La gauche doit se réveiller de toute urgence
par Jean-Paul Foscarvel
lundi 21 avril 2025
L’heure est grave.
La guerre, sponsorisée par les grandes entreprises financières afin de leur assurer les butins, est à nos portes. Elle permet la restriction de toutes les libertés et permet toutes les censures.
Le réchauffement climatique est utilisé par l’UE comme levier afin de supprimer les droits des citoyens, droit de se loger, droit de circuler, droit de se chauffer.
La crise sociale en cours, voulue par le système, est sans précédent, une dystopie étant en train de naître sous nos yeux.
Le capitalisme traditionnel, basé sur le matériel, s’est transformé en capitalisme immatériel, où désormais la production de biens matériels au lieu d’apporter des profits confortables, grève le niveau de taux de profit qui explosent grâce à la reproduction sans fin des produits immatériels. Il faut donc supprimer cette partie de la production. C’est le processus en cours qui déstabilise l’ensemble de la planète au profit du triangle High tech – Big pharma – Finance adossé au CMI qui en assure la pérennité. Il faut de toute urgence désindustrialiser, quelles qu’en soient les conséquences. Désormais le turbo-capitalisme sous sa forme immatérielle est devenu un ultra-libéralisme autoritaire, avec en même temps la privatisation de tout et des mesures bureaucratiques sans fin interdisant à peu près tout.
Les pays qui se sont opposés au mécanisme, prôné notamment par le Forum mondial, les démocrates états-uniens et l’UE, se sont vus attaqués par le système jusqu’à la guerre réelle. Le but premier étant d’empêcher l’arrivée du Nordstream, énergie bon marché entre la Russie et l’Allemagne, deux pays l’un aux industries matérielles puissantes, l’autre avec une grande réserve énergétique, qui contrecarraient le plan de désindustrialisation. Pour l’Allemagne, l’opération a entièrement réussi. C’est moins vrai pour la Russie.
La population états-unienne a réagi devant l’effondrement du pays sous perfusion létale démocrate par l’élection de Donald Trump, à la fois traditionaliste et critique du programme de désindustrialisation matérielle. Mais en choisissant Elon Musk, lui-même capitaliste immatériel, le coût de fabrication d’une automobile électrique n’ayant rien à voir avec celui d’une voiture thermique, et en optant pour l’IA à tout prix, il a comme d’habitude des positions ambiguës. Les États-uniens ne sont dons pas encore tirés d’affaire.
En France, la population est soumise à une campagne anti-russe systématique. Face à la crise, voulue, et au mécontentement de la population, il faut un ennemi qui justifiera toutes les coupes anti-sociales. Car si l’on veut désindustrialiser efficacement, il faut également réduire la demande d’objets matériels.
Face à la crainte de déclassement généralisé, le RN est choisi par la population comme antidote, mais c’est un faux ami car en réalité il n’a aucune politique ni sociale ni économique valable. Il accentuera seulement la division entre les victimes du système, entre les "blancs cassés" (par la destruction de l’appareil productif) et les immigrés ou populations non autochtones. À la catastrophe macronienne, il ne fera qu’ajouter une catastrophe supplémentaire, l’éclatement de la civilité française.
C’est là que se joue le rôle de la gauche qui aujourd’hui est en complet désarroi.
Les écologistes ne serviront à rien tant qu’ils seront attachés à des mesures antisociales, tant qu’ils tendront à priver les gens réels de leurs moyens de transport par les ZFE, par exemple, à interdire des logements anciens, à prôner la destruction du patrimoine architectural populaire, avec les petits pavillons et leurs jolis jardinets, remplacés par des cubes de béton sans âme ni flore ni faune baptisés écoquartiers, à remplacer, comme en Espagne, les plantations d’olivier par des champs de plaques solaires désormais propriétés de grands investissements financiers, et sans prendre de mesure réelle du type extension du réseau ferré pour les voyageurs comme pour les marchandises.
Les socialistes sont du côté de l’ultra-libéralisme anti-social, comme on peut le voir à Paris qui devient inaccessible aux pauvres et aux classes moyennes à la fois en termes de logement et de déplacement. Pour les habitants de la banlieue, Paris est devenue une zone d’où ils sont exclus, tout en affichant des discours d’inclusion. Par ailleurs, avec des leaders comme Glucksmann, ils vont entièrement dans le sens de la russophobie, de la guerre et de la destruction sociale qui en découle.
