque être, et fait d’eux ce qu’ils sont. Et ce point est très important, ce ne sont pas les hommes qui font leur pensée mais la pensée qui fait les hommes.
 

La seule différence, c’est l’approche que fait la pensée en eux, soit elle les fait penser trop soit elle les fait penser moins. Et cette vision de l’être humain est capitale dans la compréhension de notre humanité, de notre évolution. Pour étayer cette approche, prenons, par exemple, un être qui, de la perversité, est devenu criminel. Dans les documentaires d’histoires vraies, souvent des criminels déclarés sains d’esprit, donc responsables de leurs actes par des experts, racontent, en plein tribunal, qu’ils ne savent pas pourquoi ils ont commis leurs crimes. Ou devant l’horreur de leurs crimes, ils se taisent, presque s’ils ne sont pas présents dans les salles de tribunaux. Ces criminels ne sont pas fous, pourtant ils commettent des crimes horribles que la raison n’arrive pas à accepter, et sont jugés par des experts psychiatriques sains et responsables de leurs actes. Mais alors quelle force de la pensée les a amenés à commettre de tels crimes ? Est-ce la pensée qui leur a intimé de commettre des crimes consciemment et même inconsciemment ?
 

La pensée peut-elle être perverse ? Il est évident que la pensée dans l’Absolu ne peut être perverse puisque la pensée est l’essence qui fait vivre, qui fait mouvoir, qui fait penser les êtres humains pour qu’ils puissent, en tant que réalité humaine, posséder toutes leurs facultés pour assurer leur existence. C’est la « pensée » qui ouvre à l’homme le monde et tout ce qu’il y a dans le monde, évidemment à l’échelle de l’homme, et strictement à la nature dont il est pourvu. L’homme ne peut pas savoir plus qu’il ne doit savoir. Mais dans l’homme, il n’y a pas que sa pensée, c’est aussi un corps matériel libre, doté d’une pensée libre, d’une volonté libre, capable de sentiments les plus complexes. L’homme n’est pas seulement « pensée ».
 

Il est évident qu’il relève du Sculpteur et Créateur du monde. L’homme est sa création, et l’humanité et l’univers et tout ce qui y existe ou n’existe pas dont il ne sait rien relève de cette « Instance Suprême du Monde ». Et que l’homme croit on ne croit pas importe peu, il est toujours un « résultat de Création », un « résultat assujetti à sa pensée mais donné libre. »
 

Cependant, avant d’établir ce qui a mû cet être à devenir un pervers sadique criminel, il est bon d’énoncer que l’auteur, dans son concept de la Pensée de la pensée, dans l’Absolu, n’en est pas l’auteur de cette approche. Bien sûr, l’auteur peut paraître extravaguant voire absurde dans sa pensée, mais, dans l’Absolu, n’est-ce pas que c’est ce qui se passe pour chaque être humain. Quel est l’être humain qui peut oser et dire qu’il parle, qu’il pense, qu’il écrit, qu’il fait tout par lui-même ? De lui-même ? Si cet être est normal, conscient de ce qu’il est, il ne peut que se rendre à l’évidence que, bien que c’est lui qui parle, qui pense, écrit, qui agit, il demeure que c’est la Pensée de la pensée qui le fait agir en toute chose. En clair, c’est l’Esprit du monde en lui, Dieu le Créateur qui lui a donné la vie, et peu importe ce qu’il est pour lui et pour ses congénères.
 

Et cette conceptualisation qui lui est venue par son essence d’être, l’auteur la retrouve aussi dans la pensée d’autres philosophes de renom. Par exemple, Aristote, dans le livre de la Métaphysique, consacre lui aussi la pensée qu’elle vient de la Pensée du monde. La notion de la connaissance pour lui n’est pas seulement une représentation du monde, elle est identification du monde. L’être humain ne peut être extérieur au monde, l’extériorité n’est qu’une situation d’existence. Le monde est dans la pensée de l’être. De la naissance à la prise de conscience, la pensée à l’œuvre qui lui fait prendre conscience du monde. L’être humain, en devenant, il est alors une intériorité extériorisée, une pensée pensante le monde.
 

