Destituer une candidate ou élire une condamnée
par Jean-Luc Picard-Bachelerie
lundi 14 avril 2025
Toute l’extrême droite, quelques-uns de la droite et Jean-Luc Mélenchon demandent à ce que ce soit le peuple qui tranche lors de la présidentielle 2027. JLM appelle cela une destitution, tandis que l’extrême droite pense que c’est au peuple de choisir son président y compris s’il a été condamné. En bref, ils remettent en cause une loi que les députés, c'est-à-dire, eux, ont votée.
D’un côté Mélenchon parle de destitution. Il ne parle donc pas d’élection qui est son contraire. On ne sait pas trop à quel mécanisme démocratique il fait appel puisqu’aucun référendum n’existe pour destituer… Mais destituer qui ? Un candidat ? La proposition n’est pas claire. La seule chose claire est qu’il veut absolument se retrouver devant MLP au second tour. Donc se retrouver en compétition avec une élue enchaînée à son bracelet. Cela veut dire qu’il veut qu’un élu bénéficie d’une justice d’exception, mais aussi qu’il pense qu’un condamné peut être élu et siéger. Il faudra qu’il explique la conception qu’il a de la démocratie. Sa 6e République commence à faire peur.
Quant à l’extrême droite et la droite, ils font tout pour faire oublier que Marine Le Pen est condamnée à la prison pour détournement de fonds publics à hauteur de 4,2 millions d’euros sur une période de douze années et qu’elle a été la donneuse d’ordre alors même que son entourage l’avertissait régulièrement des risques qu’elle faisait encourir au parti. Ils veulent donc qu’elle puisse se présenter jugeant qu’une présidente de la République pourrait avoir été condamnée pour détournements de fonds publics et gouverner pour servir l’intérêt général. Servir l’intérêt général ou seulement le parti ?
Qu’une chose soit claire : si Marine Le Pen est de nouveau condamnée en appel, elle devrait en toute logique être condamnée à de la prison. L’extrême droite est-elle en train de dire qu’un prisonnier peut être candidat à une élection alors même qu’en toute logique il est déchu au moins temporairement, de ses droits civiques ?
Chacun en appelle à la démocratie, à l’État de droit. Mais l’État de droit c’est une justice égale pour tous. Or, passer par un référendum révocatoire pour un délit pénal ou pouvoir se présenter en étant prisonnier ne relève ni de l’État de droit ni de la démocratie. Il n’y a aucune égalité de droit dans ces propositions.
Destituer un candidat ou élire un prisonnier, n’est pas un dilemme. Les deux solutions détruisent la démocratie !