LFI, s’ils sont plus critiques face aux aventures guerrières de Macron, ont généralement abandonné le côté social de la crise pour son côté sociétal, surtout du côté de l’islam. S’il est légitime d’accueillir les populations musulmanes dans de bonnes conditions et des les intégrer au tissu social français, avec leurs apports spécifiques, la condition ne peut pas ne pas en être le respect de la société française et des lois de la République. Les islamistes intégristes et radicaux ne peuvent promouvoir l’extension des lois islamiques à la France. Il y a une lige rouge nette à définir entre la pratique privée de la religion et son extension politique. Ne pas comprendre cela afin de capter des votes peut être considéré comme une faute politique, car faisant cela, ils laissent en friche le côté social et se désolidarisent de ces « blancs cassés » qui, délaissés par la gauche, se tournent vers un leurre.
Par rapport au wok(en)isme, il faut être clair. Autant les droits de chacun sont à promouvoir, le droit des femmes en particulier, toujours attaqué par les traditionalistes qui au nom de la critique de #metoo finissent par légitimer le libre harcèlement de l’homme sur la femme, ou le droit des hommes n’affichant pas leur virilité mis en cause par la violence potentielle que les archéo-machistes peuvent exercer à leur encontre, autant ces droits ne peuvent eux-mêmes empiéter sur celui de ceux qui les respectent. Il s’agit d’un équilibre réciproque à atteindre et la société ultralibérale autoritaire tend justement d’une part à prôner la compétition de tous contre tous tout en interdisant toute discussion, donc tout dialogue. Il s’agit de s’éloigner de ce modèle absurde pour atteindre à un équilibre plus profond qui retrouve la solidarité humaine, la fraternité, au sens de la tolérance vis-à-vis d’autrui, le respect de l’altérité, quelle qu’elle soit. Le modèle de l’identité devrait être abandonné, car en réalité, il n’y a d’identité que dans la différence et notamment vis-à-vis de soi-même. Si je m’accepte en tant qu’autre, je peux d’autant plus accepter l’autre en tant que même au sens humain du terme. Quant au genre, l’anima de l’homme et l’animus de la femme, termes de Gustav Jung, relativisent la virilité et l’éternel féminin, chacun d’entre nous étant intérieurement le mélange de la partie féminine et de la partie masculine, à différents niveaux pour chacun. Cela ne signifie pas qu’il faille changer physiologiquement de genre si l’un domine l’autre en contradiction du sexe physique, lorsqu’on peut s’accepter soi-même ainsi, ni que ce changement ne soit prohibé. Chacun doit pouvoir être libre d’être ce qu’il est en toute conscience.
Le vrai combat à mener est aujourd’hui clair et concerne de toute urgence le social. La transformation radicale du capitalisme en turbo-capitalisme immatériel menace l’ensemble de la population hormis l’oligarchie qui dirige ce changement. Elle a peu de temps pour le faire, car les profits immatériels sont eux-mêmes en train de diminuer en termes de taux, du fait de la concurrence et de la diffusion des connaissances (car en réalité il s’agit de la captation des connaissances humaines par des mégapoles capitalistes comme Alphabet (Google), Pfizer, ou Bayer par exemple). Il leur faut donc agir au plus vite.
D’où le recours à la guerre qui a pour but non seulement d’affaiblir la Russie (échec total pour le moment) mais aussi de justifier les mesures de destruction sociale en cours dans l’UE et particulièrement la France.
La priorité pour la gauche, la vraie, populaire et sociale, est donc de dire non à la guerre et aux destructions sociales en cours, que ce soient les retraites, les coupes sur la santé, l’éducation, la justice, les transports, le logement, et en parallèle d’instaurer des taxes sur la production immatérielle, c’est-à-dire pour les entreprises à très hauts taux de profits avec un nombre restreint d’employés et de stopper toutes les mesures discriminatoires anti-pauvres que proposent pour le moment les écologistes et l’UE.
Quant à l’énergie, de toute urgence rétablir les ponts avec la Russie pour le gaz et dans le futur par exemple développer une filière au thorium, des transports électriques via les trains de marchandise et redéployer des lignes pour les usagers. Bien d’autres idées seraient à développer bien entendu
Pour cela, il faudrait retrouver une vision claire de ce qu’est devenu le capitalisme afin de savoir lutter contre efficacement au lieu de répéter des actions désormais inutiles ou obsolètes sans connaître les nouveaux mécanismes d’enrichissement du système, voire de devenir colinéaire à lui en servant directement ses intérêts tout en croyant, ou feignant de le croire, s’opposer à lui.
En ce sens, il faut bien un Nouveau Front Populaire, mais qui sache créer une réelle vision et face à qui et à quoi il doit lutter. Sinon, il s'enfoncera, comme actuellement, dans les marécages de ses compromissions.