Le cœur de l’analyse aristotélicienne repose dans la « noêsis noêseôs » la « pensée de la pensée », qui ne signifie en fait que l’Esprit du monde, Dieu. Si Plotin a essayé de réfuter Aristote, en affirmant que « l’Un est l’origine absolue du monde, de lui comme principe que sont nés tout ce qui est du monde, et donc tous les êtres, que l’Un n’est ni être ni un être ni ne peut être une Pensée, ni la Pensée de la pensée, que Principe, il est étranger à tout ce qui dépend de lui », il demeure qu’il n’a fait que chercher à être plus aristotélicien que Aristote. Et cela lui a été permis par la pensée de la Pensée du monde.
 

Et qu’en fait, la contradiction avec Aristote n’est qu’apparente, puisque Plotin ou Aristote n’ont énoncé que ce qu’ils avaient en puissance en eux, leurs pensées dont ils ne savent rien et leur venant de la Pensée du monde, i.e. Dieu. L’Un, la Pensée du monde, la Pensée de la pensée des êtres vivants humains ou non, vivant de l’intellect qui réfléchit ou de l’intellect instinctif des animaux ou des plantes sans intellect mais agissent aussi sur l’écosystème par leur essence d’être en eux-mêmes. Donc la Pensée du monde ou l’Intelligence qui créé et régit le monde, et tout ce qui est conceptualisé se réfère au Sculpteur-Créateur de l’univers, i.e. la Puissance divine. Aucun être humain n’est par lui-même, sinon par la Pensée de la pensée dont les humains sont, qui leur permet de s’identifier à eux-mêmes et au monde qui les entoure.
 

Ce point vu, revenons à l’être humain qui a commis un acte pervers, criminel, et combien même il dit qu’il ne sait pas pourquoi il l’a commis, ou ne dit rien, c’est parce que des forces négatives sommeillent en lui, vivent en lui. Et quand un être passe à l’acte criminel, qu’il sait ou ne sait pas qu’il commet un acte malveillant, il demeure qu’il obéit à ses penchants criminels. Et pourquoi ses penchants criminels ? Sinon parce que dans l’existence humaine, il y a l’amour, et l’inverse de l’amour dans le moi, le soi, et tous les sentiments dans les différents moments de son existence, les joies ou les souffrances que l’être humain, les frustrations, les désirs, a accumulés, ce qui fait de l’être humain un composé de bonnes pensées et de mauvaises pensées. Parce que tout ce qui se passe en l’être humain passe par ses pensées et tous les affects de son existence sont mémorisés dans son inconscient. Qui se rapporte aux contextes existentiels à savoir des problèmes de santé à sa naissance, de son contexte familial et social. Et c’est cela qui fera du mal si l’être est resté confiné dans ses pensées négatives.
 

Ainsi, il existe en l’être humain un dilemme. La pensée certes n’est pas perverse puisque c’est elle l’essence de l’existence de l’être humain. C’est elle qui commande toute son existence, c’est elle l’électricité de la vie, y compris l’acte capable de tuer, si la pensée ne vient pas s’opposer à l’acte malveillant, de dissuader le criminel de passer à l’acte. Et ici se pose la question sur les sentiments négatifs du criminel, ce désir de tuer, ce désir de faire du mal.
 

Le premier principe qui régit la vie de l’être humain, et vient en bas, et donc second et entre aussi dans la pensée de la Pensée du monde qui elle est le premier de tous les premiers principes de l’être humain, et qu’il existe dans l’existence ce qu’on appelle le bien et le mal. L’être humain est, dans son existence, plongé dans ce dualisme qu’est le bien et le mal, et la lutte que celui-ci engendre dans l’essence humaine, en sa conscience et inconscience au sein desquelles se livre le combat pour l’existence humainement morale voué au bien. L’homme est « moral d’essence qui est en lui », mais demeure aussi que son conscient et inconscient se trouvent dans un champ complexe délimité entre le bien et le mal. La pensée qui est en lui et sous-jacente à tout acte commandant son être, a besoin de l’instance qu’est le bien et le mal, qui est non seulement nécessaire mais essentielle dans l’existence de l’être humain. La pensée, en tant qu’électricité de la vie, a besoin du conducteur qu’est la vie, mais dans ce conducteur, la pensée a besoin du plus et du moins pour avancer.
 

Et le bien et le mal sont duals, sans le mal, l’essence du bien n’aurait aucun sens. Et si le bien n’aurait pas de sens, l’existence humaine va se « déquantifier », à quoi servirait d’exister si l’existence ne serait que béatitude et même la béatitude n’aurait de sens. Un monde fait uniquement de bien ferait perdre le sens même du bien. Et l’existence humaine pour exister doit avoir des référents, et ceux-ci sont ce qu’est le monde où le bien et le mal règnent en maître. L’instance du bien et du mal fait donc partie de la nature humaine et du monde.
 

Et c’est ce qui fait, par cette instance, les penchants de l’homme bon, ou l’homme mauvais, égoïste. Et là encore, l’homme n’est pour rien, ses penchants sont innés, donc donnés. L’homme ne s’est pas conçu par lui-même, mais a été « conçu » par le Créateur des mondes. Il peut être intelligent, peu intelligent ou simplement normal. Il peut être envieux, méchant, bon, généreux, dur, soumis, tolérant, intolérant, coléreux, anxieux, patient, impatient. Tous ces traits lui sont donnés, et constituent des caractères. Donc, l’homme ne choisit pas son caractère. Il est son caractère, ce qui est propre à lui, il peut être foncièrement bon, comme il peut être mauvais, et entre ces types extrêmes de caractères, il existe une infinité de caractères. Et c’est ce qui les différentie, qui permette aux hommes de vivre en communauté. Les traits de caractères durs, mauvais chez les uns s’atténuent voire même s’estompent au contact des êtres bons qui sont au plus grand nombre.
 

Il existe donc une complémentarité donnée aux hommes dans le vivre ensemble. Et ce dans toutes les communautés du monde. D’autant plus que l’être humain, au-delà de ses penchants et du bien et du mal, a le pouvoir de choisir, de se déterminer par sa conscience du bon et son contraire, du moral et de l’immoral. Le Sculpteur-Créateur, à travers la pensée qu’il octroie à l’homme, a mis l’instance que l’on appelle le libre-arbitre et qui permet à l’homme de réfléchir, de penser son être, à travers le bien et le mal qui est un état de l’existence humaine et du monde, et individuellement ou collectivement à œuvrer pour un même but, qui est le bien.
 

Ce qui nous amène à dire que l’être humain, armé au-dessus de tout de la pensée, de l’état de nature qu’est le bien et le mal, et du libre-arbitre par lequel il se détermine, est un être humain complet, capable de prendre conscience du monde, de « s’identifier lui-même » comme une partie du monde dans ce monde qui est son monde.
 

Si l’être humain devient criminel, il demeure que, quelle que soit la conjecture qui l’a fait devenir ce qu’il est devenu, la seule réponse rationnelle, logique est que tout acte positif ou négatif est inscrit dans son essence. Pourquoi ? S’il n’existait pas de criminel, et là aussi on se réfère au mal, s’il n’existait pas le mal, le bien n’existerait pas. Et l’humanité n’aurait pas de sens pour exister. Par conséquent, l’essence de l’être humain dans l’existence est la lutte constante, permanente du bien contre le mal.
 

Et c’est la raison pour laquelle on a posé plus haut le concept de « sensé pensant » et le « sensé tout court, pensant l’utile ». Le premier pense sa pensée parce qu’il veut comprendre dans son libre-arbitre sa pensée, le second pense aussi sa pensée, sans aller au-delà de sa pensée, de comprendre sa pensée. Par exemple, par son libre-arbitre, le sensé pensant peut être le savant, le chercheur ou l’intellectuel qui réfléchit son être et le monde, et souvent, tout en étudiant la science, quel que soit le domaine étudié, le sensé pensant ne prend pas conscience qu’il est mû par une pensée qui découvre, qui balise la voie du progrès.
 

Par, exemple, Newton, en voyant une pomme tomber, eut l’idée qui permit de conceptualiser les lois de l’attraction terrestre. Ou encore Pasteur, pour ne citer que ses deux savants qui ont fait beaucoup avancer le progrès de l’humanité. Comment Pasteur a découvert le vaccin contre la rage ? Quand on sait que la maladie de la rage, qui, commune à l'époque, était effrayante. Une fois déclarée, elle est inéluctablement mortelle. Qu’a-t-il fait Pasteur ? Il a observé les chiens malades de la rage et a tenté des expériences sur d’autres chiens sains, en leur inoculant le virus de la rage (prélevé de la bave des gueules des chiens malades). Il a surveillé la durée de l’incubation. Cette méthode lui a permis de constater que des chiens traités étaient rendus réfractaire à la rage. Et, essayant une dose de virus moins virulente et répétées sur des êtres humains, touchés par la rage et qui devaient mourir, Pasteur a provoqué un prodige, qui a été de guérir une des maladies les plus affreuses pour les êtres humains.
 

Il est évident que Newton et Pasteur était de formidables « sensés pensants ». Ils ont chacun pensé inlassablement leurs domaines respectifs. Et leurs pensées leur ont souri en les amenant pas à pas à leurs découvertes. Ce qui nous fait dire que les deux savants, que ce soit Newton ou Pasteur, ce n’est pas Newton qui a découvert bien que ce soit lui, mais sa pensée qui a découvert la loi, bien sûr par l’entremise de leur sens humain. Et cela dit évidemment dans l’Absolu. De même pour Pasteur, ce n’est pas Pasteur qui a découvert, bien que ce soit lui, mais sa pensée qui lui a fait découvrir, c’est elle qui l’a amené pas à pas à découvrir. Aussi peut-on dire, dans leur pensée qu’est venue l’« intuition », déjà préparée par leur conscience, par leur recherche inlassable, tant pour Newton dans le phénomène de la chute des corps que pour Pasteur dans la maladie de la rage. On ne peut en disconvenir, et dire que l’être humain est un « tout formidablement organisée », « divinement organisée ». De plus, qu’ont-ils découverts les deux savants ? Si ce ne sont des « processus existants déjà à l’état naturel » sauf que la Pensée de la pensée ne leur avait pas encore divulgué, et ne l’a été qu’à travers l’esprit, la pensée de Newton et celle de Pasteur.
 

On comprend, par ces deux exemples, que, dans l’Absolu, et seulement dans l’Absolu qui n’est pas accessible à l’humain, qu’il n’y a pas de hasard, que tout ce qui est dans l’univers est régi par un principe « ordonnateur » métaphysique suprême relevant du Sculpteur-Créateur des mondes. Et la seule rotation de la Terre, par sa formidable précision et de surcroît dans le « vide sidéral », attenante à aucune force ou soutien visible, uniquement par le seul complexe attractif et répulsif qui lie en équilibre les sphères célestes, est suffisante pour montrer qu’il n’y a pas de hasard, que le monde est divinement structuré. Et, à l’instar du monde matériel, l’existence des hommes, les crimes, les guerres, et tout événement bon ou mauvais qui les traversent ont leur raison d’être. Rien n’est fortuit, tout relève d’une « Raison pure ordonnatrice ».
 

On peut se poser des questions sur les événements et malheurs que vivent les peuples. Par exemple, depuis le Printemps arabe, un tiers de la population syrienne a quitté son pays, suite à la guerre, une partie certes est revenue mais la crise n’est pas réglée. De même, la guerre a fait rage en Libye, le pays est aujourd’hui gouverné par deux exécutifs. Au Yémen, en Somalie, dans les pays du Sahel (Mali, Niger…), et tant de conflits dans le monde ne trouvent pas de solution. La guerre en Ukraine et surtout à Gaza, depuis plus de six mois, et le risque d’escalade est potentiel entre l’Iran et Israël qui veut riposter à son attaque.
 

Dans un certain sens, le monde est en devenir, tout désordre dans l’humanité doit se terminer par un nouvel ordre. Pourquoi ? Parce que le désordre est synonyme de trouble, de chaos, de forces négatives opposant les êtres humains entre eux. Certains au nom d’enjeux, d’intérêts matériels, stratégiques, veulent dominer d’autres, ce qui engendre la lutte pour ceux lésés de leurs droits de se libérer de la domination et recouvrir leur dignité. Les exemples des crises et des guerres sont foison dans l’histoire de l’humanité.
 

Cependant tout développement humain qu’il concerne l’homme ou les peuples relève d’un Principe supérieur, inaccessible, qui ne peut être pensé que par la conscience. Il est intéressant de lire ce que le philosophe français Henri Bergson a écrit, dans son livre « La Pensée et le Mouvant. Essais et Conférences ». On lit page 55. « Le métaphysicien travailla donc a priori sur des concepts déposés par avance le langage, comme si, descendus du ciel, ils révélaient à l’esprit une réalité ultrasensible. Ainsi naquit la théorie des idées platoniciennes. Portée sur les ailes de l’aristotélisme et du néoplatonisme, elle traversa le moyen-âge ; elle inspira parfois, à leur insu, les philosophes modernes. Ceux-ci étaient souvent des mathématiciens, que leurs habitudes d’esprit inclinaient à ne voir dans la métaphysique qu’une mathématique plus vaste, embrassant la quantité en même temps que la qualité. »
 

Mais bien sûr, Henri Bergson n’a pas si bien dit, bien sûr que les concepts déposés par avance dans le langage sont réellement déposés dans l’être humain, « soufflés » par la Pensée du monde dans l’esprit de l’homme. L’homme, au final, n’est qu’un esprit dont l’homme ne sait rien de lui, et il l’appelle esprit venant de l’Esprit du monde, dont il ne sait rien également. Aristotélisme et néoplatonisme, des idées qui ont traversé le moyen-âge, bien sûr qu’ils traversent le moyen-âge, des idées qui viennent des Idées éternelles dont il ne sait rien. Mais bien sûr, ce que dit Henri Bergson, le monde n’est qu’une vaste mathématique embrassant tout de l’infinitésimal noyau de l’atome et ce qu’il contient de nucléons et leurs dérivés jusqu’aux ensembles univers galactiques. Aussi peut-on dire que tout est mathématique dans l’univers et donc dans l’humanité.
 

Page 56 et 57, Henri Bergson développe un sujet sur Dieu. « Qu’Aristote en soit venu à fondre tous les sujets, et à poser comme principe d’explication universel une « Pensée de la Pensée », proche parente de l’idée platonicienne du Bien, que la philosophie moderne, continuatrice de celle d’Aristote, se soit engagée dans une voie analogue, cela se comprend à la rigueur. Ce qui se comprend moins, c’est qu’on ait appelé Dieu un principe qui n’a rien de commun avec celui que l’humanité a toujours désigné par ce mot. Le Dieu de la mythologie et le Dieu du christianisme ne se ressemblent guère, sans aucun doute, mais vers l’un et vers l’autre montent des prières, l’un et l’autre s’intéressent à l’homme : statique ou dynamique, la religion tient ce point pour fondamental. Et pourtant il arrive encore à la philosophie d’appeler Dieu un Être que son essence condamnerait à ne tenir aucun compte des invocations humaines, comme si, embrassant théoriquement toutes choses, il était, en fait aveugle à nos souffrances et sourd à nos prières. En approfondissant ce point, on y trouverait la confusion, naturelle à l’esprit humain, entre une idée explicative et un principe agissant. Les choses étant ramenées à leur concept, les concepts s’emboîtant les uns dans les autres, on arrive finalement à une idée des idées, par laquelle on s’imagine que tout s’explique. A vrai dire, elle n’explique pas grand-chose. »
 

Il est incontestable qu’Henri Bergson a cru comprendre, par sa pensée ce qu’elle a voulu bien lui dire sur Dieu, un Être que son essence condamnerait à ne tenir aucun compte des invocations humaines, comme si, embrassant théoriquement toutes choses, il était, en fait aveugle à nos souffrances et sourd à nos prières, non que le contenu de sa pensée était juste ou faux, et donc ce que la pensée de Bergson lui a soufflé, comme moi, à cet instant je cherche à comprendre sa pensée à travers ma pensée qui est de même nature que la pensée de Bergson. Cependant, au-delà de la justesse de sa pensée, ce que pose Bergson ici est une question que l’on pourrait dire centrale parce qu’elle touche directement la condition humaine, et, à travers celle-ci, l’essence existentielle de l’humain sur terre.
 

Aussi posons-nous la question sur Dieu. Peut-on penser réellement que Dieu est aveugle à nos souffrances et sourd à nos prières ? Et pourquoi le pensons-nous ? Et comment le pensons-nous ? N’est-ce pas que c’est, par son attribut que Dieu nous octroie la pensée ? N’est-ce pas que Dieu est plus proche de nous que nous avec nous-mêmes, par cet attribut qu’il nous octroie et aussi ce corps par lequel nous nous mouvons ? Et qu’on oublie que l’on se meut avec et par nos pensées, et que l’on est agissant par nos pensées et seulement nos pensées qui impactent notre corps ? Que l’on nourrit ou que l’on se nourrit ou que l’on existe, c’est avant tout grâce à toutes les richesses que la Pensée du monde a mises au service de l’homme pour profiter des bienfaits du monde.
 

Et nos souffrances, la doit-on à Dieu, l’Esprit pensant de l’Univers ? Ne la doit-on pas à nous-mêmes ? A nos semblables et à nous-mêmes ? L’Esprit de Dieu a créé l’esprit de l’homme et lui a donné une existence spirituelle et matérielle, donc avec un corps, une pensée, un sens entre le Bien et le Mal et un libre-arbitre, qui sont tous nécessaires dans son existence sinon l’homme ne pourrait exister. Mais qui commet le mal ? N’est-ce pas l’être humain ? Heureusement que ce ne sont pas tous les hommes sinon on tomberait dans le principe de Thomas Hobbes. « L’homme est un loup pour l’homme, ou la guerre de tous contre tous. », (Le Léviathan).
 

Non, la guerre de tous contre tous n’est pas possible, elle enlèverait tout sens au sens existentiel de l’humanité. L’humanité n’a pas été créée pour s’entre-dévorer. Ce sont seulement des visions pessimistes. Il y a certes le combat pour survivre, pour vivre, mais il n’y a pas de combat pour s’anéantir parce que cela n’est pas donné à l’homme sauf si sa pensée l’ait ordonné, et qu’en fait ce n’est pas lui mais son « Ordonnateur » qui l’a décrétée. Où l’homme, en s’anéantissant, n’est qu’un exécutant de sa propre mort, de sa propre disparition. Et c’est cela que les humains doivent comprendre, en particulier ceux qui ont la haute main sur les affaires du monde.
 

Ceci dit, tout être humain conscient de lui-même, logique avec lui-même, comprendrait que son existence terrestre n’est pas aléatoire, qu’elle ne peut se « dilapider » par le mal. Il comprendrait aisément que chaque jour que Dieu fait, que le soleil se lève est un baume intérieur à l’être humain, une renaissance quotidienne de son être, pour son être. Que si les souffrances et les laideurs sur terre sont un passage obligé, il y a aussi le bien, et à défaut du bien, il y a l’espoir qui fait espérer le bien.
 

Tout être humain, libre ou non, quelle que soit sa situation, constaterait que ce processus est inné en nous, et que cette harmonie sur terre qui va, au-delà de ce que nous sommes, nous est nécessaire. Elle est en nous, grâce à notre pensée en notre intérieur qui en témoigne. Surtout que l’être humain n’a pas choisi sa destinée ni n’a demandé à venir sur terre. Il est, il existe simplement.
 

Mais le « Qui sommes-nous en fin de compte nous échappe ? De même, le sens de notre existence nous échappe sinon que nous vivons et que nous égrenons le temps de nos existences selon ce que nous sommes et les vicissitudes l’existence à laquelle nous sommes quotidiennement confrontés. » Mais l’humain est ce qu’il est ? Qu’il soit pauvre ou dans le dénuement complet, ou dans la maladie, l’adversité, il doit savoir que Dieu est près de lui, quelles que soient les vicissitudes, il n’est pas abandonné, et surtout il existe par Dieu, il pense par Dieu. Que la richesse matérielle n’est qu’un paravent, souvent elle cache l’égoïsme, la dureté, voire même l’inhumanité de l’homme qui ne voit que son intérêt immédiat au détriment d’autrui. La richesse et la puissance ne le protège pas du décret de Dieu. « Il ne doit pas oublier qu’il est mortel, et que rien ne dure. »
 

Et c’est cela que l’on ne doit pas oublier. Dieu est toujours près de nous, bien plus prêt que nous le soyons de nous-mêmes, il nous regarde, nous laisse faire, mais « le dernier mot Lui revient. »

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale
Relations internationales et Prospective

 


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